Fée du Vivant et Sorcière des éléments – c’est son nom dans notre équipe cœur – Isabelle a rejoint notre folle aventure en mars dernier. Si vous avez déjà pu découvrir ici-même ses différents talents, de la plume au pinceau en passant par la lecture poétique accompagnée au tambour, nous vous proposons aujourd’hui, via l’interview d’Isabelle, une nouvelle plongée dans son univers onirique !

 

Le premier tome de Frisson animal a été publié en février 2020, peux-tu m’en dire plus sur ce premier livre que tu as écrit ?

Ce livre mêle plaidoyer, poésie et illustrations…ll est un hymne à la terre, aux animaux non humains, à tous les êtres vivants, un hymne à l’innocence et à la vie…

Compte tenu de mon parcours artistique et de mon ultra sensibilité, j’ai choisi de mettre la poésie, l’art, le rêve créateur au service de la cause animale et planétaire qui est aussi la cause humaine. Nous sommes évidemment tous liés…

Comment pouvais-je sensibiliser à l’innommable souffrance des animaux non humains, à leur génocide, à celui des arbres aussi… ? Comment pouvais-je célébrer leur grâce, leur beauté, leur totale innocence ? Comment pouvais-je parler de l’urgence d’aimera la terre comme nous exhortent à le faire les peuples autochtones des 4 coins de la planète depuis des décennies voire des siècles ? Mon choix d’action est d’essayer de viser le cœur…

 

Tu parles souvent des temps extraordinaires qui nous sont donnés de vivre… que veux-tu dire par là ?  

Je ne peux parler qu’en mon nom…

Oui je sens que j’ai la chance de vivre un moment extra ordinaire dans cette incarnation, une occasion d’éveiller ma conscience de manière fulgurante, plein d’autres le ressentent aussi… Comment retrouver la mémoire de mon interconnexion à tous les êtres vivants, à l’univers ?

On vit la fin d’un monde et c’est sans précédent dans l’histoire des civilisations dominantes puisque la Terre elle-même est impactée de manière tragique par nos activités humaines et notre prédation vorace.

Les choix passés et présents de nos sociétés industrialisées, les valeurs basées sur l’exploitation d’autrui pour notre seul profit ont mené à la sixième « extermination  de masse » (expression utilisée par Aurélien Barrau, astrophysicien plutôt qu’extinction du fait qu’elle est volontairement provoquée et en toute conscience par une seule espèce qui se veut dominer toutes les autres.), à la destruction des écosystèmes, à l’emballement du réchauffement climatique, à une souffrance innommable au sein du vivant…

À cela s’ajoute (mais c’est aussi la cause majeure de cette tragédie en cours) un désamour hallucinant pour la Terre largement véhiculé par la religion qui n’a eu de cesse de placer l’espèce humaine au dessus de toutes les autres espèces vivantes et parlant de la Terre elle même comme de l’enfer où nous avons chuté…

À cela s’ajoute aussi la pensée cartésienne, qui a cherché à légitimer la domination sur les êtres non humains et qui nous a privé d’une capacité à nulle autre pareille, celle de nous émerveiller et d’enchanter le monde…Cela a fait des occidentaux des êtres hyper mentaux qui se méfient de leur cœur et vivent morcelés.

Dès lors, comment s’étonner de ce que nous lui faisons endurer ?

En se coupant du vivant, les humains des sociétés dites modernes se sont littéralement coupés de leur propre essence.

C’est pour moi d’une violence inouie et le savoir me met chaque jour à genou.

Notre réveil va décider de l’avenir de millions d’espèces déjà profondément meurtries dont la moitié (en population) a déjà disparue, de celui des peuples autochtones ayant gardé un lien fort à la nature, de celui des bébés humains qui ne sont pour rien dans cette tragédie en cours…

Je me sens dans le kairos, l’instant t de l’opportunité à saisir pour éveiller nos consciences, pour que les rêves d’un nouveau monde se mêlent ensemble avant qu’il ne soit trop tard et même s’il est trop tard

C’est quoi pour toi la poésie ?    

Tu veux dire, c’est qui ! Pour moi, c’est un esprit, une alliée.

Amorale, hors de la dualité, la poésie a aussi des pouvoirs magiques, elle œuvre hors du temps, elle dialogue avec l’âme, la mienne, la tienne, avec l’esprit du vent, avec les arbres, tous les êtres de ce monde et d’autres univers…Elle permet d’abolir le sentiment illusoire de séparation.

À mon niveau, ce qu’elle m’apporte est colossale, elle me permet de tenir debout, elle apaise mes tourments, elle est une décoction puissante contre les effets de l’angoisse et l’anxiété qui viennent s’immiscer dans mon corps et mon esprit et peuvent me rendre acide…La poésie me ramène à la vie quand je crois mourir de chagrin…

 

 

 

Dans la troisième partie de ton livre, tu invites les lecteurs·trices  à « voyager » pour entrer en lien avec un animal et un arbre, quelle est ton intention ? 

J’ai plusieurs intentions : celle de favoriser un changement d’état de conscience. En quittant le mode de fonctionnement habituel qui nous maintient dans l’illusion de la séparation, on ouvre les portes de la perception …

Aussi, les lectrices et lecteurs ont l’occasion de devenir pleinement actifs·ves en se rendant maitres et maitresses de leur propre imaginaire.

Je les guide pour qu’ils puissent eux·elles même aller à la rencontre d’un esprit arbre, d’un esprit animal…qu’ils entrent en connivence, développent leur réceptivité et leur empathie, se mettent à la place de l’autre, à la fois une part de soi et une différente, qu’ils lâchent prise et découvrent leur puissant pouvoir de création par le rêve induit…

 

Tu as également réalisé les illustrations, n’est-ce pas ?    

