Le 11 septembre 2015, l’effondrement personnel à presque 44 ans !

Après près de vingt de travail pour une firme transnationale d’un équipementier automobile leader mondial dans son domaine d’activité, ma vie s’effondre. Depuis 2003, et une forme de mise sous tutelle financière du site français par le « head office » du groupe suédois, je ressens une pression psychologique croissante et une forme de gène intérieure à offrir ma force de travail à une entité dont les valeurs et principes « cachés » rentrent en contradiction avec les miens, mais je n’en saisis pas encore toute la portée.

Crédit Photo : Éléments de voiture en train de rouiller (FHP, collection personnelle)

J’exerce alors en tant qu’ingénieur conception produit au sein du bureau d’étude et je travaille encore majoritairement avec des fournisseurs français et/ou européens. En 2007, je suis promu au poste de coordinateur développement, à la tête d’une petite équipe, je réponds aux appels d’offres des clients et je lance des études de nouveaux produits en avance de phase. La crise financière de 2008 marque un tournant important, un premier plan de sauvegarde de l’emploi,   » massif et indécent « , en deux « PSE » nous sommes passés de 1600 emplois (1200 CDI + 400 CDD et intérim) à environ 600 emplois en CDI. Je dis « indécent » car l’entreprise a sciemment organisé la délocalisation de ses profits dans ses filiales de pays à la fiscalité plus light, ceci dans le seul but de justifier des difficultés financières en réalité inexistantes. La moyenne des bénéfices nets consolidés au niveau du groupe est de l’ordre de 10% mini, ce qui est énorme dans le secteur automobile. Par ailleurs cette entreprise vole les contribuables puisque qu’elle touche le Crédit Impôts Recherche (sur la base d’activités dites de recherche largement surestimées : 1er niveau de fraude) puis l’intégralité de la somme, plutôt que de servir aux investissements et/ou au maintien de l’emploi sur le site français, est entièrement reversée au head office en Suède grâce à un montage financier faisant transiter les fonds par la Suisse (ou le Luxembourg, je ne sais plus précisément): 2e fraude. Un pillage organisé avec l’aide de cabinets spécialisés. Et encore, je pense que ce n’est que la partie émergée de iceberg. La sous-traitance et les délocalisations vers les pays « low-costs » et très « low-costs » sous l’impulsion, voire la contrainte des constructeurs automobiles, vont bon train ; le management prend alors des formes de plus en plus persécutantes, aliénantes et autoritaires.

La charge de travail est elle aussi insidieusement décuplée. En conflit avec ma direction depuis 2008-2009 et face à cette charge de travail croissante sans aucune prise en compte humaine et/ou salariale, je continue malgré tout à bien faire le travail. Marié et papa de deux enfants, des emprunts sur le dos, je n’ai en réalité pas vraiment le choix. Ce bon travail (excès de travail de qualité) me vaut, malgré mes différents, une nouvelle promotion en tant qu’expert métier en conception de produit en 2014, auquel s’ajoutera à la demande d’un de nos principaux client, le développement et l’industrialisation de plusieurs produits en un an, alors que le temps moyen standard est de trois ans. Un dernier plan de licenciement, des méthodes financières et managériales plus que douteuses, et l’excès abusif de travail auront finalement raison de ma santé psychologique et physique ce fameux 11 septembre 2015: je fais un BURN OUT très sévère [ des traitements psy, et une asthénie généralisée, j’enchaîne les problèmes de santé, une pleuropneumopathie début 2017 et un AVC début 2019, parmi les plus handicapants…]

Après 7 ans, une procédure est toujours en cours à l’encontre de mon employeur.

Le 1er septembre 2019 marque un renouveau

… (certes avec de nombreuses séquelles et une incapacité permanente) mais un renouveau tout de même, je vous explique pourquoi.

Ces dernières années ont été certes très douloureuses et difficiles, mais à partir de 2018-2019 elles m’ont laissés le temps de la réflexion sur les causes profondes qui ont engendré cette détresse et cet épuisement personnel, mais aussi sur celles qui détruisent les humains et la vie sur Terre. Bon évidemment, en tête de Pareto, nous retrouvons les multinationales et les Etats-bourgeois néolibéraux à leur service, mais aussi le système qui les porte: le capitalisme, qui, intrinsèquement est basé sur la croissance infinie, la concurrence, la compétition, l’extractivisme et le libre échange globalisé – ni plus ni moins qu’un système criminel et mortifère. Nous avons de ce fait déjà dépassé plus de 6 limites planétaires sur les 9 identifiées à ce jour.

Ah oui, pourquoi renouveau, tout simplement car nous (mon épouse et moi) avons décidé en 2019 d’œuvrer à notre niveau à la régénération de la biodiversité, et à une mise en pratique progressive d’une forme de sobriété en nous lançant dans la réalisation d’un petit jardin-forêt suivant l’éthique et les principes de la permaculture (au sens culture de la permanence). Grâce à ce projet qui fait sens pour nous (et j’espère pour les générations futures) nous avons retrouvé le goût pour la vie – humains et autres qu’humains. Si cela vous intéresse, je partagerai dans une future note, nos différentes avancées au niveau du jardin-forêt.

