L’heure est grave gravissime et la lucidité la plus élémentaire semble nous avoir quitté·e·s…
En ce début 2022, je devrai sans doute me réjouir de voir éclore une nouvelle année, de nouvelles opportunités, de nouveaux possibles. Joie, santé et bonne humeur ! Ou dans la version la plus « business as usual » succès, réussite et richesse ! Non, ce que je préfère souhaiter cette année c’est lucidité, liberté et souveraineté ! Tel un mantra, ces trois éléments devraient tourner dans nos têtes écologistes et effondristes et faire battre nos cœurs pour que l’impossible devienne possible.
Hélas, c’est plutôt une forme de consternation – mélange de sidération et d’agacement – qui me pèse et m’attriste. Afin de m’en libérer, de m’en soulager, de m’en délester, je vous la partage ici-même. Sympa, le cadeau, le fardeau !
Trois œuvres culturelles récentes – le culotté Matrix 4 de Lana Wachowski, le génial Don’t look up! d’Adam McKay et le brillant récit d’anticipation, Les déliés de Sandrine Roudaut – illustrent parfaitement la stupeur qui me gagne et l’hérésie de l’hallucination collective qui nous anime collectivement ou plutôt qui nous sépare, nous éloigne – encore un peu plus – les un·e·s des autres individuellement. La crise sanitaire actuelle… oups, la guerre contre le Covid est hélas un formidable révélateur de l’état actuel de notre société. Lorsque la novlangue règne et qu’elle fait de plus en plus d’adeptes, y compris dans notre propre camp, la lucidité se métamorphose en complotisme, la liberté la plus légitime se transforme en irresponsabilité et notre souveraineté délaissée se mue en danger (pour le Système en place) ! De la même manière, là où il serait si tentant d’acclamer avec enthousiasme le succès du film produit par Netflix ou de nous passionner pour l’aventure de la Primaire populaire, j’y vois ici aussi, non pas un « déni cosmique », mais un déni de lucidité.

Deux prochains articles viendront expliquer pourquoi notre conception de la liberté est erronée et comment nous avons abandonné notre souveraineté.

Concentrons-nous pour l’instant sur cette nécessaire et ô combien vitale lucidité ! Examinons, si vous le voulez bien, comment notre manque de lucidité fait le jeu du Système dominant. Si cet état de fait s’observe bien entendu globalement au sein de notre société, il nous affecte plus particulièrement au cœur même de la grande famille écologiste, parmi les personnes les plus conscientes de la gravité de la crise écologique actuelle. Et c’est ça qui m’a sauté aux yeux de manière explosive dans la bascule 2021-2022. Pour démontrer cette cruelle réalité impactant inévitablement l’efficacité de nos actions, décortiquons les 3 exemples que je viens de citer : la crise du Covid, l’analyse métaphorique du film Don’t Look Up et la campagne de la Présidentielle 2022 avec l’initiative de la Primaire Populaire. Si ces 3 exemples peuvent à première vue n’avoir aucun lien entre eux, ils sont bel et bien liés puisqu’ils illustrent merveilleusement comment l’abandon de notre lucidité est un formidable cadeau au Système politico-économico-financier (l’influence s’exerce dans le sens inverse : finance > économie > politique) qui gouverne le monde. Le grand vainqueur est toujours le même et la conclusion sans appel, celle-là même qu’il s’évertue à imprimer au fer rouge dans nos boîtes crâniennes : « Il n’y a pas d’alternative ! » À tel point que bon nombre d’entre nous finissent par en être persuadé·e·s…


Covid : ne perdons pas notre clair-voyance !

La lucidité est un garde-fou. Dans l’époque trouble et sombre que nous vivons déjà – cela risque fort d’être encore pire demain, dans un avenir chaque jour un peu plus proche, un peu plus palpable – il est absolument essentiel de rester clair-voyant ! Y voir clair n’est certes pas chose aisée aujourd’hui, mais garder un esprit critique me semble d’une nécessité impérieuse. Pourtant…

Le Covid a rapidement atteint un niveau de clivage d’une extrême violence – abondamment cultivée par nos gouvernant·e·s et les médias complices qui ont très vite opposé le civisme des un·e·s à l’irresponsabilité des autres. Les premiers·ères étant de bon·ne·s citoyen·ne·s, les second·e·s représentant un danger pour la population. Et la sortie complètement surréaliste d’Emmanuel Macron, qui se fait toujours un malin plaisir de souffler sur les braises, renforce encore cette opposition devenue si profonde que certain·e·s ami·e·s se sont brouillé·e·s à jamais et que d’autres préfèrent tout simplement ne plus évoquer le sujet qui occupe la quasi-entièreté de l’actualité depuis deux ans !
Que la population dans sa globalité soit divisée, voire fracturée pour le moins brutalement, est déjà bien triste. C’est une belle victoire, un réel motif de satisfaction de la tâche bien accomplie, pour le Système dominant actuel.
Mais, à y regarder de plus près, cette victoire est encore plus cruelle et préoccupante à mes yeux, de manière a priori inespérée et non préméditée – quoique – pour nos gouvernant·e·s et les oligarques qui les manipulent. Car, le Système dominant a dans sa folie machiavélique réussi un sacré tour de force, celui de créer un clivage tout aussi profond au sein même des personnes éveillées à la catastrophe écologique et à l’effondrement… Si bien qu’aujourd’hui, certain·e·s d’entre nous reprennent texto, sans aucun filtre, les arguments du Système (complotisme, irresponsabilité…), qu’ils·elles combattent d’habitude, pour les opposer à celles et ceux qui gardent la même méfiance et le même esprit critique vis à vis de l’ensemble des décisions et actions de cette méga-machine mortifère, suicidaire et écocidaire, qu’il s’agisse de santé ou d’écologie, d’anéantissement du vivant et d’effondrement civilisationnel. J’ai pu le constater à trois reprises dernièrement : lors d’un post facebook partagé à la sortie de Matrix 4, d’un échange tendu dans le cercle familial le lendemain de Noël et dans le cadre des discussions qui animent un mouvement militant engagé auquel j’appartiens.

Je reconnais n’y être pas allé avec le dos de la cuillère – un petit clin d’œil à Neo – avec la radicalité qui anime mon âme de rebelle amoureux du vivant. J’adopte volontiers un côté provoc clairement assumé, je ne sais pas faire dans le consensuel qui arrondit les angles. Alors, forcément, comme toujours, je m’attendais à recueillir des feedbacks contrastés avec d’un côté celles et ceux qui allaient abonder dans mon sens et inévitablement des réactions vives de personnes qui se sentiraient concernées. Là où j’ai été surpris, voire abasourdi, c’est par la réaction outrée d’une personne éveillée qui est allée jusqu’à me taxer de complotisme… Cela a eu le mérite de me mettre la puce à l’oreille.

Et comme j’ai vécu une altercation plutôt vive, toujours à propos du Covid – et surtout à mes yeux de la gestion qui en est faite par le Système dominant – deux jours plus tard, avec l’une des personnes les plus engagées sur le plan écologique de mon cercle familial, je me suis dit qu’il y avait clairement un phénomène dont je n’avais pas encore pris conscience. Il est vrai que, online comme offline, nous évoluons souvent dans des bulles affectives et relationnelles. Ainsi, sur les médias sociaux, nous partageons quelques fois des avis avec des personnes qui ont le même prisme. De la même manière, entre membres de l’écologie la plus radicale/vitale et effondristes, nous avons souvent la même lecture des travers de notre société. Autant dans le premier cas, c’est un défaut direct lié au fonctionnement des algorithmes sociaux – adieu sérendipité ! – autant dans le second, c’est souvent une bouffée d’oxygène réconfortante et salvatrice, non nous ne sommes pas tou·te·s seul·e·s à nous être éveillé·e·s et à voir la vie ainsi.
Enfin, de récents échanges pour le moins animés ont également secoué les derniers jours l’outil de discussion d’un mouvement très engagé sur l’effondrement. Cette concordance m’a directement conduit à en tirer un enseignement utile, celui que je partage ici avec vous.


