Étant donné l’ampleur de la crise mondiale qui est survenue il y a déjà presque un an, ses implications sur nombre de sociétés, et le fait que nous en sommes de nouveau en confinement – plus souple que le précédent mais rien ne dit qu’il ne va pas se durcir -, il est nécessaire de se poser certaines questions pour comprendre pourquoi nous en arrivons là, et quelles leçons en tirer.

Introduction : Mensonges, hypocrisie et propagande gouvernementale

Nous avons pu entendre que la propagation du virus sur le territoire français avait été causée par une soit disant irresponsabilité de la population, laquelle n’aurait pas suivi à la lettre les directives données par le gouvernement. Ces dernières étaient bien souvent grotesques, contradictoires et/ou abusivement restrictives des libertés : élections municipales maintenues, obligation de certains secteurs comme le BTP de devoir continuer à travailler, plages restées fermées quand des parcs parisiens pouvaient ouvrir, retour à l’école « volontaire » mais en réalité forcé – sinon les allocations de chômage technique étaient retirées aux parents – etc …

Ce même gouvernement fait partie de la caste qui, avec les industriels et capitalistes, a façonné pendant des années les sociétés actuelles, extrêmement fragiles, instables, injustes, destructrices des humains et du vivant. Ce sont leurs choix qui nous font arriver à cette situation, avec des règles sanitaires toujours plus compliquées – utilisées au passage pour renforcer le contrôle social – pour limiter un désastre qui aurait pu être évité dans des sociétés pensées et organisées radicalement différemment.

C’est cette même caste qui a imposé un mode de vie des plus malsains aux populations, pour tirer profit de leur exploitation et de celle du vivant. Accuser la population est donc une manière de pratiquer l’inversion accusatoire, comme toujours, et ainsi se déculpabiliser pour faire porter la responsabilité sur les populations qui ont subi leurs choix depuis des années.

Il est donc important de se poser des questions en ce moment très troublant, perturbant et instable, pour aller à contre courant des discours dominants déconnectés, inconscients et hypocrites. Mais aussi créer des prises de conscience, déconstruire les cultures mortifères – qui se sont ancrées par le façonnement de la pensée des masses avec la propagande menée depuis des années par les dirigeants et les médias dominants -, et faire émerger des cultures plus saines, justes et régénératrices, des humains et du vivant sur Terre.

Nous verrons dans un premier temps pourquoi de nouvelles maladies telles que Covid-19 se multiplient, pourquoi la contamination a été aussi phénoménale dans un deuxième temps, et enfin, pourquoi a-t-elle eu autant de conséquences sur la santé des populations et sur la société. Dans un prochain texte, nous verrons quelles leçons en tirer et quelles pistes peuvent être envisagées pour éviter que ce type d’événement ne se reproduise.

Pourquoi de nouvelles maladies comme Covid-19 se multiplient ?

1. La proximité avec des animaux sauvages …

Le virus ayant provoqué la maladie Covid-19 n’est qu’un exemple parmi beaucoup d’autres récents. En effet, comme on peut le lire dans cet article du monde diplomatique : « Depuis 1940, des centaines de microbes pathogènes sont apparus ou réapparus dans des régions où, parfois, ils n’avaient jamais été observés auparavant. C’est le cas du virus de l’immunodéficience humaine (VIH), d’Ebola en Afrique de l’Ouest, ou encore de Zika sur le continent américain. La majorité d’entre eux (60 %) sont d’origine animale. Certains proviennent d’animaux domestiques ou d’élevage, mais la plupart (plus des deux tiers) sont issus d’animaux sauvages. »

Cependant, ce ne sont pas les animaux sauvages le problème puisque « la plus grande partie de leurs microbes vivent en eux sans leur faire aucun mal ». Comme expliqué par Mylène Ogliastro – chercheuse à l’INRA de Montpellier et représentante de la société française de virologie – dans cet article de France 3 Occitanie : «Les virus existent depuis qu’il y a de la vie sur Terre. Ils infectent tous les organismes vivants, les animaux, les végétaux et même les bactéries. Si certains virus, comme les SRAS, HIV ou Ebola, causent des épidémies humaines très inquiétantes, certains virus peuvent être bénéfiques. Ils peuvent nous aider par exemple à combattre des maladies infectieuses. »

