Fiche Pédagogique
Herboristerie
par Rachel Gaultier
Herboristerie
L’herboristerie est l’art de la préparation, la transformation et la commercialisation de plantes qui aident à préserver à la santé des êtres vivants. Contrairement à l’herbologie, science qui étudie les vertus médicinales des plantes, l’herboristerie est une discipline pratique plutôt que théorique.
Selon le Dictionnaire de l’Académie Française, l’herboriste (du latin herbula, petite herbe) est « celui qui connait les simples », nom générique et vulgaire des herbes et des plantes médicinales. Le métier d’herboriste a donc également une dimension de conseil aux utilisateurs·trices, puisqu’il s’agit d’informer sur les propriétés, les usages et précautions d’emploi.
Plan de la Fiche
- L’histoire de l’herboristerie
- Les plantes médicinales
- L’herboristerie aujourd’hui en France
- Les inconvénients de la pratique
- Se former à l’herboristerie
- Les livres incontournables
- Les vidéos à voir absolument !
- Pour aller plus loin…
Plaidoyer pour l’herboristerie
France Culture – mars 2014
L’histoire de l’herboristerie
Depuis des siècles, les humains utilisent les plantes pour se soigner. Si l’herboristerie est une tradition très ancienne, elle fait aujourd’hui encore partie de nombreuses cultures. L’OMS estime que 80% de la population mondiale utilise principalement des remèdes naturels pour se soigner.
En 3000 avant J.-C., les Sumériens utilisaient déjà les plantes pour guérir leurs maux. En se sédentarisant, les humains commencent à cultiver pour l’alimentation et découvrent les vertus thérapeutiques des plantes du potager. De l’Égypte antique au Moyen-Âge, en passant par la Gaule, la Chine impériale, l’Inde, ou la Grèce antique, des écrits référençaient les différentes plantes qui soignent. Au XVème siècle, les premiers herbiers apparaissent, compilant les connaissances sur les plantes médicinales et leur utilisation.
« Avant même l’Antiquité, ces derniers eurent recours à des herbes (qui au fil des siècles finirent par désigner légumes et condiments poussant au dessus du sol) ; à des « simples » (une plante ou quelques-unes associées alors dans un remède simple, devenant lorsqu’il tendait à être trop complexe dans son élaboration, le fait d’un « spécialiste ») ; à des végétaux que l’on n’hésitait pas à intégrer à des compositions incluant d’autres ingrédients tirés du monde minéral ou animal. » Yvan Brohard, « Des remèdes à portée de mains », dans Herbes, magie, prières, Une histoire des médecines populaires, Université Paris Descartes, Editions de la Martinière, 2013.
Au XIXème siècle, la révolution industrielle et chimique permet la production de nouvelles molécules, créées en isolant les principes actifs des végétaux. Les remèdes végétaux sont alors remplacés par les médicaments.
L’exode rural lié à l’industrialisation implique que les médecins, spécialistes et structures hospitalières se concentrent principalement dans les villes. Le manque d’autorité médicale dans les campagnes et le manque de moyens empêchent les paysans d’avoir recours à la médecine officielle. Les ruraux n’ont d’autre choix que de trouver eux-mêmes les remèdes à leurs maladies, dans leur environnement proche.
Le recours aux plantes médicinales est donc passé de mode à la fin du XIXème siècle, et leur production décline. Elles sont considérées comme trop peu efficaces, et restent associées aux classes paysannes (Yvan Brohard et Jean-François Leblond, Herbes, magie, prières, Une histoire des médecines populaires, 2013).
Les plantes médicinales
Selon la définition de la Pharmacopée française : « Les plantes médicinales sont des drogues végétales au sens de la Pharmacopée européenne dont au moins une partie possède des propriétés médicamenteuses. Ces plantes médicinales peuvent aussi avoir des usages alimentaires, condimentaires ou hygiéniques. »
L’idée est d’utiliser une partie ou la totalité de la plante, dont la complexité moléculaire est à l’origine des bienfaits. Ce type de médecine « naturelle » va donc à l’opposé de la médecine chimique (qui isole les molécules actives pour créer des médicaments). L’industrie pharmaceutique utilise aussi les plantes, lorsqu’elles contiennent des substances chimiques dont l’effet est scientifiquement reconnu, et qui ne ne peuvent pas être reproduites synthétiquement. Ces plantes sont alors cultivées en grande quantité.
La phytothérapie
« Phytothérapie : Traitement ou prévention des maladies par l’usage des plantes.
De nos jours et dans les pays occidentaux, il existe plusieurs spécialités, éventuellement combinées entre elles, qui utilisent les plantes à des fins médicales.
