Suite aux révélations de violences policières illégitimes et de propos racistes subis par le producteur Michel Zecler – notamment avec les révélations du syndicaliste policier Noam Anouar sur cette affaire –, il serait temps de réfléchir en profondeur sur le fonctionnement actuel de l’institution policière et ses défauts, de plus en plus graves

Ce texte s’adresse aux policières et policiers désormais forces de l’ordre, ex gardiens de la paix. Forces d’un ordre protecteur d’intérêts qui perpétuent des oppressions d’êtres humains et des destructions du monde vivant, lequel risque bientôt d’être totalement annihilé si rien ne change. Il s’adresse principalement aux personnes qui parmi la corporation policière ont un certain sens de la justice et veulent protéger la population, plus que faire appliquer des lois, même illégitimes, et sentent que quelque chose ne va pas dans leur institution.

INTRODUCTION : UN CONTEXTE DE RÉVOLTES CROISSANT, TOUT COMME LA RÉPRESSION…

Voilà des années que vous êtes confronté·e·s à différents mouvements sociaux (révolte des banlieues, anti-CPE, contre la loi travail, Gilets Jaunes, grévistes contre la réforme des retraites..) avec des milliers de personnes blessées de part et d’autre … Beaucoup de personnes ont souffert de la répression qui s’est abattue sur elles lorsqu’elles ont simplement voulu manifester leur colère face aux choix des gouvernants. Soit physiquement par les coups, les gaz, les grenades ou les balles de “défense”. Soit psychologiquement avec les intimidations, les arrestations et poursuites judiciaires abusives par milliers – dénoncées dans un rapport d’Amnesty International – ou tout simplement en voyant la brutalité déployée dans les manifestations, bien souvent plus pour réprimer que garder la paix. Nier toute cette souffrance relève de la sociopathie.

Mais nier votre souffrance face aux révoltes qui se multiplient et à l’évolution de la société ne serait pas juste non plus. Les conditions dans lesquelles vous évoluez paraissent affreuses, que ce soit le rythme, la pression de la hiérarchie, le manque de moyens, l’exposition aux conséquences des choix des gouvernants qui créent de la misère, de la colère et du désespoir dans la société … C’est destructeur, physiquement et psychologiquement.

Voilà pourquoi, il serait bon de vous demander pourquoi vous vivez cette souffrance croissante ? Pourquoi est ce que vous affrontez des contestations de plus en plus violentes ? Pourquoi êtes-vous de plus en plus engagé·e·s et sollicité·e·s ? Pourquoi la façon dont votre hiérarchie vous traite au sein de votre institution est si peu respectueuse de vos besoins ? C’est toutes ces questions que vous devriez vous poser sur votre institution et la nature de votre fonction, de votre engagement. Parce que l’état de la société les conditionne, et que les choses ne font qu’empirer …

Une vidéo de Brut revenant sur les récentes contestations et comment en est-on arrivé là

DES INJUSTICES PASSÉES SOUS SILENCE, QUI ATTISENT LA COLÈRE…

Des agissements brutaux et abusifs

Lors du mouvement des Gilets Jaunes, nous avons vu des forces de l’ordre violenter injustement et abusivement de nombreux·ses manifestant·e·s (voir le documentaire sur la répression d’état par streetpress plus bas), quand il ne s’agissait pas de tirs des fameux “Lanceurs de Balles de Défense” – dénoncés par David Dufresne – ou de lancers de grenades pouvant grièvement blesser. Ce mouvement était pourtant très légitime dans sa colère mais a subi une violence et une répression inouïes. Bien avant, d’autres mobilisations de masse avaient été réprimées, sans que l’on en ait forcément conscience à cause de la désinformation effectuée par les médias les plus regardés.

De la même manière, les expulsions de Zones À Défendre (ZAD) ont parfois été abusivement violentes, comme à Notre-Dame des Landes où une personne a eu une main soufflée par une grenade explosive. Certes, la résistance à l’expulsion était parfois très violente, mais en déclenchant brutalement les hostilités et en alimentant l’escalade de la violence jusqu’à cet extrême, il ne fallait pas s’attendre à un apaisement … Un conflit ne se règle pas forcément que par la force, à moins que l’on veuille écraser son adversaire dans la brutalité … Ce qui, en principe, ne devrait pas être recherché lorsqu’il s’agit de militant·e·s écologistes voulant défendre des terres. Sans diplomatie – qui est pourtant très utilisée dans la gestion des conflits lors des interventions d’unités d’élite comme le RAID -, il ne faut pas s’étonner que l’opposition devienne très violente …

