Face à l’injonction à « relancer l’économie », désertons ce système destructeur des humains et du vivant pour développer des alternatives et ainsi développer la résilience populaire en allant vers l’autonomie, et en le faisant de manière solidaire avec les personnes opprimées pour les aider à s’émanciper

Alors que le gouvernement et les dirigeants économiques ne cessaient de prévenir « Il faudra faire des efforts pour relancer l’économie », leur projet de destruction des droits du travail pour faciliter cette « relance » avait déjà commencé.

Les membres de la classe dirigeante politique et économique ont choisi d’utiliser la « Stratégie du choc » – « Tactique du choc » conviendrait mieux -, c’est à dire qu’ils ont profité de la crise vécue pour faire passer en force des mesures découlant de leur idéologie ultra-libérale mortifère – couplées à un contrôle social accru -, qui n’auraient jamais été autant acceptées en temps normal. Certaines mesures de l’état d’urgence sanitaire qui octroyaient des pouvoirs exorbitants au gouvernement pourraient très bien finir par devenir permanentes et être utilisées abusivement par la suite pour le contrôle social. Comme ce fut le cas de l’état d’urgence terroriste qui a fini par être intégré dans le droit commun et a grandement servi dans la répression des contestations sociales et écologistes (2 articles à ce sujet, un de Reporterre et un de Révolution permanente).

L’explosion des dettes nationales face à la crise du Covid ne sera pas sans conséquence, la Grèce le vit déjà depuis plusieurs années après la crise des subprimes. Comme on pouvait s’y attendre, de nombreux « plans sociaux » – pour ne pas dire plans de licenciements massifsse préparent. Les conséquences risquent d’être très violentes pour les personnes qui seront touchées, dans une économie déjà fragile et injuste de par son organisation capitaliste ultra-libérale.

La vidéo de Partager c’est sympa sur la stratégie du choc au moment de la crise du Covid

Mais pourquoi relancer l’économie d’un système aussi morbide ? Ce même système composé des sociétés malsaines – qui exploitent et persécutent des êtres humains, qui détruisent le vivant – et menace de s’effondrer inévitablement avec des conséquences sociales encore plus désastreuses.

Est-ce qu’il ne serait pas justement temps de s’organiser et développer des alternatives à ce système ? En sortir quand c’est possible, et permettre aux personnes qui ne le peuvent pas pour le moment d’avoir cette possibilité par la solidarité dans des écolieux, écovillages ou zones autonomes?

C’est l’objet de cet appel. Face à l’injonction à « relancer l’économie« , trahissons ce système destructeur des humains et du vivant pour développer des alternatives et ainsi développer la résilience populaire en allant vers l’autonomie, et en le faisant de manière solidaire avec les personnes opprimées pour les aider à s’émanciper ! Pour faire émerger des sociétés résilientes, justes socialement et soutenables écologiquement, donc durables.

Le témoignage d’Alexandre Boisson recueilli par Clément Monfort sur les risques systémiques

À l’instar de Superlocal qui fédère autour de la résistance à des projets locaux polluants et destructeurs, pourquoi ne pas créer des réseaux de groupes locaux permettant à des personnes en quête d’autonomie et de résilience qui sont proches géographiquement de connaître leur existence mutuelle ? Elles pourraient ainsi se rencontrer, interagir, pour ensuite faire des choses ensemble comme des chantiers participatifs de constructions ou plantations, des rencontres conviviales pour échanger des astuces et réflexions …

Faire des choses ensemble peut permettre d’accélérer grandement le développement de la résilience et l’autonomie locale, territoriale, voire inter-territoriale, en utilisant la puissance du réseau, le plus localement possible pour commencer.

Beaucoup de groupes de discussions existent déjà sur Facebook, Transiscope référence de nombreuses initiatives, mais il n’existe que très peu de réseaux de groupes locaux organisés et décentralisés pouvant donner des opportunités d’agir concrètement, ensemble, là où l’on est. Ces réseaux pourraient prendre de multiples formes avec des plateformes sociales pour se rencontrer et des logiciels pour s’organiser et échanger collectivement à distance. À moins qu’il n’y en ait pas besoin dans le cas d’un réseau très local, ce qui est l’idéal.