L’aromathérapie est une thérapeutique qui utilise les essences des plantes, ou huiles essentielles, substances aromatiques sécrétées par de nombreuses familles de plantes telles que, par exemple, les astéracées, les laminacées ou les opiacées, et extraites par distillation. Ces huiles sont des produits complexes à utiliser avec précaution et en respectant les doses prescrites, car ils ne sont pas totalement sans danger. La voie d’administration la plus intéressante, car la plus rapide et la moins toxique, est la voie percutanée (à travers la peau).
La gémothérapie se fonde sur l’utilisation d’extraits alcooliques et glycérinés de tissus jeunes de végétaux tels que les bourgeons et les radicelles appartenant à environ 60 plantes différentes. Les préparations sont présentées diluées au dixième. Chaque extrait est réputé avoir une affinité pour un organe ou une fonction. Par exemple, le macérat glycériné de bourgeons de Ribes nigrum, ou cassis, dilué au dixième, agit en tant que stimulant de la zone corticale des glandes surrénales, c’est-à-dire de la même manière que la cortisone.
L’herboristerie correspond à la méthode de phytothérapie la plus classique et la plus ancienne. Après être tombée en désuétude, elle est de nos jours reprise en considération. L’herboristerie se sert de la plante fraîche ou séchée ; elle utilise soit la plante entière, soit une partie de celle-ci (écorce, fleur, fruit, racine). La préparation repose sur des méthodes simples, le plus souvent à base d’eau : décoction, infusion, macération. Ces préparations sont bues ou inhalées, appliquées sur la peau ou ajoutées à l’eau d’un bain. Elles existent aussi sous forme plus moderne de gélules de poudre de plantes sèches, que le sujet avale. Cette présentation a l’avantage de préserver les principes actifs, qui sont fragiles. Pour que le traitement soit efficace en profondeur, les prises doivent s’étaler sur une période allant de 3 semaines à 3 mois.
L’homéopathie a recours aux plantes d’une façon prépondérante, mais non exclusive : les trois quarts des souches sont d’origine végétale, le reste étant d’origine animale et minérale. Sont utilisées les plantes fraîches en macération alcoolique. Ces alcoolats sont appelés teintures mères : c’est à partir de ces alcoolats que sont préparées les dilutions qui servent à imprégner les grains de saccharose et de lactose que sont les granules et les globules. La teinture mère la plus utilisée est celle de Calendula officinalis, ou fleur de souci.
La phytothérapie chinoise fait partie d’un ensemble appelé « médecine traditionnelle chinoise » qui inclut l’acupuncture et la diététique chinoise. Cette phytothérapie vise à modifier les quantités de différentes énergies ou le circuit de ces énergies dans l’organisme.
La phytothérapie pharmaceutique utilise des produits d’origine végétale obtenus par extraction et qui sont dilués dans de l’alcool éthylique ou un autre solvant. Ces extraits sont dosés en quantités suffisantes pour avoir une action soutenue et rapide. Ils sont présentés comme toute autre spécialité pharmaceutique sous forme de sirop, de gouttes, de suppositoires, de gélules, de lyophylisats, de nébulisats (extraits de plantes desséchées par la chaleur), etc. Les concentrations sont assez élevées et la non-toxicité de ces médicaments est parfois relative. »
Source : Larousse Médical, Éditions Larousse, 2022
L’herboristerie aujourd’hui en France
Le diplôme d’État d’Herboristerie a été supprimé par le régime de Vichy en 1941 et n’a jamais été rétabli. Le métier a donc quasiment disparu. Il n’existe pas de statut officiel d’herboriste en France. Seuls les pharmaciens·ciennes ont le droit de vendre les plantes pour leurs propriétés médicinales, exceptées les 148 « plantes médicinales libérées ». En 2018, le Sénat a lancé une « Mission d’information sur le développement de l’herboristerie et des plantes médicinales, des filières et métiers d’avenir » (voir l’article de Reporterre à ce sujet).
Pour beaucoup, l’herboristerie est une manière de reprendre en main une façon naturelle de se soigner. Puisque le métier n’est plus reconnu officiellement, faire la promotion de l’herboristerie est une prise de position éthique et politique. Mais il s’agit également de permettre à tous·tes de bénéficier de l’accès aux médecines alternatives et naturelles, d’utiliser toutes les vertus des végétaux, sans se limiter aux quelques plantes médicinales échappant au monopole de l’industrie pharmaceutique. En effet, le Code de la santé publique indique que seules les pharmacies peuvent vendre les plantes médicinales inscrites à la Pharmacopée (sauf 148 plantes en vente libre).