En dehors du terrain des manifestations et des ZAD, comme l’a dénoncé Anonymous ce qui est arrivé à Georges Floyd il y a quelques temps était un écho à ce qui est arrivé à bien d’autres personnes en France – Cédric Chouviat, Steve Maia Caniço, Zineb Reddouane, Adama Traoré, Gaye Camara, Lamine Dieng, et beaucoup d’autres recensé par Le peuple uni -, comme dans de nombreux pays… Le premier confinement a été une période de déchaînement encore plus intense de violences illégitimes et disproportionnées commises par certains policiers dans les quartiers populaires, comme l’a souligné une vidéo d’Usul. Ce n’est pas pour rien que des émeutes avaient émergé, quand on sait que ces persécutions durent depuis des décennies

Quels recours face à ces injustices ?

Ce n’est pas un hasard si des manifestant·e·s montraient de la sympathie pour des gens constituant des black blocs. Ils·elles se sentaient plus protégé·e·s avec eux et elles qu’avec les forces de l’ordre qu’ils·elles craignaient ou détestaient.

Comment se protéger quand les personnes censées “garder la paix” font usage de la violence de manière abusive et disproportionnée ? Comme l’a montré la réaction de Michel Zecler qui a crié “Appelez la police”, désemparé et désespéré par la violence illégitime qu’il subissait. Si l’on essaye de se défendre, ce sera “outrage-rébellion”, “violence sur personne dépositaire de l’autorité publique”. Par exemple, pour se couvrir, les policiers avaient inventé de fausses accusations contre Michel Zecler. Les jeunes qui l’accompagnaient ont passé 48h de garde à vue pour des motifs inventés par les policiers dans le but de camoufler leurs actes. On se pose alors la question, comme Noam Anouar l’a formulé, combien de personnes ont été envoyées en prison à cause de fausses accusations créditées par principe puisqu’elles viennent de policiers ?

Il n’y a pratiquement aucune issue pour les personnes qui subissent parfois une violence démesurée et injustifiée de certains policiers – pouvant mener jusqu’à la mort -, et qui sont derrière accusées de méfaits mensongers. D’autant plus quand les faits ne sont pas filmés, ce qui risque d’être encore plus fréquent avec la nouvelle loi sécurité globale. En effet, elle sera très certainement utilisée pour empêcher des personnes de filmer des abus policiers en jouant sur le flou de la formulation, comme le délit de “participation à un groupement en vue de commettre des violences ou des dégradations”. Parce que des lois moins floues existent déjà pour punir les délits formulés dans cette nouvelle loi, comme l’a précisé Alexandre Langlois. Des entraves à la liberté de la presse ont déjà eu lieu à de multiples reprises, encore récemment le 21 novembre après la manifestation contre cette loi loi sécurité globale quand des journalistes ont été nassés. Sans les images pour Michel Zecler, il aurait été entendu comme coupable et non victime.

L’IGPN quant à elle n’empêche pas les dérapages sur le moment, même si elle peut sanctionner après. Si tant est que l’enquête aboutisse et reconnaisse la faute. D’autant qu’elle n’inquiètera quasiment jamais la hiérarchie qui a mis en place les conditions propices aux excès de violence, ils pourront donc se répéter. Dans des cas de violences policières illégitimes, la légitime défense n’a donc pas de raison de ne pas être une possibilité permise par la loi, même face à des représentants du monopole de la violence légale qui, au passage, est loin d’être toujours légitime et proportionnée. Sans sagesse, la force s’exprime sans limite et cause trop de torts.

Certes, parfois vous êtes amené·e·s à utiliser la force pour vous défendre, mais ce devrait être fait avec mesure, ce qui n’a pas été le cas un certain nombre de fois, quand ce n’était pas carrément des attaques illégitimes. Lorsque l’on n’est plus capable de se contrôler pour savoir s’arrêter quand il faut, c’est que l’on ne devrait pas intervenir… Mais c’est justement ce qui est recherché par votre institution, qui vous impose des conditions de travail des plus délétères, stressantes et épuisantes, et affiche son soutien lorsque des actes illégitimes sont commis par explosion de colère ou malveillance sereine.