Et si la peur de la mort nous faisait perdre toute lucidité…

Rappelons brièvement l’évidence qui semble aujourd’hui, étrangement, échapper à certain·e·s.
Le Système dominant actuel – pour faire simple la finance, l’économie et le monde politique – est viscéralement destructeur du vivant -non humain – sur Terre, profondément injuste avec nous autres – humains – dans la considération qu’il accorde aux plus riches par rapport aux plus démuni·e·s et tout sauf démocratique. Les personnes qui nous dirigent, en France comme ailleurs, ne servent que leurs propres intérêts et, dans un retour d’ascenseur, ceux des puissant·e·s qui les font rois et reines. Leur unique objectif est d’alimenter la méga machine extractiviste, productiviste, consumériste et « déchetiste » qui anéantit la vie et aliène les humains. Ces personnes ne se sont pour ainsi dire jamais souciées de nous et de notre santé, physique ou psychologique. Et encore moins de la gravissime altération des conditions d’habitabilité de notre grande maison et du sort des autres habitants de notre planète.
S’il en était autrement, y aurait-il encore, entre autres, autant de sans-abris dans les rues de nos villes ; des inégalités toujours plus criantes, écœurantes et inacceptables entre les méga-riches et les super pauvres ; 62 000 décès prématurés par an en France (contre environ 60 000 morts « officielles » du Covid en 2020 et 2021 et 9 millions par an dans le monde, soit autant que la faim, contre 5,5 millions en 2 ans pour le Covid) liés à la pollution atmosphérique qui touche toutes les tranches d’âges ; des manifestant·e·s pacifistes roué·e·s de coups, bousculé·e·s, écrasé·e·s, gazé·e·s et éborgné·e·s gratuitement par nos forces de l’ordre avec l’aval du gouvernement et du Président ; un manque cruel de moyens dans l’hôpital public (100 000 lits supprimés en 20 ans, tendance qui s’est encore aggravée depuis le début de la crise sanitaire… et si !) ; des lois toujours plus autoritaires et liberticides avec un flicage et un fichage toujours plus généralisé ; autant de décisions délétères et toxiques pour l’ensemble des écosystèmes et des êtres qui les peuplent (encore) et pas la moindre action de restauration ?

Alors, pourquoi donc accorder soudainement une confiance a priori totalement aveugle à ce Système sous prétexte qu’il se soucierait – une fois n’est pas coutume – de notre santé ?

« Le bien-être du peuple en particulier a toujours été l’alibi des tyrans, et il offre de plus l’avantage de donner bonne conscience aux domestiques de la tyrannie ». – Albert Camus, Hommage à un journaliste exilé (1955)

Cette lumineuse citation illustre parfaitement ce qui se joue aujourd’hui, sous nos yeux. Le plus troublant, encore une fois, c’est d’observer cette tendance dans les rangs des personnes les plus conscientes et soucieuses de la gravité de la crise écologique et systémique actuelle. Et ce malgré le climat de psychose collective absolue habilement créé par le pouvoir et abondamment relayé et cultivé par les médias de désinformation continue. Ou est-ce justement cette peur – de la mort, mais aussi du virus, de l’autre, celle d’être contaminé·e, celle de le transmettre à l’autre, voire de le tuer… – savamment distillée qui a fait basculer certaines des personnes les plus critiques. Ah, cette peur ancestrale… l’agiter est diabolique ! Quelle chance est la mienne d’y être hermétique. Déjà séduit par la philosophie épicurienne du Carpe Diem – profiter de l’instant présent, ici et maintenant – je me retrouve parfaitement dans l’analyse brillante de la mort que nous propose le grand sage grec.

« La mort n’est rien pour nous, car quand nous sommes, la mort n’est pas là et, quand la mort est là, nous ne sommes plus. »
Épicure

Notre propre camp de militant·e·s écologistes/effondristes, de rebelles, d’animalistes, antispécistes et autres amoureux·euses du vivant se retrouve contaminé, non pas par le Covid, mais par la peur avec par conséquent le même clivage violent. Ainsi, la panoplie des fameux gestes « barrière » avec notamment la « distanciation » sociale ne choque pas celles et ceux qui parmi nous ont succombé à la pression de la psychose collective. Le « civisme » leur semble respectueux de l’autre et donc indispensable. L’obligation vaccinale nécessaire… au point qu’il devienne acceptable d’emmerder les non vacciné·e·s ? Tout comportement différent, alternatif ou même, allons-y gaiement, « divergeant » – anti-masque ou anti-vaccin – leur paraît complètement « irresponsable ». Soudain, la docilité semble avoir disparue lorsqu’elle est partagée, la prudence et la méfiance suspectes lorsque la peur est vivace. Le caractère incroyablement liberticide des mesures prises et imposées à la population n’est même plus une question au vu de la gravité (supposée) de la crise sanitaire. Quant à imaginer que la situation actuelle puisse constituer une formidable opportunité pour le Système dominant de mettre le monde sous cloche, de museler, manipuler et diviser la population, de renforcer l’individualisme de notre société en éloignant encore un peu plus les individus les uns des autres, tout en faisant passer des lois toujours plus autoritaires ou d’enrichir honteusement les laboratoires de Big Pharma, n’y pensez même pas ! Ne seriez-vous pas complotiste ?

Pourtant, le Système a déjà à maintes reprises utilisé les mêmes grosses ficelles de désinformation et de division. Ces mécanismes sont connus et parfaitement explicités dans les documentaires Propaganda – La fabrique du consentement, stratégie bien huilée de conditionnement sociétal – ou plutôt de manipulation collective – dans lequel Edward Bernays excella, et La stratégie du choc théorisée par Naomi Klein. Sans parler des multiples cas de compromission de scientifiques grassement payés par les industries du tabac ou du pétrole pour en limiter les impacts dans leurs déclarations. Avez-vous vu cet autre documentaire signé Arte, La fabrique de l’ignorance ?
Et pourtant, rien n’y fait, la peur de la mort est puissante, irrationnelle. La réflexion de l’agent Smith dans Matrix 4, partagée dans mon post Facebook, selon laquelle les humains aiment être des moutons gouvernés par la peur – consciemment ou inconsciemment, peu importe finalement – est donc un élément d’explication potentielle, bien que personne n’aime être qualifié de mouton. C’est d’ailleurs une excellente occasion pour moi de souligner la dimension idiote, cruelle et mensongère de l’utilisation abusive d’expressions imagées associant nos comportements bassement humains à des caractéristiques supposées de tel ou tel animal non-humain. Le philosophe Frédéric Lenoir souligne judicieusement ce point dans le très beau film La Terre vue du cœur à propos de la soi-disante bêtise de l’âne, animal très intelligent. Et n’oublions pas que bon nombre de non humains sont plus intelligents que nous dans bien des domaines.

Puisse ce quatrième documentaire Big Pharma. Labos tout-puissants diffusé lui aussi sur Arte (mis à disposition gratuitement par la chaine sur YouTube jusqu’au 24 janvier 2022 et directement visionnable ci-dessous) éclairer la lanterne des plus sceptiques ! Comme le dit l’un des intervenants en intro, le souci principal de l’industrie pharmaceutique est la rentabilité, l’actionnaire et non le malade… Scandales sanitaires à répétition, explosion des prix pour maximiser les profits, corruption généralisée des médecins et conflits d’intérêt au plus haut niveau, ce documentaire fait une démonstration édifiante de la puissance des principaux laboratoires pharmaceutiques et de l’inquiétante dérive de leurs pratiques. Hélas, pour bon nombre d’entre nous, il est absolument hors de question d’imaginer que ces pratiques puissent concerner également les précieux vaccins contre le Covid… car là, vous comprenez, c’est différent ! Ah bon ? Les dernières minutes du documentaire évoquent justement la question et les passe-droits obtenus par le laboratoire Gilead pour le fameux Remdesivir au tout début de la pandémie.


… ou est-ce notre soumission naturelle à l’autorité ?

Totale dévotion à la vaccination miraculeuse, respect strict des décisions gouvernementales et reprise de la propre novlangue du Système… la question que je me pose sincèrement est comment un tel tour de magie a-t-il bien pu se produire ?