Les consommateurs·ices de plantes qui n’ont pas de connaissance sur les effets de ces dernières ne savent pas toujours comment les utiliser. Pourtant, les herboristes n’ont pas le droit de les conseiller et de les prévenir en cas de danger lié à une maladie ou à la prise de médicaments. En effet, ils ne peuvent légalement pas vendre leurs plantes en fonction de leurs vertus médicinales. Il est également interdit de préciser sur les paquets les contre-indications ou la posologie à respecter. Or, l’étude des plantes médicinales n’est qu’une branche des études de pharmacie, et les professions habilitées à les vendre et à conseiller sont insuffisamment formées à la phytothérapie.
Les inconvénients de la pratique
En fonction des besoins et des plantes, différents usages sont possibles : infusion, décoction, teinture mère, macérât huileux… En revanche, il est important de garder en tête que certaines plantes peuvent être dangereuses, voire mortelles. Être herboriste implique en effet une connaissance des plantes toxiques et une connaissance des normes et réglementations en vigueur. Pour les utilisateurs·ices, il existe par exemple des risques d’interaction avec des traitements médicamenteux ou de réaction allergique. Pour ne pas prendre de risque, il faut donc demander l’avis d’un médecin ou d’un spécialiste avant de consommer des plantes dans un but thérapeutique.
En cas de cueillette sauvage, attention à ne pas prélever de plantes protégées et à ne pas altérer la biodiversité. La promotion de l’herboristerie doit donc être accompagnée de la promotion d’un mode de consommation respectueux des ressources végétales qui sont fragiles et limitées.
Se former à l’herboristerie
Fédération Française des écoles d'herboristerie
LA FFEH a été créée en 2014
Sous l’impulsion de 5 écoles:
-ARH – Association pour le Renouveau de l’Herboristerie – http://www.arh-herboristerie.org
-EBH – Ecole Bretonne d’Herboristerie -http://www.capsante.net
-ELPM – Ecole Lyonnaise des Plantes Médicinales – http://www.ecoledeplantesmedicinales.com
-Ecole des Plantes de Paris -http://www.ecoledesplantes.net
-IMDERPLAM -Institut Méditerranéen de Documentation, d’Enseignement et de Recherches sur les Plantes Médicinales – http://www.imderplam.com
Chaque école a apporté son histoire, ses spécificités, son ancrage territorial dans cette Fédération riche d’échanges et de projets.
Cette présentation est directement tirée du site de la Fédération Française des écoles d’herboristerie.
Ecole Européenne d'Herboristerie
L’Ecole Européenne d’Herboristerie (EEH) asbl est un organisme d’enseignement de niveau supérieur
fondé en 2001 à l’initiative de spécialistes de la filière des PPAM – des botanistes, des chimistes,
des experts en phytothérapie, des herboristes et des producteurs de pays européens.
Nous organisons des formations à distance pour les publics francophones à travers le monde.
PPAM : Plantes à Parfums, Aromatiques et Médicinales.
Notre équipe pédagogique dispense des formations aux professionnels de la santé, du bien-être et
des boutiques de produits naturels ainsi qu’aux personnes qui désirent suivre un enseignement
dans le cadre d’une reconversion ou introduire les plantes médicinales dans leur quotidien.
Cette présentation est directement tirée du site de l’Ecole Européenne d’Herboristerie.
Institut Français d’Herboristerie
Nous proposons une formation à distance sur deux ans, permettant d’acquérir les connaissances préalables au métier d’herboriste. Ainsi, de la production/cueillette des plantes à leurs propriétés et utilisations, en passant par leur transformation, nous abordons toutes les facettes de l’herboristerie. Cet enseignement, dispensé dans le plus grand respect des plantes, de la Nature, des hommes et des femmes, permet de faire le lien entre les connaissances ancestrales des usages des plantes médicinales et les découvertes scientifiques récentes expliquant les mécanismes de leurs actions.
Liste des matières enseignées
Organisé par matière, contenant chacune 1 livret de cours, l’enseignement théorique est complété par deux sessions pratiques d’une semaine (ateliers, sorties botaniques, visites). En 1re année, la session en présence concerne les plantes sauvages, tandis qu’en 2e année, il concerne les plantes cultivées. Un stage en milieu professionnel de 70 heures vient consolider l’enseignement pratique. Des exercices sont régulièrement envoyés aux professeurs, et des journées de regroupement élèves/professeurs nous permettent de garder un lien permanent avec nos élèves. Les professeurs et intervenants sont des enseignants diplômés et des professionnels en activité.