Oui. Tous les dessins d’animaux au pastel sont issus de l’exposition qui porte le même nom que le livre.

Je suis autodidacte, j’ai passé plusieurs mois à dessiner des animaux en grand format, 110 par 75 avec l’unique objectif de pouvoir capter l’âme dans le regard de chaque individu.

Je me sens entourée de mes alliés quand je me mets à dessiner, je n’avais aucune aptitude pour le dessin quelques mois avant de me lancer dans cette nouvelle aventure.

J’ai choisi le médium pastel parce qu’avec lui, je peux me tromper mille fois et recommencer…parce qu’aussi c’est un médium sensuel et surtout avec lui, j’ai l’impression de dialoguer avec les artistes des temps préhistoriques…les fresques dans les grottes me font pleurer…je suis fascinée par l’esthétique des œuvres et ce qui en émane de spirituel…

Certains dessins sont mêlés aux fonds acryliques que j’ai aussi conçus pour donner une dimension onirique aux illustrations…

 

 

 

Exposer est donc pour toi un autre moyen d’éveiller les consciences ?  

Oui, je suis consciente de l’impact du visuel dans notre compréhension du monde et pour sensibiliser… C’est cette conscience-là qui m’a donné le courage d’aborder la peinture sans avoir d’aptitude dans ce mode d’expression. Tout faire pour sensibiliser…

Aujourd’hui, du fait de la situation… je ne peux pas exposer dans des lieux dédiés.

Mais il est possible cependant de voir l’exposition Frisson animal au Repaire de la louve qui est un endroit magique où j’ai créé tous mes portraits d’animaux.

C’est à Solignat en Auvergne, dans le Puy de Dôme, j’accueille les curieux, il suffit de me contacter…

 

Écriture, illustration, exposition, ta palette artistique est très complète. Tu utilises encore un autre canal. Peux-tu nous en dire un mot ?    

Oui, la lecture poétique, c’est sans doute le moyen d’expression qui me semble le plus puissant. En prolongement du livre, pour le soutenir, pour être une des petites voix porte-parole de ceux·celles qui ne peuvent pas se défendre, j’aime passionnément lire les poèmes, encore plus quand le tambour, le chant, des ambiances sonores, la mélodie de la sanza les accompagnent.

J’ai envie que les auditrices et auditeurs puissent accéder à un état modifié de conscience et se laissent emporter dans un rêve…Un jour, une femme est venue me voir après une performance, elle m’a dit « vous m’avez mis les poils » c’est ça exactement que j’ai envie de procurer… le frisson animal.

 

Comme c’est un tome 1, j’imagine que d’autres tomes sont envisagés. Combien ?

Oui, un autre tome sera publié en 2022 mais plus vraisemblablement début 2023. J’avais au départ prévu 3 autres tomes puis 2… pour finalement opter pour un unique second tome, ce qui m’est apparu comme une évidence.

J’espère y parvenir dans ces délais fixés intérieurement, les poèmes existent déjà depuis des années, écrits au même moment que pour le tome 1 dans une sorte de fulgurance.

Submergée par ailleurs par les émotions et le flux d’infos qui arrivent en permanence, j’ai beaucoup écrit de plaidoyers…   Il faut que j’élague, que je revienne à l’essentiel…… J’ai aussi nombreux portraits à dessiner.

Face à l’urgence planétaire, Je me sens dans le même état et je veux parvenir à le publier sans plus tarder, j’ai peur de mourir avant, ça peut sembler ridicule peut-être mais j’ai besoin d’apporter cette contribution même dérisoire en regard de ce que je reçois de la terre, ce paradis sublime, pour la remercier elle, les animaux non humains, les fleurs, les arbres *, les rivières, les océans, le vent…que j’aime de tout mon cœur.

Dans ce second tome, en plus des plaidoyers et poèmes, j’ai écrit une nouvelle qui décrit le monde nouveau comme j’en rêve.

Je sais, je sens qu’en le visualisant, qu’en l’imaginant dans de nombreux détails, je lui donne corps, je le rends palpable, ça m’apaise un instant, ça me donne une force incroyable quand je relis cette nouvelle, et puis j’ai la sensation que mon rêve du nouveau monde quitte l’invisible et peut rejoindre d’autres rêves. Ensemble, on est plus forts.

Comme tant d’autres, je veux garder espoir en une issue plus lumineuse malgré et du fait des circonstances.

Mon premier tome a été publié quelques semaines avant le premier confinement, donc la communication a été interrompue dans l’œuf.   L’exposition elle-même a été annulée et mes tableaux enfermés des mois durant dans la médiathèque désertée… J’ai été suspendue dans mon élan et ma foi a été ébranlée…

Mais je m’accroche…

Le fait que le covid comme tant d’autres virus sont liés à la destruction des écosystèmes et à l’exploitation des animaux non humains dans des conditions cauchemardesques ne fait que renforcer ma vaillance et l’évidence d’aller au bout de ce que je me suis promis de faire…

Par-dessus tout, comme dit plus haut (désolé de me répéter), c’est l’amour que je porte à la Terre, aux rivières, aux mers…aux animaux, aux arbres, aux bébés humains qui fait que je vais poursuivre mon travail et garde espoir pour notre avenir à tous…

 

Woooo ! Au moment où j’écris ces derniers mots, un milan majestueux vient de surgir sous mes yeux ébahis et m’invite à la danse…

Avec le vent.  

 

Merci Isabelle ! 😉

 

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