Crédit Photo : Jardins-forêts-vergers dans le Kochersberg, Alsace (FHP, collection personnelle)

Pour conclure, je tiens aussi à dire qu’en parallèle de notre activité, nous sommes engagés dans l’action militante localement, car comme Chico Mendes nous pensons que « L’écologie, sans luttes sociales, c’est du jardinage ». Grâce à ces actions, nous avons fait la connaissance de personnes conscientes des enjeux de ce siècle et désireuses d’agir dans la construction de réseaux locaux d’entraide, de partage et de coopération afin d’augmenter notre résilience face aux catastrophes en cours et à venir. La résilience viendra de la diversité des membres de groupes locaux auto-organisés et autonomes, qui une fois constitués pourraient très bien se fédérer au niveau biorégional (une entité à construire). Pour réussir cela, il nous faudra, à mon sens dépasser-abolir le capitalisme et l’Etat-bourgeois afin de reprendre la main sur la valeur et donc sur ce qui a de la valeur, sur la propriété des moyens de production afin d’autogérer et de définir de manière réellement démocratique ce qu’il est utile de produire (et donc quelles productions nuisibles nous devons stopper).

Mon idéal, à ce stade de ma réflexion, serait une synthèse de :

  1. L’écologie sociale à la Murray Bookchin.
  2. L’agriculture paysanne et vivrière (agroécologie, agroforesterie, permaculture…)
  3. L’auto-organisation locale au niveau de la commune ensuite fédérée au niveau de la biorégion
  4. La mise en travail d’un « communisme désirable » (Bernard Friot et Réseau Salariat) par renforcement, extension de la Sociale à tous les pans de la production.

Vous l’aurez noté, ces 4 propositions à mixer reposent toutes sur l’auto-organisation, l’autogestion, l’autonomie et in fine sur la culture de la permanence.

Car, à mon avis,

Nous ne sauverons pas la vie sur Terre sans changer radicalement de façon de produire et de vivre – Il est donc VITAL de dépasser-abolir le capitalisme et l’Etat-bourgeois dans sa disposition actuelle (ou encore Etat-« social », selon votre appréciation).

Merci en retour de me faire part de vos expériences et/ou commentaires.

Fraternellement?

Sébastien

 

Cet espace est le vôtre.

 

Vous souhaitez raconter comment s’est passé votre déclic, partager une anecdote liée à votre prise de conscience, exprimer une émotion ressentie par rapport à la gravité de la situation ou à l’inertie de la population, témoigner sur votre changement de vie, diffuser des conseils pratiques utiles sur l’autonomie alimentaire ou énergétique, pousser un coup de gueule, inviter d’autres personnes à découvrir l’un de vos coups de coeur, livrer le fruit de votre analyse ou de votre réflexion, proposer votre propre vision d’un avenir joyeux ou d’un futur plus sombre ?

Vous avez une vraie plume ou simplement envie d’écrire un texte, vous êtes photographe professionnel·le ou amateur·e, vous dessinez, peignez ou sculptez, vous êtes musicien·ne et vous avez composé un morceau, vous chantez ?
Nous accueillons ici tout type de contenus.

Vous êtes partant·e, mais vous n’osez pas le faire sur Facebook (ou ailleurs) de peur de provoquer des réactions agressives dans l’enfer des réseaux sociaux ?

Envoyez-nous votre contenu par mail et nous le publierons ici-même.
contribution@archipelduvivant.org

Bienvenue à toutes et tous !

 

 

Notre indépendance financière et politique est sacrée. Soutenez-nous sur Tipeee !

Impossible de mener à bien notre ambitieux projet sans vous, sans votre soutien.
En tant qu’ONG, L’Archipel du Vivant est une association à but non lucratif, au service du bien commun, qui ne relève ni de l’État, ni d’institutions locales ou internationales et dont la survie et le développement dépendent maintenant de vos dons, de vos tips.
Certaines de nos interventions sont rétribuées, mais cela ne nous permet pas de couvrir nos dépenses totales. Garante de notre indépendance, la somme récoltée grâce à cette page Tipeee nous permet d’héberger le site web, de défrayer les personnes engagées dans le projet (équipe, contributeurs·trices, prestataires…).
Pour continuer d’oeuvrer au service du Vivant et d’un monde nouveau, des initiatives alternatives et des personnes déjà engagées, tout comme des personnes qui cherchent à s’informer, s’immerger et s’investir grâce à notre site ressources et à notre espace Expression libre, votre aide est infiniment précieuse.
Notre objectif est de recueillir, grâce à vos tips mensuels de quoi rétribuer 3 à 4 personnes qui seraient totalement dédiées au dévoloppement de la résilience dans nos ambassades, lieux amis et biorégions en construction.
Chaque don – même d’un euro par mois (12 euros par an) – est utile.
Nous comptons sur vous. Un immense merci d’avance ! 😉