Et si une autre explication de ce phénomène étrange à première vue s’expliquait par la célèbre expérience de Stanley Milgram ? Et si, au-delà même de nos convictions et préoccupations, nous étions victimes, malgré nous, de la puissance de la soumission à l’autorité – scientifique, politique – par nécessité – notre devoir de citoyen, notre civisme – car il faut bien en finir avec ce virus et retrouver une vie « normale ».
C’est ce que souligne judicieusement ZIA dans le roman Les Déliés de Sandrine Roudaut. ZIA est le nom de la troublante Intelligence artificielle arrivée au pouvoir, en sa qualité de dernier rempart à l’extrémisme (« populisme » en novlangue qui en plus de dévoyer et pervertir des notions nobles et vertueuses, se permet tout y compris les raccourcis ou interprétations erronées puisque le populisme est à l’origine un terme utilisée pour qualifier une partie de la gauche et en aucun cas l’extrême droite !). Certains rebelles ont œuvré en secret pour la paramétrer selon les critères les plus exigeants par rapport à la préservation du vivant. D’avantage que le protocole et les résultats de l’étude parfaitement rappelés par ZIA, c’est l’analyse qui en est faite que j’ai trouvée lumineuse et qui pourrait expliquer ce que j’ai observé dernièrement.

« Un savant à l’éthique questionnable certes, mes encodages de garde-fous moraux se sont affolés aux vues du protocole qu’il imagina. Il est vrai que pour sonder la deshumanité il l’a lui-même utilisée. Mais c’est une étude essentielle à la connaissance. Et en termes d’éthique la science a fait pire… Il est dans tous les cas malhonnête que les enseignements de cette étude ne soient pas connus de tous. C’est une base à la connaissance de soi, du nous, un barrage à la deshumanité peut-être. Ainsi rectifions ce malheureux oubli sans plus tarder… Le professeur Milgram veut savoir jusqu’où une personne est prête à aller, placée sous les ordres d’un chercheur. Dans son étude, les sujets, ses cobayes, pensent participer à une expérience scientifique étudiant l’effet d’une sanction sur l’apprentissage humain. Le sujet arrive au laboratoire, y retrouve un autre prétendu sujet, en fait complice de Milgram. Le professeur Milgram explique que celui qui tiendra la place de « l’enseignant » devra envoyer une décharge électrique croissante à chaque erreur commise par l’apprenti « victime » assis dans une autre pièce. À ce stade aucun des sujets ne proteste. Un tirage au sort truqué est effectué pour que le sujet/cobaye se retrouve « enseignant » et que le complice joue la « victime ». La décharge est factice, mais celui qui doit l’envoyer l’ignore. Le sujet devra actionner l’un des quinze commutateurs portant des intitulés progressifs de 45 volts « Choc grès léger » à 450 volts « Choc extrême : danger ». Pendant l’expérience, parvenu à 300 volts la victime frappe contre la cloison, à 315 elle arrête de répondre et de frapper, comme si elle avait perdu connaissance. En dépit de cela le sujet peut continuer jusqu’à 450 volts.
Combien furent-ils ? Combien à administrer non pas une petite décharge mais à aller jusqu’à la décharge maximale ? Les quarante psychiatres interrogés avant l’expérience avaient estimé le pourcentage de gens capables de le faire. Rappelons que cette expérience eut lieu après l’holocauste, ce qui leur donnait un éclairage inquiétant sur la soumission à l’autorité. Pourtant ces psychiatres estimèrent qu’en dehors des cas pathologiques (0,2%), au-delà d’un certain seuil tous les sujets refuseraient. Nous en fûment loin… Alors que rien ne les y obligeait si ce n’est une blouse blanche, alors que rien n’attestait ni de la compétence du scientifique ni du bien-fondé de l’expérience… ils et elles furent 65% à envoyer la décharge maximale de 450 volts « danger »…

Donc en toute connaissance d’un risque mortel probable. Mais avec la décharge préalable que leur responsabilité légale n’est pas engagée. »

Comme le démontre l’intelligence artificielle dans ce roman d’anticipation, l’étude a été reconduite avec plusieurs milliers de personnes dans plus d’une quinzaine de pays et de nombreuses variantes ont été testées. La conclusion est la suivante : nous sommes conditionné·e·s pour obéir, non à un ordre, mais à une autorité. Dans chaque configuration historique telle les camps de concentration ou la collaboration pour rester dans le cadre de la Seconde Guerre mondiale, différentes typologies d’individus se distinguent : les Résistant·e·s (qui portent particulièrement bien leur nom ici) qui agissent par idéalisme en opposition à un système idéologique et les Refusant·e·s sans projet politique mais qui refusent de commettre un acte qu’ils ou elles jugent inhumain. Cette 2ème catégorie gonfle la proportion d’individus capable de « trèshumanité », néologisme utilisé par Sandrine Roudaut sous les traits de ZIA. Quant à la 3ème catégorie, les Exécuteurs capables de « déshumanité », ils et elles ne sont pas pour autant des bourreaux sauvages et insensibles.

« Tout le monde, absolument tout le monde, ressent ce conflit interne au moment d’exécuter un ordre dans l’expérience de Milgram comme pendant la Guerre. La boule dans la gorge, le mal au cœur, la panique, le malaise, tout le monde l’a. C’est l’expression d’un conflit en soi, un conflit entre deux dispositions naturelles très profondes. D’un côté : ne pas faire souffrir un être humain, de l’autre obéir à ceux qui détiennent l’autorité. Chez quelques-uns, quelques-unes, la conscience met son véto rapidement. C’est simple. Ils sortent de ce conflit en désobéissant, ce qui les met en accord avec leurs valeurs. Résistants et Refusants ils sont là nos trèshumains. Mais pour la grande majorité commence une négociation pénible avec eux-mêmes. Si une majorité obéit ce n’est pas sans problème de conscience. Ils souffrent de leurs actes mais ils sont incapables d’agir en accord avec leur conscience. Entre obéir à ce qu’ils ressentent et obéir aux ordres, ils choisissent les ordres. Ou plutôt ils choisissent l’autorité. Qu’ils soient en conflit intérieur montre que notre éthique, cette humanité, nous met en garde mais ne nous protège pas du pire. Il y a négociation intérieure. Les déshumains n’agissent pas aveuglément ni par cruauté. Ils résolvent le conflit en ne s’estimant plus responsables de leurs actes, le contrôle en est pris par une autorité plus élevée. Ils se voient comme des « agents » obéissants, consciencieux. La loyauté devient leur éthique. Plus l’acte est éprouvant et plus ils prouvent leur loyauté. À l’inverse, les quelques « rebelles » de l’expérience de Milgram se sentent pleinement responsables de leurs actes, même si le professeur leur affirme qu’ils ne le sont pas légalement.
… Il faut une bonne raison de suivre l’ordre plutôt que de suivre ce que notre cœur nous dicte. Une bonne raison pour faire taire cette petite voix qui nous alerte. Une raison « suffisante » pour étouffer notre intuition. Il nous faut… une nécessité.
»

Et comme le dit ZIA, c’est le Système qui convainc les exécutant·e·s de cette nécessité. Ces derniers·ères se sentent alors obligé·e·s de le faire… tuer les détenu·e·s dans les camps de concentration pour protéger le peuple allemand de la menace juive ou participer à la destruction du vivant pour sauver un modèle économique, des emplois, maintenir nos niveaux de vie, faire tourner nos usines… Ce rapprochement, ce parallèle est très pertinent dans le livre. À la lecture de ce passage aussi perturbant qu’éclairant, alors même que je venais de vivre ces échanges qui m’avaient surpris, j’ai immédiatement pensé à ce qui se joue aujourd’hui avec le Covid et la gestion ahurissante de la pandémie par nos politiques. Et si finalement, la fameuse expression d’Emmanuel Macron « Nous sommes en guerre ! » répétée, ressassée, martelée, qui semblait improbable, maladroite, déplacée, lors de son discours annonçant le confinement, était bien au contraire totalement maîtrisée… À l’entendre il nous fallait nous défendre, il fallait nous protéger et tout tenter pour vaincre ce satané virus. Et récemment, ce n’est sans doute pas un hasard non plus s’il a dit avoir très envie d’emmerder les non-vacciné·e·s qui sont irresponsables et qui par conséquent ne seraient plus des citoyen·ne·s… La vaccination est présenté depuis le début comme un devoir de citoyen·ne, une nécessité absolue pour vaincre le virus.

