J’ai peur !

Je ne sais pas qui je suis, je ne sais pas où je vais.

J’ai peur du monde d’aujourd’hui dans lequel des libertés acquises se disloquent petit à petit. J’ai peur de ce monde tremblant, brûlant de ces cœurs pleins de rage qui ne veulent plus que crier ou dominer les autres. J’ai peur de la mort, de la mort de mes proches. J’ai peur de la violence qui peut arriver. J’ai peur de prendre les armes, de me retrouver face aux choix de tuer, j’ai peur de souffrir de la faim, j’ai peur de vivre dans un monde de chaos, dans un monde où tout se détruit, j’ai peur de dire à ces enfants que je croise « vous savez le monde dans lequel vous allez vivre sera très différent ».

J’ai peur de tout cela et de tellement d’autres choses encore, mais alors, que faire, que faire de tout cela, que faire de cette peur qui te paralyse devant une information telle que « nous sommes à la sixième extinction des espèces et les hommes en sont responsables ». Boum !

 

La vie est menacée…

Doucement tu reprends tes esprits, tu essayes d’intégrer cette information dans ton cerveau d’hominidé. La vie en entier va disparaître ? Quoi vraiment la vie en entier ? C’est impossible, elle ne peut pas disparaître…et puis petit à petit l’information décante, elle infuse dans le corps, dans le cerveau. Et là, tu as peur. Mais qu’est-ce qu’on va devenir ? Qu’est-ce que je vais devenir ? Sans la vie moi aussi je disparais. Alors cette peur agit comme un mécanisme de survie, d’autodéfense. Tu veux te mettre en mouvement, tu veux agir, tu veux empêcher ce carnage ! Mais où aller, quoi faire comment agir ? Acheter bio ? Stopper une raffinerie ? Vivre en autonomie ? Aider les migrants ? Parler à Gaia ? Où est ma place ? Où est mon point d’action privilégié ?

 

Et il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises directions.

J’aurais tendance à dire qu’il vaut mieux tout faire agir dans tout, car tout est intimement entremêlé, le tissu humain et le reste du vivant doivent se tisser dans toutes les sphères dans tous les lieux. Mais alors cette peur, cette peur qui habite mon ventre, ou va-t-elle ? Me pousse-t-elle à agir vite et fort ? Peut-être oui. M’empêche-t-elle de dormir la nuit ? Oui parfois. J’ai toujours peur, mais cette peur, je l’aime je la chéris comme un tigre blessé qui ne veut pas mourir. Je ne veux pas mourir, comme je ne veux pas que d’autres souffrent ou meurent à cause de cette société giga-consommatrice de biens et d’humains. Alors je ramasse les armes qui sont les miennes, la réflexion, la compassion, l’entraide, la poésie, la force, le courage et je décide d’avancer vers la vie dans le vide, d’aimer tellement fort le monde, le vivant que je ne peux pas rester à attendre. Je dois rentrer dans cette maison en feu, crier mon amour, sauver ce qui doit être sauvé et reconstruire, reconstruire sur des cendres. Alors je peux dire à ma peur que je l’aime et je peux dire au reste du monde, au vivant, que je l’aime. Je t’aime entre les flammes, dans le chaos. Ma force vient du cœur et elle est intarissable. Dans le feu et dans les flammes, je t’aime.