Un documentaire traitant de la répression démesurée qui s’est abattue sur le mouvement des gilets jaunes

LES ROUAGES D’UN SYSTÈME BIEN FICELÉ

Votre engagement

Quand la société va mal, vous – avec d’autres secteurs comme le soin, les pompiers, les associations d’aide aux personnes en situation précaire – le voyez et le vivez davantage. Vous subissez les conséquences de la souffrance populaire, notamment quand elle se révolte face aux injustices du fonctionnement actuel de la société. Vous faites le sale boulot que les dirigeants économiques – les ploutocrates : les grands patrons de multinationales et les banques notamment – ne veulent pas faire. Ils en sont de toute manière incapables par eux-mêmes, qu’il est indispensable au maintien de leurs privilèges et de l’injustice qu’ils font subir à une grande partie de la société. C’est pour cela qu’ils font appel aux dirigeants politiques – le gouvernement – pour manipuler les règles de la société afin qu’elles leur profitent – le très bon court-métrage « Jeu de Société » réalisé par Les Parasites et vu plus de 4 millions de fois met en scène le fonctionnement actuel de la société. En se conformant à leurs exigences, les dirigeants politiques reçoivent des faveurs des dirigeants économiques, ou alors y sont contraints par la puissance économique dont ces derniers disposent – leur poids économique leur permet d’avoir un impact potentiel très conséquent sur la société en fonction de leurs choix -, quand ils ne sont pas déjà dans le même bain idéologique, comme le président actuel.

Les dirigeants politiques orientent ensuite votre commandement pour faire respecter ces règles et votre hiérarchie vous contrôle pour vous empêcher par tous les moyens de vouloir et pouvoir un jour vous allier à une contestation populaire que vous trouveriez légitime. Parce que votre hiérarchie est main dans la main avec les dirigeants politiques qui leur accordent des faveurs. Des faveurs dont vous ne profitez pas, mais même si vous en profitiez, ça ne change rien à la souffrance vécue par une partie de la population à cause des choix politiques, sous influence des dirigeants économiques. Donc en plus du problème éthique s’il ne suffit pas, c’est vous qui subissez les conséquences de cette souffrance populaire. Les dirigeants économiques ont besoin de vous pour réprimer les contestations populaires. Si vous ne le faites plus, ils n’ont plus de moyen d’imposer leur ordre économique et social injuste, ils ne peuvent plus tenir de rapport de force face à la population et devraient alors céder et perdre leurs privilèges.

Une institution qui déshumanise, une hiérarchie qui broie …

C’est pour cette raison que votre institution vous fait souffrir, pour vous transformer progressivement en machines sans empathie, sans compassion, qui ne font qu’obéir aux ordres sans discernement, même s’ils sont illégitimes et trop violents, comme l’a dénoncé Laurent Nguyen, syndicaliste policier chez Vigi. Elle vous déshumanise et vous expose au malheur de la société créé par ce système géré par les politiciens·nes et voulu par les ploutocrates. C’est un élément central de l’institution policière pour ensuite vous pousser à un contrôle social plus dur et une répression plus brutale des contestations, afin d’y mettre un terme par la terreur et la violence. Vous détruire psychologiquement pour vous pousser au pire

Seulement voilà, même les membres des forces de police qui n’en peuvent plus de leurs conditions de travail – à juste titre vu comment cette institution est malsaine, comme dénoncé dans cet article et dans cette interview d’Alexandre Langlois – ou ne supportent plus la façon dont on les utilise, sont coincés par la contrainte économique … La situation est verrouillée et ne fait qu’empirer, alimentant un cycle infernal

L’interview d’un CRS par Demos Kratos au début des mobilisations des Gilets Jaunes sur les problèmes au sein de l’institution policière

UN CYCLE INFERNAL…

Des mots ne suffisent pas tant que vous obéissez

Au moment de la révolte des Gilets Jaunes, plusieurs personnes dans vos rangs disaient explicitement qu’il fallait une réponse politique. Seulement voilà, vous pouvez le dire autant que vous voulez, tant que le gouvernement n’y est pas contraint, il ne changera pas de cap. À la fois parce qu’il croit aller dans la bonne direction alors qu’il est complètement déconnecté des souffrances populaires et est donc incapable de comprendre qu’il fait du mal par ses choix, ni de trouver des solutions pertinentes pour les apaiser. Mais aussi parce que les lobbys sont là pour le contraindre, par leur puissance économique, quand il n’irait pas déjà dans leur sens.