Mon erreur de jugement pourrait trouver ici un éclairage somme toute assez logique. Spontanément, j’aurai imaginé que les personnes éveillées sur le plan écologique et sur celui de l’effondrement de notre civilisation appartiendraient tout naturellement à la catégorie des Résistant·e·s ou éventuellement à celle des Refusant·e·s. En fait, certain·e·s pourraient parfaitement faire partie, malgré elles et eux, de la catégories des exécutant·e·s qui accompliraient leur devoir de citoyen·ne dans notre guerre contre le Coronavirus.
Cela expliquerait peut-être pourquoi dans le cas de la pandémie actuelle, la confiance en la science – et donc aux vaccins produits par les labo avec la validation d’une bonne partie du corps médical – l’emporterait (y compris chez les écolo-exécutant·e·s) sur le doute parfaitement légitime et la méfiance tout à fait naturelle vis à vis d’un nouveau vaccin, sorti en un temps absolument record, quant à son efficacité, sa dangerosité éventuelle ou tout simplement son unique objectif de rentabilité économique pour les labos.
Le souci c’est que la supercherie commence à se voir. Les vaccins ne semblent efficaces – s’il le sont – que pour les personnes les plus à risque (plus de 65 à 70 ans en situation de co-morbidité), mais en aucun cas pour la totalité de la population. Ces vaccins pourraient même être inefficaces dans la circulation du virus (dixit la Directrice en charge de la gestion des risques infectieux à l’OMS), provoquer plus de risques indésirables que l’ensemble des médicaments confondus (110 000 contre 45 000 selon la Directrice générale de l’ANSM, l’Agence Nationale de la Sécurité du Médicament et des produits de santé). Quant à l’ancien Monsieur Vaccin en Grande-Bretagne, il a récemment appelé à l’arrêt de la vaccination de masse en invitant ses compatriotes à apprendre à vivre avec le Covid comme avec la grippe. L’animateur André Bercoff a sollicité le 11 janvier 2022 le Professeur – et rebelle – Didier Raoult au micro de Sud Radio pour le faire réagir à ces différentes prises de position – difficilement taxables de complotisme puisque leurs auteur·e·s appartiennent au Système actuel – et connaître son sentiment sur la vaccination. Le microbiologiste spécialiste des maladies infectieuses (on aurait tendance à l’oublier tant il a été vilipendé par les personnes qu’il dérangeait) et Directeur de l’IHU Méditerranée Infection de Marseille indique au cours de cette interview que le vaccin, loin de protéger, multiplie au contraire les cas de personnes infectées et ce malgré 3 ou 4 doses. Selon Raoult, croire – et continuer de faire croire – aujourd’hui à l’efficacité des vaccins relève non plus de la science, mais de la religion… Et dire qu’en ce moment même la loi sur le Pass vaccinal est à l’étude dans les deux chambres de notre Parlement !

Tel le Système dominant, ces écolo-exécutant·e·s pourraient parfaitement soutenir – certain·e·s l’ont déjà fait – que la vaccination est le passage obligé, « quoi qu’il en coute » et peu importe le nombre de doses. Et si le civisme impliquait de porter une combinaison intégrale, ces écolo-exécutant·e·s… s’exécuteraient comme la majorité de la population, sans même y réfléchir. Après tout, il y en a qui rêvent bien de vivre sur Mars… Savent-ils·elles que c’est impossible sans revêtir un scaphandre ?
Car, vous comprenez, tous les moyens sont bons et recevables pour en finir avec le Covid et retrouver notre si précieuse « liberté ». Je reviendrai sur cette prétendue liberté dans mon prochain article pour la décortiquer au travers d’un prisme biocentré.

Ainsi, ces écolo-exécutant·e·s deviennent, à leur insu, les complices du Système qui n’a de cesse, pour la lutte contre le Covid, comme pour écraser tout projet alternatif (la ZAD de Notre-Dame-des-Landes) ou encore empêcher toute initiative vertueuse (comme celle des habitats légers/réversibles) de nous imposer cette affirmation qui a le mérite de clore tout débat et d’anéantir tout imaginaire sortant de la doxa ambiante : « Il n’y a pas d’alternative ! » à notre fonctionnement actuel, au capitalisme, à la mondialisation…
Je peux vous assurer que le Système actuel et le récit dominant qu’il a imposé au monde n’ont vraiment pas besoin d’un tel coup de pouce. Il est vraiment grand temps de sauver la seule liberté qui le mérite vraiment, celle de tout simplement vivre et de continuer à pouvoir le faire sur la seule planète que nous avons, notre unique maison ! Il est urgent de recouvrer notre souveraineté, celle que nous n’aurions jamais dû abandonner, surtout pas à des irresponsables nombrilistes.

Résultat : cela fait deux ans que ce danger, bien anecdotique au regard des immenses défis qu’il va falloir nous relever dans les prochaines années, occupe tout l’espace, prend toute la place. La numérisation de nos vies (paiement sans contact avec nos CB, nos smartphones et nos montres connectées ; pass sanitaire/vaccinal ; hyper dépendance addictive et morbide à nos joujoux technologiques et aux médias sociaux), la dérive algorithmique de la médecine et celle autoritaire du pouvoir (empilage d’états d’urgence, multiplication des annonces dans nos transports – du plan vigipirate aux gestes barrière – et multiplication des patrouilles dans nos gares : militaires, policiers, gendarmes et services de sécurité de la SNCF ou de la RATP !) ne semblent pas inquiéter grand monde. Une telle débauche de moyens humains pour nous protéger de faux dangers (les terroristes et ces « irresponsables » qui ne portent pas le masque ou n’ont pas de pass) alors que les vrais dangers ne sont pas anticipés et que notre hôpital public – Covid ou pas – est au bord de la rupture… a de quoi rendre dingue !!!
Et pendant ce temps, notre grande entreprise collective d’exploitation de l’ensemble des ressources d’une planète qui ne nous appartient pas et de destruction massive du vivant poursuit son chef-d’œuvre en toute impunité… Vive la croissance ! Gloire au génie humain !

Donc, à qui profite cette situation si singulière que nous vivons depuis 2 ans ? À qui profite ce clivage d’une violence inouïe au sein de la population et notamment au cœur même de la grande famille écologiste ? Le Système dominant ici incarné par nos politiques et les labos de Big Pharma ! Car, au final, que les gestes barrière et la vaccination soient efficaces ou non importe peu dans le diagnostic. Le plus regrettable est bien notre manque de lucidité à l’égard des motivations profondes et véritables de cette méga machine : diviser pour mieux régner, servir ses propres intérêts avant tout – bien avant la santé individuelle et collective de la population -, maximiser toujours et encore les profits et surtout poursuivre sa dynamique extractiviste-productiviste-consumériste-déchetiste qui extermine le vivant et aliène les humains. La conclusion qui s’impose au plus grand nombre est toujours la même : pourquoi et comment faire autrement puisque… « Il n’y a pas d’alternative ! »


Don’t Look Up ? Ne nous réjouissons pas trop vite !

Je souhaite ici partager une frustration qui dénote également, à mes yeux, d’un manque de lucidité… du côté des écologistes plus ou moins éclairé·e·s.

Tout le monde en parle depuis le 24 décembre, sur les médias sociaux, dans les journaux, à la télé et à la radio. Sorti la veille de Noël sur Netflix, le film Don’t Look Up est un véritable phénomène de société. Des militant·e·s aux médias spécialisés, la sphère écologiste y voit, dans un enthousiasme contagieux, une extraordinaire opportunité de faire passer un message clé à l’ensemble de la population sur la catastrophe actuelle qui se joue sous nos yeux. Personnellement, j’ai vu le film et je l’ai trouvé brillant tant dans la justesse avec laquelle est présentée l’artificialité irrationnelle de notre société que dans le désarroi profond que vivent les deux scientifiques incarné·e·s par Jennifer Lawrence et Leonardo DiCaprio. Le scénario est excellent, les actrices et acteurs épatant·e·s et l’absence d’un happy end judicieuse. Cependant, j’avoue ne pas partager la même joie que d’autres quant au succès du film, ceci pour deux raisons.