Elle précise que « les virus de la famille des coronavirus circulent chez les animaux sauvages comme les chauves-souris, la girafe, les serpents ou encore le pangolin. Comme tous les organismes vivants, ces virus évoluent, par des mutations, des recombinaisons. Ces modifications, dans la plupart des cas, éliminent le virus. Dans d’autres cas, elles peuvent lui permettre d’infecter un nouvel animal ou l’être humain. Ces changements se produisent en permanence ». Le problème est donc en réalité le fait de « donner à ces microbes des moyens d’arriver jusqu’au corps humain et de s’adapter. »

2. … liée à la prédation menée par les méga-sociétés civilisées sur la biosphère

La destruction des habitats d’animaux sauvages par la déforestation pour l’élevage et l’agriculture industrielle, l’extractivisme minier, l’étalement urbain etc … ; toutes ces activités – qui découlent des différentes révolutions industrielles et de la croissance technique qui s’accélère depuis des décennies – les forcent à se rapprocher de l’être humain, quand ils survivent.

Le braconnage et le commerce d’animaux sauvages sont aussi une cause directe de la propagation des virus présents en eux jusqu’à l’être humain. La question se pose alors : la prédation de la biosphère exercée par les méga-sociétés capitalistes/productivistes et civilisées – comprenez urbaines, artificialisées, coupées du vivant et prédatrices des écosystèmes, comme l’étymologie du terme renvoie aux cités-états antiques qui artificialisaient déjà à l’époque beaucoup de terres et ravageaient leur écosystème – est-elle responsable de la pandémie Covid-19 ?

En effet, le foyer de l’épidémie Covid-19 avait été identifié dans un marché de Wuhan – en Chine -, où s’achètent et se vendent une multitude d’espèces sauvages pour les manger. Parmi elles, le pangolin. Les scientifiques chinois avaient découvert que 99% des génomes du virus trouvés sur lui étaient identiques à ceux trouvés sur les patients infectés et le voyaient comme un potentiel hôte intermédiaire pour le virus.

Prisé pour sa chair, ses écailles ou sa peau – et puisqu’il est particulièrement difficile à élever en captivité -, il fait l’objet d’un braconnage intensif et se retrouve traqué dans son habitat pour ensuite être vendu dans des marchés comme celui de Wuhan. Mais le virus est très probablement à l’origine hébergé par une espèce de chauve-souris. Comme le SARS-CoV-1, le SARS-Cov-2 présente de grandes ressemblances avec un virus trouvé chez les chauves-souris ou des oiseaux, comme pour de nombreux coronavirus.

D’autres exemples que la déforestation et les ravages des écosystèmes déchaînant toujours plus de maladies infectieuses sont donnés dans cet article.

Pour la chercheuse Mylène Ogliastro, il n’y a aucun doute sur le fait que nous pourrions être confronté·e·s à de nouvelles épidémies, voire pandémies : « Nous allons être amenés à rencontrer de nouveaux virus. Il faut aujourd’hui considérer les questions [écologiques], le réchauffement climatique, [la destruction des habitats d’animaux sauvages et des écosystèmes], et la perte de biodiversité, comme un seul et même problème. Il faut prendre enfin conscience que la santé de [l’être humain] dépend intégralement de celle [des écosystèmes de la planète]. »

Maintenant qu’il y a une menace qui peut toucher directement les habitant·e·s des sociétés « développées » via la multiplication de nouvelles maladies – pouvant rapidement devenir pandémiques actuellement avec la mondialisation – et dont le lien avec la destruction des habitats d’animaux sauvages est avéré, peut-être que le discours dominant s’attardera davantage sur le problème de la destruction générale de la biosphère. Cette pandémie Covid-19 aura au moins permis que du monde s’intéresse à cette question. De même, le discours majoritaire des écologistes modérés ne sera peut-être plus autant focalisé sur le changement climatique avec les expressions « manifs climat », « militant·e·s climats ». Et ainsi inclure systématiquement la gravité de la destruction des habitats d’animaux sauvages et des écosystèmes, l’extermination de masse en cours, et l’effondrement de la biodiversité.

Pour les personnes n’ayant qu’une vision utilitariste du vivant – c’est à dire qui ne le voient que comme un ensemble de ressources et mécanismes qui doivent leur servir pour qu’il ait de l’importance à leurs yeux -, rajoutons que « La destruction des habitats menace d’extinction quantité d’espèces, parmi lesquelles des plantes médicinales et des animaux sur lesquels notre pharmacopée a toujours reposé ».