Donc des mots ne suffisent pas, et tant que vous êtes là pour réprimer les contestataires, le gouvernement n’est pas suffisamment contraint au point d’être obligé de trouver des solutions pertinentes – à contre-courant de sa volonté ou celle des lobbys – pour résoudre la souffrance populaire. Vous avez un pouvoir de contrainte vis à vis du gouvernement qui est parmi les plus puissants, mais si vous ne l’utilisez pas pour contribuer au rapport de force populaire, et qu’au contraire vous neutralisez ce dernier par votre puissance d’action, les choses ne s’arrangeront pas, elles empireront et cristalliseront toujours plus, en alimentant un cycle infernal toujours plus violent – comme en parle ce CRS interviewé par Demos Kratos – … Au point d’en arriver à des scènes où des policiers sont dépassés dans les mobilisations et subissent des coups en position de faiblesse – une vidéo d’un policier frappé plusieurs fois en position de faiblesse et filmée par Amar Taoualit lors de la manifestation du 28 novembre tournait sur Twitter mais elle a été supprimée … – , ce qui est désolant … Cependant, il faut bien avoir conscience que dans plusieurs cas d’images de policiers frappés en position de faiblesse, ils ont des protections et n’auront pas à s’inquiéter des coups qu’ils ont portés au niveau des poursuites judiciaires, ce qui n’a pas été le cas pour Michel Zecler et beaucoup d’autres personnes … Ce n’est pas pour autant que s’en prendre à des policiers en position de faiblesse est légitime, c’est un abus, mais il faut bien avoir conscience qu’il s’agit d’une situation différente de celle vécue par Michel Zecler, avec des conséquences différentes.

Ne vous trompez pas de responsable

Ce n’est pas aux manifestant·e·s ou à des personnes lambda de subir les conséquences des déchaînements de colère de policiers à cause de ce qu’ils endurent, c’est à ceux qui orientent et organisent votre institution de cette manière qu’il faut s’en prendre. Sinon, ce n’est pas étonnant que des gens perdent patience et finissent par vous huer, vous insulter, scander « ACAB » ou vous lancer des projectiles, de la canette aux pavés, voire vous frapper ou pire … Ça n’arrangera pas les choses, c’est évident, et parfois c’est aussi abusif, mais de la même manière qu’il y a une tendance dans votre corporation à justifier des abus de certains de vos collègues par le stress, la fatigue et la colère, ces agissements révoltés sont aussi le fruit d’une colère, de la fatigue et du stress, qui ne se justifient pas toujours mais s’expliquent. Face à des situations de vie précaires, face à une impunité de certains de vos collègues qui font du mal injustement à des personnes qui manifestent leur révolte à cause de ce qu’elles vivent ou veulent dénoncer ou à des personnes qui n’ont pas la bonne couleur de peau à leurs yeux …

De plus, quand des personnes – pas forcément d’un black bloc – cassent des vitrines de multinationales qui font fortune en exploitant des gens et en détruisant la vie sur Terre, cet acte ne fait qu’exprimer la rage face à l’injustice de leur règne, renforcée par la répression endurée. Entre la violence sociale et écologique qu’elles infligent à grande échelle et la casse d’une vitrine, la différence du degré de violence est pourtant flagrante. Simplement, une vitrine cassée se voit, des personnes déshumanisées, exploitées ou dépossédées de leurs terres, des êtres vivants exterminées, ça ne se voit pas quand on ne le vit pas.

C’est un cercle vicieux qui ne s’arrêtera jamais si vous ne cherchez pas à
comprendre les raisons qui poussent des personnes à commettre ces actes :

« Il y a trois sortes de violence. La première, mère de toutes les autres, est la violence institutionnelle, celle qui légalise et perpétue les dominations, les oppressions et les exploitations, celle qui écrase et lamine des millions d’humains [et d’êtres vivants] dans ses rouages silencieux et bien huilés. La seconde est la violence révolutionnaire, qui naît de la volonté d’abolir la première. La troisième est la violence répressive, qui a pour objet d’étouffer la seconde en se faisant l’auxiliaire et la complice de la première violence, celle qui engendre toutes les autres. Il n’y a pas de pire hypocrisie de n’appeler violence que la seconde, en feignant d’oublier la première, qui la fait naître, et la troisième qui la tue. »

Helder Camara, évêque brésilien connu pour sa lutte contre la pauvreté.