  • La première s’impose à moi comme du pur bon sens. Il est fort à parier qu’une très grande majorité des personnes qui ont visionné ou visionneront ce film n’y verront pas la moindre allusion à une quelconque menace qui planerait réellement sur nous. Certain·e·s s’amuseront devant ce nouveau Blockbuster, un bon film popcorn comme Hollywood les adore, avec un parti pris singulier certes – l’absence de l’inévitable happy end justement – mais qui au final se savoure comme une sacrée comédie ponctuée par les deux micro scènes à l’humour caustique pendant et après le générique de fin. D’autres iront un peu plus loin dans l’analyse en y percevant une critique de notre société du divertissement permanent ou encore une satire bien balancée et irrévérencieuse de l’idiocratie de nos élites politiques et des animatrices et animateurs de talk shows. Je me trompe peut-être, mais j’essaie simplement d’être pragmatique. Deux expériences vécues récemment semblent confirmer cette intuition. Dans la première, l’une de mes proches m’a dit avoir apprécié le film sans avoir vu la métaphore. Dans la seconde, j’ai surpris dans un tram lyonnais deux jeunes cadres dynamiques qui échangeaient sur les meilleures vannes et les scènes cultes du film, sans le moindre commentaire sur la dimension allégorique de l’œuvre. N’oublions pas que notre prisme n’est pas partagé par la majorité, sinon nous n’en serions pas là !
  • La seconde raison est symptomatique – c’est le cas de le dire – de cette grave erreur de diagnostic si communément répandue hélas dans l’inconscient collectif et copieusement alimentée par les climato-addicts, voire par certain·e·s écologistes plus éclairé·e·s.
    Quel dommage que la seule métaphore qui saute aux yeux des personnes et médias parmi les plus éveillé·e·s soit celle de l’incontournable réchauffement climatique… alors qu’il y avait là une matière propice à évoquer l’extermination du vivant et/ou l’effondrement de notre civilisation. Évidemment la 6ème extinction de masse bien engagée – et qui n’est pas directement liée au climat, même si ce dernier l’aggrave inévitablement – nous impose d’embrasser un nouveau prisme, celui du biocentrisme, en requestionnant profondément, radicalement, nos modes de vie, nos comportements et notre rapport au monde, à l’autre, aux non humains. Notre focus purement anthropocentré sur le seul climat – le symptôme et non l’origine de nos maux – est bien plus confortable ! Elle nous évite de remettre brutalement en cause… notre petit confort, nos modes de vie et la dimension extractiviste-productiviste-consumériste-déchetiste de notre civilisation.
    Et lorsque le film d’Adam McKay se moque des solutions loufoques et hors sol des fous mégalomanes de la Silicon Valley, nous avions là une opportunité unique de déconstruire toutes les solutions magiques que nous avons trouvées pour régler le problème climatique : les incroyables énergies « propres », la fantastique croissance « verte », le formidable développement « durable » et l’extraordinaire « neutralité » carbone. C’est là que se pose une question cruciale à mes yeux : quelle est la proportion des membres de la grande famille écologiste – toutes tendances confondues – à avoir compris que ces solutions n’en étaient pas ? Et donc quelle est la proportion d’écolos ayant accepté que nos modes de vie demain n’auront vraiment rien à voir avec ceux d’aujourd’hui et pas uniquement en raison du réchauffement climatique ? J’ai le sentiment qu’une majorité est bel et bien tellement climato-addict qu’elle continue d’y croire : vive le Green New Deal plébiscité des deux côtés de l’Atlantique par l’écologie climato-politique ! Vive le programme de Yannick Jadot ou le socle commun de la Primaire Populaire ! Nous sommes sauvé·e·s et… le climat avec pendant qu’on y est, tant il est fréquent de voir brandie cette expression loufoque « sauvons le climat ! » comme s’il risquait de disparaître…

Les climatologues les plus célèbres, de Valérie Masson-Delmotte à Jean Jouzel, ont enfoncé le clou dans les médias, alternatifs notamment, en reconnaissant partager la détresse ressentie par les personnages campés à l’écran par les deux stars hollywoodiennes.
Je peux vous dire que l’identification aux deux astronomes du film est encore plus intense et désespérante pour un rebelle amoureux du vivant et effondriste comme moi !!!
Car, l’immense désarroi qui me traverse est infini : celui de vivre à travers les rôles de Jennifer Lawrence et Leonardo DiCaprio la même cruelle inertie, la même sidération par rapport au décalage abyssal entre les dangers anecdotiques qui profitent de la plus grande exposition – le terrorisme et le Covid notamment – et les vrais risques dramatiques complètement ignorés ou sous-estimés – l’anéantissement du vivant et l’effondrement civilisationnel. Une telle stupeur est déjà lourde à vivre, mais elle se double donc d’un sentiment assez horripilant de voir toute l’attention se concentrer sur la conséquence de notre comportement suicidaire et écocidaire et non sur sa cause originelle. Car, rappelons-le une nouvelle fois, en l’absence de tout réchauffement climatique, la situation serait déjà absolument catastrophique pour le vivant. Si nos activités mortifères n’émettaient pas de gaz à effet de serre ou si les gaz émis n’avaient pas le même impact sur le réchauffement climatique, les conditions d’habitabilité seraient déjà gravement compromises. Et l’effondrement de notre civilisation serait tout aussi inéluctable puisqu’il est notamment lié aux ressources qui déclinent.
Pour reprendre une analogie avec Don’t Look Up, c’est un peu comme si la météorite tueuse de planète du film se dirigeait droit sur la Terre et qu’en plus cette bombe en puissance provoquait, en rentrant dans l’atmosphère, un trou béant dans la couche d’ozone qui finirait par griller ce qui subsiste après l’impact ! Désolé, j’ai pas trouvé mieux, là, tout de suite. Alors oui, le trou dans la couche d’ozone est un vrai soucis, mais sans ce trou, la force de l’impact de la météorite avec la surface de notre planète suffirait déjà à elle seule à faire d’immenses dégâts et à compromettre de manière certaine la poursuite de la vie sur Terre. Dans un tel cas de figure, pensez-vous sérieusement que tout entreprendre pour limiter la taille du trou dans la couche d’ozone soit une garantie suffisante à assurer notre survie ? C’est pourtant exactement le comportement que nous adoptons avec le réchauffement climatique au détriment de l’extermination du vivant. En ne traitant que le problème climatique, a fortiori en ne changeant qu’une source d’énergie par une autre – ce qui au demeurant est impossible et non souhaitable, mais ça tout le monde s’en fout – la poursuite du carnage actuel ne nous sauvera pas. En revanche, en prenant le problème à la racine, c’est à dire en prenant soin du vivant et en érigeant cette mission au rang de priorité absolue, ce qui implique nécessairement de cesser immédiatement toute activité toxique – ou en tout cas d’en limiter drastiquement l’ampleur – nous limiterons forcément par la même occasion le réchauffement climatique, tout en assumant pleinement notre responsabilité à l’égard de l’ensemble des êtres vivants. C’est la seule et unique option devant nous si nous souhaitons conserver une infime chance de sauver notre propre espèce par la même occasion. C’est pourtant simple, basique. Pourquoi diable faut-il qu’une telle évidence qui crève les yeux, en tout cas les miens, comme ceux d’Arthur Keller, de Jean-Marc Gancille ou d’Aurélien Barrau et de toutes celles et tous ceux qui me remercient d’avoir eu le culot d’intituler l’un de mes livres Le climat n’est pas le bon combat !, ne soit pas appréhendée correctement par la majorité des écologistes ? Putain de Facteur Humain ! Putain de confort matériel ! Putain de dissonance cognitive imaginant un impossible découplage entre la poursuite d’une croissance – « verte » – et notre empreinte écologique et donc notre consommation énergétique !
MAIS, BORDEL – désolé, je me lâche, ça fait du bien – DANS QUELLE LANGUE FAUT-IL LE DIRE, LE CRIER ?