3. L’élevage et la concentration démographique liée à la civilisation

Une autre cause de la prolifération de nouvelles maladies apparaît évidente, c’est la civilisation des sociétés, d’autant plus avec son évolution récente, la métropolisation. Un entretien très intéressant sur Reporterre avec Guillaume Faburel montre le lien entre la métropolisation du monde et la pandémie actuelle. Si l’on remonte à l’étymologie du mot civilisation – le suffixe introduit un processus et la racine renvoie à la cité-état dans la Rome antique -, il devrait désigner un processus à l’issue duquel une société s’établit en cité-état – les villes d’aujourd’hui -, et non un quelconque « progrès culturel » qui succèderait à un état de « barbarie » comme on le pense souvent avec la déformation du sens de ce mot qui s’est opérée. Bien au contraire, vu les actes de colonialisme génocidaire menés par les « civilisés » vis à vis des peuples sauvages comme les amérindiens.

Comme souligné dans cet article, l’anthropologue de Yale James C. Scott apporte un éclairage sur les raisons expliquant pourquoi des maladies ont proliféré avec l’émergence de la civilisation dans son dernier livre, Homo Domesticus. La concentration démographique et la proximité avec des animaux domestiques – eux aussi concentrés pour l’élevage – sont des causes centrales, de même que la déforestation – comme vu plus haut -, qui est aussi fondamentalement liée à la civilisation dans l’établissement et le fonctionnement des villes – mise en place de bâtiments et d’axes de circulation, élevage et agriculture intensive, … –, ainsi que pour leur expansion avec l’étalement urbain.

Pourquoi la contamination a été si phénoménale ?

1. Une contamination très rapide …

On a pu remarquer que la contamination au Covid-19 s’est très rapidement répandue au sein des populations. Une fois encore, la civilisation est une cause centrale. L’organisation en villes avec des densités de population phénoménales implique une proximité interpersonnelle constante qui favorise la propagation des maladies virales, notamment lorsque des réunions ou rassemblements font converger beaucoup de monde au même endroit, au même moment. Ce n’est pas un hasard si des départements peu denses ont été beaucoup moins affectés par la pandémie.

2. … qui a atteint l’échelle globale

Il n’y a pas grand-chose à ajouter de plus que ce qui est dit dans le texte mis en avant dans l’article du média le partage cité plus haut. On pourrait aussi souligner les conséquences sociales de la mondialisation économique ultra-libérale – dont la vulnérabilité est mise au grand jour avec le Covid-19 – qui a entraîné de nombreux désastres en mettant en relation à l’échelle mondiale les méga-sociétés productivistes. Ces dernières étant déjà pleines d’injustices sociales et de destructions écologiques. Cette mondialisation économique ultra-libérale a permis à des multinationales telles qu’Apple, Amazon, Total, les grandes marques de vêtements et d’autres grandes entreprises, de pouvoir exploiter des humains et ravager la planète sans limite géographique, à plus grande échelle.

Pourquoi cette maladie a-t-elle entraîné autant de conséquences sanitaires et sociétales ?

Beaucoup de personnes ont pointé la casse de l’hôpital public par les politiques d’austérité des différents gouvernements, comme il est formulé dans cet inspirant « monologue du virus ». Ce problème a effectivement aggravé la situation, c’est indéniable, et il est évident qu’il faut le combattre. Mais ce n’est pas l’unique raison du désastre sanitaire qui a eu lieu, ni de la situation sanitaire de la société d’une manière générale.

En effet, pourquoi les maladies se multiplient toujours plus dans les sociétés actuelles ? Nous avons déjà l’explication pour les maladies infectieuses d’origine animale. Mais n’est-ce pas qu’au fond ces sociétés sont malsaines, au point de rendre malades de plus en plus de personnes qui en font partie ? Les méthodes de soin sont-elles réellement adaptées ? Poursuivent-elles une logique cohérente ? Il paraît important de prendre en compte ces questions pour comprendre la pression croissante qui s’exerce dans le secteur du soin, bien évidemment décuplée par les politiques d’austérité.

1. Des sociétés malsaines

Les sociétés actuelles, capitalistes/productivistes et civilisées, sont en effet la source de nombreuses maladies, comme décrypté dans cet article (le passage sur « les gènes pathologiques qui auraient été « évincés » par la sélection naturelle » présente une formulation douteuse avec laquelle nous gardons de la distance).