L’excellent entretien du vent se lève avec Laurent N’Guyen, CRS et syndicaliste chez Vigi, et Maxime Nicolle, figure médiatique des Gilets Jaunes

UN AVENIR DES PLUS SOMBRES SI RIEN NE CHANGE PROFONDÉMENT…

Le vent tourne …

L’opinion commence à tourner, l’immunité dont vous disposiez commence à sérieusement voler en éclats avec les récents scandales de violence policière illégitime dans les manifestations des Gilets Jaunes ou celles qui ont conduit à la mort de Zineb Reddouane, Steve Maia Caniço, Cédric Chouviat ou encore très récemment, aux blessures de Michel Zecler. Malgré tous les efforts du gouvernement en termes de communication pour défendre les abus dont certains de vos collègues se rendaient coupables, désormais les débats changent de nature, votre institution est secouée par des crises à cause de comportements et d’idéologies malsaines qui la gangrènent depuis des années, mais qui commencent à être révélées seulement maintenant par les images, les enregistrements – comme celui du groupe de policiers racistes de Rouen – et la libération de la parole de policiers dans vos propres rangs. Qui vous soutiendra si vous perdez la confiance d’une part toujours plus grande de la population ?

Et la situation ne risque pas d’aller en s’arrangeant …

Les tensions risquent de s’accentuer avec les crises qui se préparent à cause des agissements des gouvernants et de la perpétuation de ce système mortifère. Le mouvement des Gilets Jaunes n’était qu’un début, il s’agissait d’émeutes de précarité. Des émeutes de survie seront encore bien pires. Certaines personnes parmi les forces de l’ordre ont vu le témoignage d’Alexandre Boisson, ex-garde du corps des présidents français, inquiet pour la stabilité sociale face aux risques d’effondrement de la société. C’est d’ailleurs ce même effondrement dont parlaient le groupe de policiers racistes de Rouen.

En tant que forces de l’ordre, il est urgent que vous écoutiez le témoignage de cet ancien policier qui affirmait que ce ne sont pas les CRS ou les gendarmes mobiles ou autres unités intervenant en maintien de l’ordre qui créent les conditions de la sécurité publique future – au contraire, maintenir le statut quo amènera à un carnage quand les crises se multiplieront -, mais toutes les personnes agissant pour créer de la résilience au niveau local, territorial et inter-territorial, par exemple avec la permaculture. Que ce soit pour la production de nourriture dont, à priori vous dépendez pour vivre, tout comme votre famille, mais aussi l’habitat, le vivre-ensemble ou la régénération des écosystèmes pour enrayer le changement climatique qui menace entre autre la production de nourriture et de nombreuses activités économiques vitales. Au vu des risques d’effondrement, les révoltes vont très certainement se multiplier et monter en violence à mesure que la situation s’aggravera. Et c’est vous qui en subirez les conséquences …

Vous devez savoir ce qui vous attend si les dirigeants politiques ne permettent pas à la société de se préparer pour prévenir ces risques futurs. Sauf si devenir des mercenaires pour protéger une caste barricadée ne vous dérange pas … Vous serez très certainement exposé·e·s à un danger croissant, poussées à blesser ou tuer des personnes qui vous affronteront pour forcer la caste que vous protègerez à leur donner les moyens de survivre. Parce que voilà, les dirigeants politiques, les mêmes qui gèrent votre institution, sont incapables de comprendre les causes du désastre social et écologique actuel. Au contraire, ils les alimentent. Ils sont incapables d’envisager les transformations radicales que la société devrait enclencher pour faire face à ces risques majeurs, comme l’a montré la réponse de François de Rugy lorsque la question lui a été posée, qui reconnaît la réalité de ces risques mais avoue ne pas vouloir rendre compte de cette réalité dans ses discours. Mais même s’ils l’étaient, les ploutocrates les en empêcheraient par leur puissance économique. Car les ploutocrates n’accepteront jamais de revenir sur leurs privilèges, ce qui signifierait renoncer à leur fortune et leur pouvoir qu’ils ont pu obtenir en exploitant et en pillant, à la fois des humains et la richesse du vivant.

Une vidéo pour comprendre pourquoi les crises diverses risquent de se multiplier dans les années à venir et leurs conséquences potentielles

QUE FAIRE ?