Donc, à qui profite une nouvelle fois cette focalisation climato-centrée ? Si le capitalisme est, à raison, régulièrement critiqué par la sphère écologiste, le vice le plus profond du Système dominant actuel n’est absolument pas remis en question (Delphine Batho est une exception). La nature capitaliste et néo-libérale du Système dominant n’est que la couche superficielle – la partie émergée de l’iceberg – qui cache un peu vite à mon sens le vrai problème : la dynamique extractiviste-productiviste-consumériste-déchetiste de cette méga machine d’annihilation du vivant et d’aliénation des humains. En quoi les solutions magiques défendues par les écologistes « climato-addicts » (EELV et l’ensemble des associations du mouvement climat) – ces oxymores surréalistes que sont les énergies « propres », la croissance « verte », le développement « durable », la « neutralité » carbone – représentent-elles une quelconque menace pour l’essence même du Système ? Quel manque évident de lucidité d’imaginer régler tous nos problèmes en nous concentrant sur le symptôme sans traiter la racine du mal ! Après tout, pourquoi et comment faire autrement puisque… « Il n’y a pas d’alternative ! »


Présidentielles : cessons de croire au Père Noël !

Si ma frustration est donc culturelle, je ressens également un profond agacement politique.

La campagne présidentielle pour 2022 est encore plus insipide et barbante que les précédentes. La compilation des sondages depuis le mois de septembre 2021 et à 100 jours à peine du 1er Tour souligne une réalité pour la moins inquiétante : 70% des intentions de vote au 1er Tour se portent sur les 4 candidat·e·s de la droite (extrême) entre Macron, Pécresse, Le Pen et Zemmour. Attention, ce ne sont que des sondages et les sondages sont ce qu’ils sont… Néanmoins, nous ne pouvons totalement les ignorer. La seule et unique incertitude semble donc être l’identité de celle ou de celui qui aura l’immense privilège d’être opposé·e au Président sortant. Ce dernier a sans aucun doute le plus beau palmarès de l’histoire politique de notre pays en ayant dépassé absolument toutes les limites en matière de mépris à l’égard des Français·e·s ; d’hypocrisie (écologie, égalité femme-homme, social…) ; de violence policière ; de manipulation de la population ; de scandales au sein de son équipe (Benalla, Emelien, De Rugy, Grivaux, Castaner, Darmanin, Dupond-Moretti…) ; d’incompétence caractérisée (les mêmes et beaucoup d’autres) ; de privation de libertés et surtout de zèle absolu au service des oligarques qui l’ont mis au pouvoir. Il a beau être copieusement détesté par bon nombre de personnes, il paraît intouchable entre 24 et 26% ! Les personnes qui s’expriment aujourd’hui au travers des sondages et qui iront voter les 10 et 24 avril prochains sont majoritairement des personnes qui ont peur : du Covid, des migrant·e·s, des terroristes… Le terreau est donc idéal pour aller encore plus loin dans l’autoritarisme, le totalitarisme. J’ai toujours dit depuis 2017 que Macron n’était pas le dernier rempart face à l’extrémisme, mais bien son tremplin ! Au final, le Système dominant doit se frotter les mains car peu importe l’identité de la personne qui s’installera à L’Élysée demain, elle lui conviendra. Ah oui… j’oubliais, il y a pour l’instant 3 autres candidat·e·s représentant des partis importants (historiquement du moins !). Si Mélenchon a une petite chance dans une dynamique de campagne dont il a le secret de faire une belle remontada, les trajectoires de Jadot et d’Hidalgo semblent condamnées à ne pas dépasser les 10% pour le premier et les 5% pour la seconde.
Dans un tel contexte, le pari de n’avoir qu’un·e seul·e et unique candidat·e à gauche semble plus que jamais le bon pour envisager – et non plus assurer – une place au 2nd Tour.
Sur le papier, la Primaire Populaire a donc de sérieux arguments et semble comme beaucoup aujourd’hui avoir compris la triple urgence humaine de ce siècle : l’écologie, la justice sociale et la démocratie ! Hélas, si l’intention est vertueuse et la démarche courageuse, cette initiative est profondément naïve pour différentes raisons.

L’histoire du projet est collective, rassembleuse, formidable. Et l’intention – (re)prendre en main notre destin – remarquable. Jusqu’ici tout va bien…
Il est soutenu par de sacrées personnalités (scientifiques, expert·e·s, économistes, sociologues, architectes, élu·e·s singuliers·ères, artistes engagé·e·s). Jusqu’ici tout va bien…
La démarche est clairement louable avec la rédaction d’un Socle Commun à partir d’échanges avec l’ensemble des forces et partis situé·e·s à gauche de l’échiquier politique, le soutien de milliers de citoyen·ne·s, le parrainage de 10 personnalités par ces citoyen·ne·s, et enfin un vote au jugement majoritaire pour les départager. Jusqu’ici tout va bien…

NON, contrairement aux apparences, rien ne va ! Car les hics sont fort nombreux, pour ne pas dire désespérants !
À commencer bien entendu par le fait même de participer à l’élection présidentielle. Cette aventure s’inscrit dans la logique de nos institutions, celles qui ont permis ici comme ailleurs sur le globe l’émergence de régimes politiques, Républiques et Monarchies parlementaires, qui ont réussi à nous faire croire – félicitons-les au passage car c’est tout de même un petit exploit – qu’ils étaient démocratiques !
Et là, patatras… cela coince d’emblée ou plutôt tout s’écroule avec fracas, toute la jolie intention initiale vole en éclats !

La démocratie, c’est somme toute assez simple : c’est le pouvoir du PEUPLE, PAR le peuple et POUR le peuple !
Ainsi, dans un système démocratique, le peuple est à la fois sujet et souverain, soumis au pouvoir et détenteur du pouvoir, gouverné et gouvernant. C’est la double garantie pour que l’intérêt de toutes et tous soit respecté.
La démocratie, la vraie, la seule, est directe ! Le peuple y est pleinement souverain puisque ce sont les citoyen·e·s qui adoptent eux·elles-mêmes les lois et décisions importantes. Le peuple y choisit également directement les agents d’exécution qui sont révocables.
Cette démocratie-là n’existe aujourd’hui réellement, à ma connaissance, qu’en deux uniques endroits du monde sur un territoire étendu au sein même d’États-nation classiques : au Chiapas (Mexique) et au Rojava (Syrie).
La démocratie indirecte ou celle représentative -et qui s’est déployée dans l’ensemble des pays occidentaux depuis les révolutions américaine et française n’est déjà plus réellement, radicalement… démocratique puisqu’elle fait appel au vote. Et oui, le vote au suffrage universel n’est pas – contrairement à une idée communément répandue et ardemment cultivée par nos politiques – synonyme de démocratie !!!

« Le suffrage par le sort est de la nature de la démocratie ; le suffrage par choix est de celle de l’aristocratie. »
Montesquieu, L’Esprit des lois

Pour bien comprendre l’essence de la démocratie, je vous recommande vivement le brillant documentaire Démocratie(s) réalisé par le collectif Data Gueule (voir la bande-annonce ci-dessous et le film complet sur Imago). Vous pouvez aussi découvrir notre Fiche pédagogique très complète ici.


La démocratie n’a pour ainsi dire jamais existé en France. Avec la Révolution, nous sommes passé·e·s, selon l’écrivain et professeur Québécois Francis Dupuis-Déri, d’une aristocratie héréditaire, sous le régime monarchique, à une aristocratie élue, ceux considérés comme les « meilleurs » d’entre nous (rappelons qu’il s’agissait uniquement d’hommes au début). Les citoyen·ne·s ont alors abandonné le pouvoir pour le confier aux élus via l’élection, « cette procédure d’auto-expropriation du pouvoir ». Notre « démocratie représentative » actuelle correspond bien à cette idée d’abandon du pouvoir aux élu·e·s. Le seul pouvoir, très relatif, qu’il nous reste est le choix de ces élu·e·s via le suffrage universel. Comme le précise judicieusement le politologue français Thomas Guénolé : « Démocratie représentative, ça veut dire que vous choisissez les gens qui vont voter à votre place. C’est ça que ça veut dire, j’insiste là dessus. » Or, ces représentants ne vont évidemment pas nécessairement voter comme vous l’auriez fait et encore moins si celles et ceux qui vous représentent sont en minorité. Pour illustrer le décalage abyssal entre démocratie directe et démocratie représentative, Thomas Guénolé cite l’incroyable épisode du Référendum de 2005 sur le Traité de Maastricht où la démocratie représentative n’a pas jugé bon de reprendre le souhait exprimé par la démocratie directe. 
« Le jugement politique dominant est fondé par les élites et les élites ont peur de la démocratie directe parce que la démocratie directe ça veut dire que si elles ne sont pas d’accord, on le fait quand même ! » Il dénonce également le principe fondateur de la 5ème République qui est « fondée sur l’idée de l’homme providentiel qui est quand même un père Noël pour adultes, il faut le rappeler. Quand on est un adulte, on ne croit plus que quelqu’un va arriver et résoudre tous nos problèmes parce que « ah, il est trop fort » et donc on a voté pour lui massivement. C’est une vision très infantile en vérité de la vie politique si vous y réfléchissez. »