En fin de formation, nous délivrons une attestation de compétence préparatoire au métier d’herboriste. Nos élèves pratiquent ensuite de nombreuses activités autour des plantes, telles que la production de PPAM (Plantes à Parfum, Aromatiques et Médicinales), la fabrication de cosmétiques, la vente de plantes et tisanes, l’animation nature, la cuisine végétale, le conseil en ventes de produits naturels, l’édition nature et bien-être, le dessin botanique, les teintures par les plantes… et de nombreuses autres activités à inventer…
Cette présentation est directement tirée du site de l’Institut Français d’Herboristerie.
Syndicat professionnel de productrices et de producteurs de plantes aromatiques et médicinales
S.I.M.P.L.E.S. est l’acronyme de Syndicat Inter-Massifs pour la Production et L’Économie des Simples.
Créé en 1982 sous l’impulsion d’un groupe de productrices et producteurs installés dans des secteurs de montagnes désertifiés, le syndicat regroupe aujourd’hui plus de 180 productrices et producteurs réparti-e-s dans les différences massifs montagneux français mais aussi en plaine, dans des îlots préservés.
Une marque a été créée pour identifier les produits fabriqués par les adhérents du syndicat.
Elle est identifiable par un étiquetage reprenant le logo du syndicat :
Les professionnels disposant de la marque SIMPLES respectent un cahier des charges très strict en ce qui concerne la protection de l’environnement, la préservation des ressources floristiques, la qualité de la production et le respect du consommateur.
Notre structure se mobilise pour :
– contribuer au maintien des agriculteurs en zone de montagne et sur les territoires marginalisés,
– promouvoir la production en agrobiologie et la commercialisation de plantes aromatiques et médicinales de qualité,
– la professionnalisation du métier de cueilleur, le respect des bonnes pratiques de cueillette et la bonne gestion de la ressource, en partenariat avec l’AFC, Association française des cueilleurs
– sauvegarder et revaloriser les usages, les savoirs et savoir-faire traditionnels relatifs aux plantes aromatiques et médicinales en développant notre activité et nos réseaux et en proposant à un large public des ateliers et stages d’initiation à la botanique ou à l’herboristerie,
– participer, en tant que détenteurs d’un corpus de savoirs sur les plantes médicinales, au débat sur la reconnaissance d’un nouveau diplôme d’herboriste, qui serait celui de paysan-herboriste. Une Fédération des Paysans Herboristes a été crée dans ce sens.
– informer et sensibiliser un large public à la protection de l’environnement et aux démarches alternatives de production agricole (agroécologie, biodynamie, cueillette raisonnée, etc.) ainsi qu’aux démarches alternatives de santé et d’hygiène de vie (alimentation sauvage, phytothérapie…),
– favoriser les échanges et les expériences avec d’autres producteurs de plantes aromatiques et médicinales dans le monde.
Cette présentation est directement tirée du site du S.I.M.P.L.E.S.
Fédération des Paysan.ne.s Herboristes Fédération des Paysan.ne.s Herboristes
La fédération a été créée à l’initiative de producteurs.trices de plantes médicinales et aromatiques pratiquant la vente en circuits courts.
Elle regroupe différents organismes (Le Syndicat SIMPLES: Syndicat intermassifs pour la production et l’économie des Simples, la FNAB: Fédération nationale de l’agriculture biologique, le MABD: Mouvement d’agriculture biodynamique) et groupements de producteurs.trices.
Des personnes physiques y adhèrent également à titre personnel : en tant que membres actifs.ves (producteurs.trices de plantes médicinales installé.e.s ou en cours d’installation) ou en tant que membres associé.e.s par soutien et pour l’intérêt qu’elles portent au métier de paysan.ne-herboriste.
Cette présentation est directement tirée du site du S.I.M.P.L.E.S.
Les livres incontournables
Plaidoyer pour l’herboristerie
Thierry Thévenin
Actes Sud – 2013
Les plantes sauvages
Thierry Thévenin, Pierre Lieutaghi
Loucien Souny – 2019
Les vidéos à voir absolument
En quête des nouveaux herboristes – Bande annonce
Daniel Schlosser (Les Docs du Nord) – septembre 2018
Découvrir le métier de paysan.ne herboriste
Les Plantes de Mathilde – novembre 2022
Herboriste : comment sauver ce métier en voie d’extinction ? – La Quotidienne
Samedi à tout prix – avril 2021
Herboristes : ces passeurs de savoirs malmenés par la loi – L’EXTRA Lab S7E2
Inexploré TV – mai 2022
Pour aller plus loin…
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