Du coup, une fois tout ça dit, peut-être que certaines personnes se demanderont quoi faire ? À vrai dire, vu à quel point le système est bien fait pour empêcher que vous ne vous révoltiez, il est difficile de voir quoi faire pour enrayer cette inertie. Mais certaines voix se libèrent comme Alexandre Langlois – syndicaliste policier chez Vigi – depuis un moment, qui vient d’annoncer sa démission de la police nationale lors de son intervention sur Sud radio en expliquant les raisons qui l’ont poussé à ce choix dans sa lettre accablante et dans une interview au média l’Humanité. L’agression de Michel Zecler et la loi sécurité globale ont été des gouttes d’eau qui ont fait déborder le vase. De même, Laurent N’Guyen – lui aussi syndicaliste policier chez Vigi – cité plus haut, qui a pu s’exprimer de manière admirable sur le contexte actuel et pourquoi il ne veut plus faire partie de la police nationale dans cet entretien sur le média Le vent se lève. Et enfin Noam Anouar – aussi syndicaliste policier chez Vigi – qui avait pris la parole plusieurs fois pour prendre position et vient de demander son détachement dans la fonction publique territoriale, estimant qu’il devient difficile de servir dans le but de protéger les gens au sein de la police nationale actuelle.

Si vous voulez éviter le pire, il devient urgent de vous organiser pour pouvoir libérer votre parole comme ces syndicalistes et constituer une force suffisante pour faire face à votre hiérarchie et aux dirigeants politiques qui vous poussent à affronter les contestataires. En utilisant cette force pour pousser à opérer des changements profonds dans votre institution, pour votre bien et celui de la population. De même, il serait bon de plutôt chercher à apaiser les choses avec les contestataires pour que le dialogue revienne. Sinon, ce cycle de violence infernale ne s’arrêtera jamais et sera de pire en pire face aux crises qui se préparent. Mais plus vous mettez de temps à réagir, moins la révolte populaire aura de patience et de considération à votre égard … La haine et les tensions ne font que monter sans communication et sans dialogue … La chanson « garde de la paix », écrite par la zadiste Luciole prend toujours plus de sens …

Intéressez-vous aussi aux initiatives qui émergent dans la société pour résoudre les problèmes économiques, sociaux et écologiques que pose le fonctionnement actuel de la société, car elles aideront très certainement à atténuer les crises futures dont vous subirez très certainement les répercutions si elles ne sont pas prévenues … La permaculture – présentée dans cette vidéo en déconstruisant les idées reçues – est une piste pour retrouver de la résilience, à toutes les échelles du territoire.

Les raisons du choix d’Alexandre Langlois de quitter la police nationale

CONCLUSION

Certains membres des forces de l’ordre verront peut être ce texte comme une main tendue, d’autres comme une analyse pertinente ou non de leur institution, d’autres encore, comme de la provocation, et certains s’en ficheront, resteront dans le déni ou l’indifférence. Ce qui est sûr, c’est qu’il est dans l’intérêt d’un certain nombre de policiers de réagir avant qu’il ne soit trop tard, pour sortir de ce cycle de violence et débloquer la situation. Vous êtes la force de contrainte de ce système, avec les règles économiques qui vous contraignent à faire ce que vous faites. Ces choix seront durs pour vous, mais vous serez soutenus si vous les faites. Comme Alexandre Langlois qui avait reçu l’équivalent d’un an de revenu par une cagnotte de soutien au moment de sa sanction. Et ce sera bien moins dur que ce qui vous attend si vous ne réagissez pas à temps … N’y voyez pas une menace, mais simplement un avertissement face aux risques qui se profilent, pour vous comme pour beaucoup de monde. Si vous vous êtes engagé·e·s pour protéger la population et pour un certain sens de la justice, la liberté, la solidarité et le respect des autres, alors c’est le moment de le prouver. Il sera peut être trop tard par la suite …

Sachez pour finir qu’une personne que je connais voulait intégrer l’armée ou la police étant plus jeune, après avoir vu les attentats, parce qu’elle voulait protéger les gens. Jusqu’à ce qu’elle se dise que l’on peut protéger autrement et bien mieux, sans devoir obéir aux ordres des gestionnaires d’un système qui créent les menaces qu’elle voulait justement combattre. Par sa violence économique, sociale, et sa propagande qui divise et attise les tensions jusqu’à nourrir la haine. Si vous voulez protéger les gens plus efficacement, faites en sorte que les menaces n’émergent pas, sinon il arrive un moment où l’on est dépassé … Mieux vaut prévenir que subir.

N’attendez pas qu’il soit trop tard !

« Ceux qui rendent une révolution pacifique impossible rendront une révolution violente inévitable. »

John Fitzgerald Kennedy

Pour aller plus loin, voici quelques liens utiles à découvrir sur notre site ressources :