Je me sens pleinement aligné avec Thomas Guénolé. Si nous voulons réellement inverser la trajectoire suicidaire et écocidaire de notre civilisation, ce n’est assurément pas en croyant encore qu’une personne toute seule – appelons-la comme vous voulez : homme ou femme providentiel·le, sauveur·euse, messi… – puisse décider de tout ! Avec la gestion du Covid, nous sommes justement nombreuses et nombreux à avoir déploré le caractère formidablement infantilisant des déclarations de notre cher Président. Pourtant, il existe une philosophie politique lumineuse fort méconnue, pour ne pas dire complètement décriée par le Système actuel, c’est si pratique lorsqu’une alternative représente un danger. L’arme fatale ? La novlangue qui est incroyablement puissante pur dévoyer et décrédibiliser. Or, bien loin du chaos, l’anarchisme promeut l’auto-organisation, l’auto-gestion des citoyen·e·s dans une approche de pure démocratie directe, excluant tout rapport de domination. C’est bien lui qui est à l’œuvre au Rojava, comme au Chiapas. Avons-nous aujourd’hui vraiment besoin qu’une personne et sa cour décide seule(s) pour nous comme à l’époque de la monarchie absolue ? Ne serait-il pas plus adulte, mature et sain de prendre les principales décisions collectivement, pour la gestion d’une pandémie, comme pour la préservation des conditions d’habitabilité de notre planète ? N’est-il pas temps d’assumer et d’embrasser pleinement nos responsabilités, de recouvrer pleinement notre souveraineté lâchement abandonnée à des incapables irresponsables ? Je développerai ce point en détail dans un prochain article consacré à la souveraineté. En attendant, libre à vous de (re)découvrir toutes les vertus de l’Anarchie en parcourant notre fiche pédagogique dédiée.

Donc, si la Primaire Populaire a le mérite d’essayer de rendre le processus un peu plus « démocratique », nous sommes tout de même à des années lumière d’un changement radical de paradigme, aussi bien dans la forme que dans le fond.
Dans la forme (la méthode), le passage via la voie classique de nos institutions actuelles est déjà une grossière erreur sur le plan démocratique comme nous venons de le démontrer, mais aussi sur le plan stratégique (comme nous le verrons plus bas) et là c’est encore plus grave !
Dans le fond (le programme, le Socle commun), il s’agit tout au plus d’un timide réformisme de l’ordre établi à très légère coloration écolo-socialo-démocratique. Les 10 propositions du Socle Commun sont de très modestes rustines sur une méga machine d’annihilation du vivant et d’aliénation des humains, de petits pansements sur un Système profondément, viscéralement, génétiquement destructeur et criminel.

Bon…
Je suis sincèrement désolé, mais je vais dire ici franchement ce que ne pense de la Primaire Populaire au vu de l’urgence dans laquelle nous nous trouvons.
Je suis parfaitement conscient que les personnes les plus investies dans ce projet risquent fort de me détester, notamment les quelques unes que je connais personnellement. Elles connaissent mon analyse et ma vision et, malgré nos échanges, elles ont préféré s’engager dans cette initiative.
En toute honnêteté, ce que je ressens à la lecture des 10 propositions de ce fameux Socle Commun est à peu près comparable à la réaction de sidération provoquée chez le Professeur Randall Mindy (Leonardo DiCaprio), sa jeune doctorante Kate Dibiasky (Jennifer Lawrence) et le Responsable de la sécurité spatiale des États-Unis, le Dr Teddy Oglethorpe (Rob Morgan), par la désormais célèbre punchline «I say we sit tight and assess» (dans la version française : « Je propose qu’on patiente et qu’on avise ! » décochée par la Présidente des États-Unis (Meryl Streep) !
Récapitulons une nouvelle fois la situation ahurissante dans laquelle nous nous trouvons : la vie sur Terre, celle de l’ensemble des espèces végétales et animales, est gravement menacée à brève échéance – et pas uniquement en raison du climat – et notre civilisation thermo-industrielle sur le point de s’effondrer globalement au niveau mondial.
Et dans un tel contexte – pour le moins préoccupant – les propositions de « ruptures », pondues par l’association dénommée 2022 ou jamais, avec des expressions fortes telle « big bang », « mesures d’urgence » ou « reconquête » relèvent d’une mauvaise blague, d’un cauchemar absolu !
Euh… j’en reste bouche-bée, littéralement coi… si bien que le seul mot à même de qualifier l’émotion qui me parcourt le corps telle une violente décharge électrique est justement : quoi ?
Aucune remise en question ni du fonctionnement délétère et mortifère de notre société, ni de la sacro-sainte croissance, ni des activités les plus toxiques pour le vivant et destructrices des habitats et des écosystèmes, ni de la construction politique complètement artificielle de l’État-Nation et de ses différents échelons administratifs, ni de notre mode de vie hors-sol et de notre petit confort individuel totalement insoutenable (il est vrai que c’est sans doute inutile, l’effondrement s’en chargera très bien), ni de la place centrale des villes et métropoles…
Manifestement, le degré d’urgence avec lequel vivent les jeunes membres de l’équipe derrière la Primaire Populaire n’est pas le même que celui que j’éprouve.

Certain·e·s pensent que j’ai tort de m’en prendre à cette écologie consensuelle qui vise le pouvoir, qu’il convient de se réjouir que certain·e·s essaient de changer le Système de l’intérieur lorsque d’autres s’évertuent à en créer un nouveau à l’extérieur, que la lutte contre le réchauffement climatique est aussi importante que la préservation du vivant, voire même un bon moyen d’initier la sensibilisation du grand public.
Si je suis dur, c’est que NON, nous n’avons plus le temps de nous tromper ni de combat (le vivant, pas le climat), ni d’objectif (tout changer, pas uniquement d’énergie), ni de méthode (changer De système, pas le Système). Nous avons perdu 50 ans pendant lesquels nous n’avons ni fait demi-tour, ni stopper, ni même freiner notre trajectoire morbide… nous avons accéléré ! Il est déjà trop tard pour éviter de nombreux mécanismes activés, de plus en plus de points de rupture, de bascule sont franchis.

Je le dis, je le répète :

  • Nous concentrer sur le seul climat est le meilleur moyen de nous planter et de poursuivre notre entreprise collective de destruction massive du vivant.
  • Nous contenter de remplacer les énergies fossiles par des énergies renouvelables est impossible (elles n’ont pas la même puissance que le pétrole et leur développement dépend directement du pétrole. Or… nous allons manquer de pétrole !) et non souhaitable (si nous avions suffisamment de pétrole pour le faire, encore faudrait-il que nous recouvrions d’immenses surfaces – des terres agricoles, des forêts ? – de panneaux photovoltaïques et d’éoliennes, sans même évoquer leur durée de vie limitée).
  • Nous convaincre que le salut viendra de la prise du pouvoir en changeant le Système de l’intérieur est au mieux naïf et au pire hypocrite.

Cette écologie politique est bancale puisque principalement, voire quasi exclusivement, climato-centrée. Elle est naïve dans sa croyance qu’il est possible de changer le terrible MONSTRE vicieux, vicié, vérolé, verrouillé, cadenassé qui nous envoie toujours plus vite vers le précipice. Enfin, elle est au final aussi létale que ce Système qu’elle ambitionne de changer puisqu’elle ne remet aucunement en cause notre modèle de société – extractiviste, productiviste, consumériste et déchetiste – dans ses principaux fondements et piliers.

