Chercher à être meilleur·e, chercher à être au-dessus, nous avons tou·te·s été dans cette position et nous avons également tou·te·s été dans la position de celui ou celle qui fût rabaissé·e par d’autres ou par soi-même pour des raisons souvent absurdes.
L’humain serait-il mauvais ? Aurait-il toujours besoin de ces rapports de supériorité, de l’organisation en castes, de la classification du bon et du mauvais ?
Notre rapport au monde est le témoignage de nos croyances intérieures. Si je considère l’arbre comme mon égal, comment puis-je le couper ? Si je me considère égal à ma femme comment puis-je lui faire du mal ? Si je me considère égal·e au migrant ou à l’étranger comment puis le rejeter ?
Je crois que ces rapports instaurés depuis longtemps et de différentes façons (culture, éducation, société industrielle et productiviste, patriarcat, société coloniale, etc.) viennent du refus d’accepter notre impermanence et notre caractère insignifiant au sein de l’univers. Les humains peinent à s’extirper de ce sentiment désagréable de vide immense, alors pour se rassurer, pour se convaincre que certains individus ont de l’importance, des « règles » sont inventées. Une certaine « place » est attribuée à certains individus et le sentiment de vide face au vaste univers, disparaît de manière temporaire.
« Regardez j’existe, parce que je suis meilleur·e qu’un·e tel·le ! »
Au sein des peuples racines, ce rapport au monde n’existe pas. Le caractère impermanent de l’humain est intégré au sein de la culture et des activités quotidiennes. L’humain est lié à un grand tout, il trouve sa place au sein d’une communauté d’individus, il n’est ni meilleur ni inférieur. Il est mortel et impermanent comme toutes choses.
Aujourd’hui notre culture commune classifie et codifie les rapports entre les vivants. Les individus doivent être utiles, pour produire de la valeur, du profit et les rapports de dominations facilitent ces exploitations (nature, genre, ethnies, etc.).
« Oui évidemment, j’ai le pouvoir sur la nature » ou « C’est une femme c’est normal » etc.
Comment peut-on s’en libérer ?
La méditation ramène l’être qui la pratique à sa juste place d’être humain (d’être vivant). Le/la méditant·e est simplement présent·e à soi et à ce qu’il y a autour de lui/d’elle. Le mental se calme et toutes les constructions culturelles laissent place peu à peu au calme, à la présence totale et infinie au monde. L’arbre à la fenêtre ou l’araignée dans sa toile sont comme nous, simplement là présent·e au monde avec ce qu’il/elle est. Le lien entre les choses se tisse. Il ne peut alors y avoir de rapports de supériorité ou d’infériorité.
Petit à petit, dans notre psyché se construit un autre récit. L’histoire que l’on nous a racontée depuis notre enfance sonne faux, comme une grande farce parfois douloureuse. Petit à petit, nous reprenons notre place au sein de cet univers, sur cette planète Terre qui nous nourrit et nous accueille. Nous comprenons que nous sommes bien un des maillons d’une chaîne cosmique infinie. Nous comprenons que la grenouille, le corbeau, l’humain, la fleur, les étoiles, le vent, la terre, le feu, l’eau, tout a un rôle complexe et splendide dans cette chorégraphie universelle. Les rapports de dominations sont une illusion, un leurre, une farce, face à la beauté de la vie.
La méditation est un moyen pour retrouver en soi cette espace d’équilibre entre les êtres. Elle permet de ressentir dans sa chair, cet équilibre perdu.
Ainsi par cette expérience vécue, le corps et le mental se placent dans le monde d’une façon différente. Mon désir de vivre ce sentiment de cohérence au quotidien augmente petit à petit et de plus en plus. Mes actions vont donc se porter vers la création d’un monde réellement juste, afin de vivre au quotidien à l’extérieur de soi, ce que je ressens lors de ces états de grâce. Je souhaiterais alors protéger celles et ceux qui en ont besoin, contribuer à rétablir une sorte d’équilibre entre les vivants, construire un monde différent, en harmonie.
La méditation est un peu comme un nettoyage du disque dur, un nettoyage des idées fausses dans notre psyché. Ce nettoyage me semble important pour avancer dans la création d’un autre monde. Les idées de l’Ancien Monde sont encore présentes dans les têtes de tou·te·s. Si on ne s’en débarrasse pas, par la médiation ou par d’autres moyens nous risquons de recréer les mêmes modèles, malgré les meilleures intentions du monde. La méditation peut aider à ce travail de déconstruction et de reformatage culturel.
Cependant l’action reste essentielle, l’invention et l’expérimentation d’autres modes de fonctionnement restent fondamentale pour créer un Nouveau Monde. Mais cette action doit être réfléchie, partir d’un esprit libre, libéré le plus possible des conditionnements existants.
Ainsi peut être qu’en alliant « nettoyage » intérieur et actions concrètes nous pourrons construire une autre société réellement innovante en matière de démocratie, de rapport à la nature, d’égalité, de respect, de beauté, de cohérence, d’amour, d’alimentation, de relations, etc.
J’espère vous avoir donné des idées, des pistes pour vous aider à avancer dans ce chemin encore peu emprunté.
Puissions-nous avancer !
