LE PROBLÈME, CE N’EST PAS LE FAIT QU’ON AILLE DANS LE MUR OU PAS. ON VA DANS LE MUR ! LE PROBLÈME, C’EST À QUELLE VITESSE ON Y VA, À 50 KM/H OU À 5 KM/H ?
Le glacier Thwaites, l’un des géants de la zone de la mer d’Amundsen qui fait 120 kilomètres de large, 600 de long et atteint 3 km de profondeur par endroits, est de plus en plus instable. « Il fait à peu près la taille de la Floride », résume à franceinfo Jérémie Mouginot, chercheur au CNRS à l’Institut des géosciences de l’environnement à Grenoble. Un « monstre » responsable, chaque année, de 4% de la montée du niveau de la mer dans le monde, estime un communiqué de la Nasa (en anglais).
« Ce glacier se retire d’à peu près un demi-kilomètre par an, depuis une bonne vingtaine d’années », précise Eric Rignot, professeur en sciences de la Terre à l’université de Californie à Irvine, chercheur au Jet Propulsion Laboratory, et coauteur d’une étude (en anglais) publiée le 30 janvier.
Le niveau des mers pourrait donc monter de… trois mètres !
Le réchauffement climatique joue un rôle avéré dans cette fonte du glacier Thwaites. Sous l’effet des eaux profondes qui se réchauffent, la ligne d’échouage recule. « C’est l’endroit où le glacier est en contact avec le sol », explique Jérémie Mouginot, qui fait partie du panel de scientifiques responsables de l’étude. « Et quand on transforme de la glace posée en de la glace flottante, on la rend plus instable », observe Emmanuel Le Meur, maître de conférences à l’université Grenoble-Alpes.
Ces mouvements de glace font craindre un « scénario catastrophe », reconnaît Eric Rignot. A force de reculer, cette ligne d’échouage entraînerait le détachement du glacier et sonnerait le début d’une réaction en chaîne : « Thwaites et le glacier voisin, Pine Island, vont entraîner le reste de l’Antarctique occidental ».
L’Antarctique occidental est donc condamné, à long terme, à disparaître.
Cette disparition causerait une hausse du niveau de la mer de plus de trois mètres, ce qui aurait des conséquences sur tous les littoraux du globe. « Ce n’est pas la peine d’être scientifique pour s’en rendre compte », ajoute Emmanuel Le Meur. Pour les trois chercheurs, le processus enclenché est irréversible.
« On va donc dans le mur, mais à quelle vitesse ? »
Observateur privilégié de ce glacier depuis trois décennies, Eric Rignot a conscience que « c’est impossible à arrêter ». Mais il pense que l’être humain peut encore influer sur la fonte de ces glaces. « Si on arrive à revenir à une période un petit peu plus froide par exemple, il est tout à fait concevable que le glacier continue à se retirer mais de manière très, très lente », dit-il. Pour cela, il faudrait considérablement réduire les émissions de gaz à effet de serre, « c’est-à-dire avoir des économies, des modes de vie de moins en moins tributaires de ces énergies fossiles que sont le pétrole et le charbon », avance Emmanuel Le Meur.
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