Des alternatives émergent dans la production de nourriture avec les techniques sur sol vivant – en refusant les pesticides et le labour – appliquées au jardinage ou au maraîchage, les jardins forêts qui permettent de compléter les écosystèmes existants – évitant ainsi de déforester pour installer des monocultures céréalières – ou régénérer les écosystèmes dégradés, recréer des écosystèmes fonctionnels – en partant de la base telle qu’une prairie -, multi-étagés, qui permettent le retour de la biodiversité, créent des micro climats, stockent du carbone et produisent de la nourriture avec très peu d’intervention humaine. Fabrice Desjours, qui a créé un jardin forêt en Bourgogne il y a 9 ans avec plus de 1000 espèces comestibles sur 2.5 hectares, présente ce concept dans une vidéo.

Le documentaire de Demos Kratos sur les jardins-forêts avec Fabrice Desjours

Il y a aussi des solutions dans la construction en utilisant le bois, la terre et la paille, dans l’organisation politique, sociale et économique avec la pensée anarchiste qui accorde beaucoup d’importance au partage, à la coopération, l’entraide, l’intelligence collective et participative – qui est très utilisée dans la gouvernance partagéel’autogestion, comme expérimentée sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes. Les ZAD permettent d’ailleurs de protéger des terres, tout en expérimentant des alternatives qui sont des pistes pour recréer des zones d’autonomie et de résilience, pouvant elles mêmes permettre de s’émanciper du système et accueillir des personnes précarisées qui en sont prisonnières pour ainsi leur donner la possibilité d’en sortir.

Bien sûr, cette nécessité de développement des alternatives n’enlève rien à la nécessité d’une résistance, il ne s’agit pas d’opposer les deux. Que ce soit avec Superlocal, la désobéissance ou l’action directe type blocage voire sabotage, toutes ces tactiques s’inscrivent dans une lutte globale. Le développement d’alternatives et la résistance doivent avancer ensemble, se soutenir et se nourrir l’une et l’autre. Parce que sans résistance, le développement des alternatives sera entravé par le système qui réprimera et les détruira pour poursuivre son projet mortifère. Mais sans développement d’alternatives, la résistance risque de ne jamais aboutir à des améliorations et ne pourra pas tenir dans la durée. Il faudra se battre pour gagner, se régénérer, soi, les autres et la vie sur Terre.

La vidéo de Partager c’est sympa sur la résistance face à l’effondrement systémique à prévoir

Notre projet – qui porte le nom de l’Archipel du Vivant – agira dans ce sens. Nous ferons de notre mieux pour aider à développer la résilience populaire par l’autonomie dans tous les domaines (alimentaire, habitat, économie, politique, social) et à toutes les échelles (locale, territoriale, inter-territoriale), à la fois en diffusant du contenu, des références, des renseignements – dans le but de sensibiliser, informer et orienter les personnes et collectifs en quête d’autonomie et de résilience -, mais aussi en créant du lien entre ces acteurices pour leur permettre d’utiliser la puissance du réseau, indispensable dans cette quête. Nous souhaitons contribuer à ce qu’adviennent d’autres sociétés, basées sur des micro-sociétés autonomes, résilientes, justes socialement et soutenables écologiquement, et qu’elles soient prêtes face à l’effondrement inévitable de l’ancien modèle qui les façonnaient, dans l’espoir que beaucoup de sociétés du monde le seront, par la coopération, l’entraide et l’autonomie.

Des personnes et collectifs ont déjà commencé cette démarche de développement de la résilience et l’autonomie comme l’association SOS Maires qui sensibilise des maires aux risques systémiques, Inaya Permaculture qui donne la possibilité à des personnes réfugiées en Jordanie de se former à la permaculture et l’autonomie, Permacopia qui propose aussi des formations complètes sur ces thèmes, Désobéissance fertile qui forme à l’autonomie, met en lien des personnes ayant des projets d’habitat léger avec d’autres qui ont des terres, recense des lieux de formation et à défendre, rédige des documents d’aide pour l’installation d’habitats légers … et bien d’autres y contribuent. Il ne reste qu’à les rejoindre quand c’est possible, et donner la possibilité aux personnes qui ne le peuvent pas de pouvoir se libérer du système qui les oppresse.

L’ancien modèle a fait bien trop de ravages dans les sociétés et les écosystèmes, il est nécessaire qu’il s’effondre. Mais pour éviter le pire, il faut que d’autres émergent, justes socialement, soutenables écologiquement, résilients et donc durables. Tout est à faire, imaginer, expérimenter et créer.

« Quand le dernier arbre sera abattu, le dernier poisson capturé et la dernière rivière empoisonnée, alors le visage pâle comprendra que l’argent ne se mange pas. » Sitting Bull

« Il ne faut pas compter sur ceux qui ont créé un problème pour le résoudre » Albert Einstein