Les aliments issus de la transformation industrielle, l’air pollué – qui facilite le déplacement du virus et aggrave ses conséquences sur la santé -, le manque d’activité physique saine remplacée par celle dans le monde de l’emploi – très souvent malsaine par les postures adoptées et les mouvements imposés – ou même au quotidien, le stress omniprésent, les conditions de vie coupées du vivant dans des villes hors sol et densément peuplées, l’exposition systématique à la lumière électrique avec les écrans, au bruit des véhicules et de certaines infrastructures, aux perturbateurs endocriniens, … Tous ces problèmes affaiblissent les corps et leur immunité, ce qui rend plus sensible aux maladies comme Covid-19 et moins apte à les affronter. Il y aurait donc beaucoup moins de malades à soigner – donc beaucoup moins de moyens à déployer – dans des sociétés plus saines qui n’affecteraient pas autant la santé humaine.

2. Des méthodes de soin incohérentes et perverses

En plus de créer toujours plus de maladies, ces sociétés utilisent des méthodes de soin des plus incohérentes et perverses. On considère que la médecine moderne est extrêmement efficace, mais quels objectifs poursuit-elle ? Est-ce qu’elle sert à maintenir la santé, ou bien seulement à traiter les symptômes des maladies provoquées par les sociétés modernes, sans en traiter les causes ?

Actuellement, la médecine moderne permet de beaucoup enrichir les laboratoires pharmaceutiques sur la maladie des gens. Il y a de ça des siècles en Chine, les femmes et hommes du monde médical étaient payé.e.s seulement si les personnes qu’elles suivaient ne venaient pas les voir après une visite de préparation pour la saison. Parce que cela voulait dire qu’elles avaient été correctement préparées pour ne pas être malades. En revanche, elles étaient soignées gratuitement si elles étaient malades et devaient consulter, car cela signifiait que les personnes qui les avaient préparées pour la saison n’avaient pas correctement joué leur rôle.

Mais dans la médecine moderne, c’est le contraire. On paye quand on est malade et on ne paye rien lorsque l’on n’est pas malade. Pour qu’elle se porte bien, il faut des malades, et plus il y en a, plus le secteur est lucratif. La médecine moderne ne renforce pratiquement jamais l’immunité de la personne pour lui permettre d’éviter d’être malade, il y a très peu de prévention. Par exemple, contrairement aux pays asiatiques, les futur.e.s médecins occidentaux ne sont pas formé.e.s sur l’alimentation, qui est pourtant une base essentielle de la santé et permet d’éviter beaucoup de maladies lorsqu’elle est saine.

Sans prévention, la maladie arrive, et dans les sociétés actuelles, avec l’immunité qui est mise à mal – comme développé plus haut -, la personne n’arrive plus à combattre le mal par elle même. C’est donc l’action médicale qui va se charger d’éliminer les symptômes – bien souvent sans traiter la cause de la maladie -, en ne laissant pas l’immunité jouer son rôle et en rendant la personne complètement dépendante de son intervention. La médecine occidentale actuelle ne va pas s’attaquer aux causes des problèmes mais seulement aux symptômes, contrairement à des méthodes plus holistiques (complètes) qui vont chercher les causes du mal au niveau physique, physiologique ou psychologique. C’est pour cette raison que la médecine moderne est si peu efficace pour tout ce qui est chronique – ancré, donc qui a une cause profonde -, tandis que des méthodes de soin alternatives – issues des médecines traditionnelles chinoise, indienne … – le sont beaucoup plus la plupart du temps. Cependant, dans l’urgence, la médecine moderne reste utile pour des cas avancés où les méthodes alternatives seules ne peuvent suffire.

Par ailleurs, les médicaments actuels présentent très souvent des effets secondaires non négligeables, comme souligné par un professeur indien en hôpital dans cet article : « Dans la médecine occidentale, on cherche à déterminer dans les plantes le principe actif, on l’isole et on le reproduit en créant des molécules artificielles. Lorsque ces dernières arrivent dans le corps, souvent par des capsules, des pilules, parfois par des injections, le corps dispose de moins de moyens pour se défendre, d’où la multiplication des effets secondaires. ». Pour l’illustrer, il donne l’exemple de l’aspirine : « Les humains ont observé que des animaux mâchaient les feuilles des saules. Ils ont fait de même et ont découvert que cela leur permettait de diminuer certaines souffrances. La médecine moderne a alors analysé les feuilles de saule et découvert la molécule qui a donné l’aspirine. Si mâcher les feuilles de saules n’a le plus souvent aucun effet secondaire, ce n’est pas le cas de l’aspirine artificielle. »