Son raisonnement est basé sur une triple dissonance cognitive :

  • L’impossible découplage économie/écologie (croissance/consommation énergétique vu plus haut) !
  • L’impossible remplacement des énergies fossiles par les renouvelables !
  • L’impossible changement du Système actuel !

Comme l’explique brillamment Arthur Keller dans son passage sur la Chaine YouTube NEXT, un tel découplage n’a jamais eu lieu. De la même manière, le Grand Soir n’a jamais eu lieu… même à la suite de la quasi totalité des révolutions de l’histoire humaine qui se sont contentées de renverser le pouvoir en place pour en instaurer un autre, tout aussi inconséquent, voire même pire.

« On ne résout pas un problème avec les modes de pensée qui l’ont engendré. »
Einstein

Et puis, inutile de déployer les grands moyens en nous épuisant à développer toutes les raisons pour lesquelles ce rêve est illusoire. Car, même s’il avait été possible, admettons-le deux secondes pour la démonstration, la configuration idéale indispensable relève du fantasme le plus délirant. Car, il faudrait réunir dans l’ordre les 7 conditions suivantes :

  1. Que l’ensemble des candidat·e·s qui ne sont intéressé·e·s que par leur seule ambition personnelle abandonne leur ego surdimensionné. C’est bien mal connaître Jean-Luc Mélenchon ! Quant à Yannick Jadot, il s’est rangé la dernière fois derrière Benoit Hamon, alors comment imaginer une seconde qu’il puisse lâcher l’affaire ! Enfin, en ce qui concerne Anne Hidalgo, elle compose avec le non décollage de sa triste campagne…
  2. Que la candidate ou le candidat unique – hypothèse absurde mais bon allons jusqu’au bout du raisonnement par l’absurde – obtienne les précieux sésames, ces foutues 500 signatures,
  3. Que l’élu·e – au sens biblique du terme – parvienne à se qualifier pour le second tour dans le climat actuel de psychose,
  4. Que cette personne l’emporte au final,
  5. Que cette force politique soit en capacité de présenter sous une seule et même bannière – La Primaire Populaire ? – suffisamment de candidat·e·s en mesure de l’emporter aux législatives et que les député·e·s élu·e·s soient majoritaires à l’Assemblée nationale (c’est possible, mais jamais garanti),
  6. Qu’une fois élu·e – cette fois-ci au sens politique – cette personne respecte ses engagements à savoir appliquer les mesures du Socle Commun,
  7. Que le reste du programme soit sacrément plus ambitieux pour que les lignes bougent réellement à la hauteur des enjeux, des immenses défis qu’il nous faut relever. Il suffit de jeter un œil au programme de Yannick Jadot, LE candidat écologiste, pour en douter… Rien que l’accroche en home page de son site de campagne est désespérante : « J’ai besoin de vous pour le climat et la justice sociale« . Je vous laisse découvrir le reste si vous avez le cœur solidement accroché. Le programme d’Anne Hidalgo consacre 3 pages sur 30 et 10 propositions sur 70 sont à l’écologie (et la grande majorité au seul climat)… Quant à Jean-Luc Mélenchon, pour découvrir son programme, les propositions en matière écologique sont principalement les mêmes qu’en 2017. Certaines, bien qu’insuffisantes, sont toutefois très pertinentes (protection des océans, dépollution de la mer et de l’espace…). Vous pouvez les retrouver dans son livre L’Avenir en commun. Le programme pour l’union populaire.

Non, mais… sérieusement, vous y avez cru ?

Quelle formidable énergie perdue ! Quel immense gâchis !
Si encore, nous avions du temps à ne pas savoir qu’en faire devant nous, nous pourrions nous dire à chacun·e sa méthode, à chacun·e son rythme.

Si encore, depuis 50 ans que nous avons toutes les clés de compréhension systémique (le Rapport Meadows date de 1972) et plus de 30 ans que nous avons les prévisions du GIEC (le premier rapport date de 1990), de véritables victoires significatives avaient été remportées ou notre folle accélération quelque peu freinée, nous pourrions nous dire que chaque génération doit bien expérimenter toutes les formes d’initiatives (marches, manifestations, désobéissance civile, pétitions, tribunes, rapports, cris d’alarme, tentatives de conquête du pouvoir…).
Lorsque l’on sait de manière certaine que les dégâts ignobles causés à notre maison et que l’extermination en règle de ses habitants non humains est d’origine anthropique, on a le devoir de tout tenter pour réparer et préserver.

Il en va de même pour l’action politique et le militantisme écologique. En l’absence totale de résultat, il convient un moment de remettre sérieusement en question ces actions et d’en envisager d’autres, non ?

« Si l’on veut obtenir quelque chose que l’on n‘a jamais eu, il faut tenter quelque chose que l’on n’a jamais fait. »
Periclès

Donc, à qui profite une dernière fois ce fantasme du Grand Soir électoral, cette religion de la personne providentielle susceptible de nous sauver, cet espoir illusoire de saupoudrer d’un peu de démocratie un régime qui ne l’est pas ou encore ce mythe profondément ancré qu’il est possible de changer un monstre pour en faire un ange ? Le Système dominant actuel s’en trouve légitimé, conforté, renforcé ! En quoi expérimenter une 6ème République avec, à peu de choses près, les mêmes ingrédients (un·e Président·e, un gouvernement, un Parlement), dans un cadre rigoureusement identique (l’État-Nation) dynamisé par les mêmes acteurs (entreprises et multinationales) et une activité économique concentrée sur les mêmes fleurons (nos grandes villes et métropoles) pourrait-il bien changer quoi que ce soit ? Et comment pourrait-il en être autrement tant que la dimension extractiviste-productiviste-consumériste-déchetiste de notre civilisation thermo-industrielle reste identique ? Est-ce là l’expression de la lucidité ou le fruit de l’aveuglément ? Ah oui, j’oubliais… pourquoi et comment faire autrement puisque… « Il n’y a pas d’alternative ! »

Pendant ce temps, quelques folles et fous imaginent un tout autre récit, celui que nous pouvons écrire – et vivre – toutes et tous ensemble pour réhabiter la Terre en respectant le vivant, faire sauter tous les rapports de domination et inventer une véritable démocratie. C’est notre unique issue pour sauver la VIE, telle qu’elle existe sur Terre aujourd’hui et donc la nôtre, celle de nos proches et de nos enfants. Il n’y a pas de solution magique. Aucune solution ne sera technologique. La solution c’est NOUS !
Il existe un véritable projet politique alternatif, dont l’audace est à la hauteur de la gravité de la situation, celui que porte L’Archipel du Vivant !

Si vous êtes curieux·euse, vous trouverez son essence dans les grandes lignes ici ou vous pouvez également vous procurer mon dernier livre Écrivons ensemble un nouveau récit pour sauver la vie ! et ainsi découvrir cette enthousiasmante utopie éclairée pour engager une véritable Révolution… lucide !

« L’utopie n’est pas l’irréalisable, mais l’irréalisé ! »
Théodore Monod

Je ne cherche en aucun cas à convaincre, c’est chronophage et vain, mon énergie est plus utile ailleurs. Mon unique ambition est d’informer celles et ceux qui se posent des questions et ont gardé – ou souhaitent retrouver – cette vitale lucidité !




Crédit photo illustration principale : photo du film Don’t Look Up d’Adam McKay



   

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Dès le début de l’aventure, nous souhaitions pouvoir rétribuer 3 à 4 personnes qui seraient totalement dédiées à notre grand projet. Depuis fin mars 2020, notre équipe cœur a grandement fluctué en raison notamment de la nécessité de gagner sa vie et de l’éco-anxiété qui a déjà directement touché 3 membres de notre équipe. Plusieurs personnes motivées et engagées ont dû quitter à contre-cœur notre belle épopée…
De la disponibilité – pouvoir consacrer 100% de son temps et de son énergie – et de la sérénité – en étant rétribué·e pour accomplir notre noble mission -, telles sont les deux conditions qui nous permettraient enfin d’aller au bout de nos rêves les plus fous en œuvrant efficacement au service du Vivant.
Notre objectif est de recueillir, grâce à vos tips mensuels, entre 6 000 et 8 000 euros.
Nous comptons sur vous. Un immense merci d’avance ! 😉