Enfin, la médecine moderne demande énormément de moyens matériels et humains pour un résultat parfois très peu satisfaisant – voire nul ou même contre-productif -, du fait de la logique incohérente et même perverse qui est souvent poursuivie par ses méthodes, comme développé précédemment. Il y a des risques très importants lorsque l’on dépend d’un système centralisé pour se soigner. En effet, les hôpitaux demandent beaucoup de ressources, d’énergie et de moyens pour fonctionner. Si la société s’effondre, comme au Vénézuela, ils ne fonctionnent plus et ne permettent plus de recevoir des soins. Quand les populations ne savent plus se soigner sans, elles se retrouvent alors sans aucune solution puisqu’aucune alternative décentralisée et autonomisante n’a été développée en parallèle … Les risques sont encore plus importants à l’heure actuelle avec la mondialisation des sociétés et la délocalisation des chaînes d’approvisionnement, donc une perte encore plus grande de résilience et d’autonomie locale en cas de crise et de rupture d’un des maillons de la chaîne. Même la production des médicaments a été délocalisée, alors qu’ils sont pourtant considérés comme des biens de première nécessité, comme la nourriture.

Or, comme les ressources et l’énergie risquent de plus en plus se raréfier avec les pics de production et l’effondrement très probable du système industriel mondialisé – étudié par la collapsologie -, il est assez urgent de trouver d’autres méthodes de soin qui demandent beaucoup moins de moyens pour ne plus dépendre de ce système centralisé, en plus d’être plus efficaces lorsque l’on veut réellement soigner.

Conclusion

Pour toutes ces raisons, une crise a été traversée et de nombreux pays ont choisi de confiner les populations, malgré les impacts économiques majeurs de cette mesure et son lot de conséquences qui peuvent entraîner une réaction en chaîne et accélérer le processus d’effondrement des sociétés. Elles en ont profité pour renforcer leur abus d’autorité et de contrôle en utilisant au passage la tactique du choc – un documentaire là dessus et une vidéo sur le lien avec la situation actuelle – pour que cette crise serve à faire accepter des mesures ultra-libérales déconstruisant les restes de protection sociale tout en amenant toujours plus de contrôle social – reconnaissance faciale, renforcement des contrôles, privation de liberté de réunion et de circuler – par le biais d’un « état d’urgence » qui progressivement finira sans doute par devenir permanent. Comme ce fut le cas pour l’état d’urgence terroriste, aujourd’hui pleinement intégré dans la loi. C’est aussi une formidable occasion pour la sphère dirigeante de forcer la numérisation de la société pour qu’elle continue malgré le confinement, comme développé dans cet article de Reporterre, ou celui-ci, de PMO (Pièces et Main d’Oeuvres) qui souligne aussi les dérives technologiques pour le contrôle social entre autre, et critique le productivisme, la civilisation et la mondialisation des sociétés.

Certaines personnes disent que c’est une bouffée d’air pour la planète, c’est vrai. Mais ça ne vient pas du tout d’une démarche volontaire, il s’agit simplement d’une conséquence logique du fonctionnement de ce système mortifère qui ne s’arrêtera sans doute pas avant d’avoir tout détruit, lui y compris. Tout reprendra de plus belle ensuite puisqu’il faudra « relancer l’économie ». Sans parler du fait que comme d’habitude, ce sont les personnes les plus précarisées, les moins responsables du désastre en cours, qui subissent le plus les conséquences de cette crise pendant que les plus responsables sont à l’abris. Et avec la multiplication des contrôles, certains fonctionnaires de police profitent de cette occasion pour se déchaîner dans des quartiers populaires en banlieue.

C’est donc certes une bouffée d’air pour la planète, mais temporaire, et ce n’est en rien souhaitable pour stopper le désastre social et écologique en cours – un texte de perspectives printanières dessus et une vidéo du biais vert -, ni pour la planète, ni pour les espèces vivantes, ni pour les personnes qui subissent déjà – parfois depuis longtemps – la violence exercée par ce système et qui sont les plus exposées aux conséquences de ses destructions alors qu’elles n’ont jamais participé à leur organisation. Il y a des pistes de solutions pour éviter le pire du pire et préserver le vivant, tout en permettant aux humains qui subissent la violence de ce système de pouvoir s’en émanciper. Ce sera l’objet de la deuxième partie de ce texte.

Pour aller plus loin, voici quelques liens utiles à découvrir sur notre site ressources :

L’article de Jean-Christophe Anna « Covid-19 : nos rapports à la vie et à la mort ne sont pas sains ! »