Ce texte a été diffusé au format courriel, 1 courrier électronique par jour, lors d’un voyage de 11 jours à vélo en 2020.
Le canard partit d’un bon pas sans se retourner et, comme la terre est ronde, il se retrouva au bout de trois mois à son point de départ. Mais il n’était pas seul. Qui l’accompagnait, il y avait une belle panthère à la robe jaune tachetée de noir et aux yeux dorés.
Genèse
Je m’appelle Louis, j’ai 30 ans et j’ai quitté mon travail, convaincu que c’est la première action de ma transition et pour la transition.
Parisien depuis 10 ans et travaillant dans une start-up, j’ai vécu dans une bulle protégée.
Je ne souhaite pas l’éclater car elle possède des ressources et des personnes incroyables. Mais, elle m’opprime. J’ai besoin de l’agrandir.
J’ai envie de découvrir les possibles, trouver de nouveaux plaisirs, me dessiner un nouvel univers, réfléchir à mon futur et au futur.
En furetant sur Internet, j’ai trouvé un évènement au nom parfait : le week-end des possibles. Il rassemble une communauté aspirant à vivre en collectif et dans des habitats légers. Cela se déroule à Corn (près de Figeac) les 19 et 20 septembre 2020. L’association Hameaux Légers organise l’évènement, elle aide les collectifs à se créer et les accompagne sur les aspects juridiques, financiers et techniques.
Je l’ai découvert en écoutant un podcast nommé Radical. Il présente des changements de vie et celui de Xavier, fondateur des Hameaux, m’a donné envie. Il explique avec joie les amitiés qu’il tisse entre les générations et partage sa vision ouverte et généreuse de la société.
Je pars enthousiaste avec le désir de rencontrer des gens, de comprendre cette diversité des parcours qui fait la richesse de la France.
J’ai aussi tout un tas de questionnements en tête :
- Comment puis-je vivre autrement ?
- Pourquoi devrais-je vivre autrement ?
- Que cela apporterait-il si je vivais autrement ?
- Quels sont les différents modes de vie possibles ?
Et surtout, est-ce que cela me plairait ?
Je pense qu’il y a une seule façon de le savoir : m’y plonger, y aller, écouter, échanger et vivre l’expérience à fond.
Ce ne seront pas 2 jours de week-end, ce sera une petite aventure de 7 jours et 500 km en vélo à travers la diagonale du vide, en partant de Montluçon.
Vous me suivez ?
Jour 1 : la prise de conscience
Le véritable voyage de découverte ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages, mais à avoir de nouveaux yeux.
Dimanche 13 Septembre.
20h30, le soleil se couche, mon bivouac est installé. Le rayon de notre astre rasant et le cliquetis des eaux de l’étang de Naute m’apaisent après une journée où j’ai pris conscience.
J’ai pris conscience grâce à un pêcheur, Jean, que des rivières disparaissaient en France. Le Cher est à sec. Totalement vidé. C’est un tas de pierre sur lequel je marche. Il y a 10 ans, c’était un vivier de truites. Aujourd’hui, la pêche s’effectue dans des lacs artificiels à plusieurs dizaines de kilomètres. Comble de l’histoire, l’attraction touristique du coin est un barrage abandonné il y a 10 ans. Aujourd’hui, celui-ci serait totalement un non-sens par manque d’eau à retenir.
J’ai pris conscience, en lisant la Une de La Montagne, que les vautours sont de retour. Des vols de 130 à 150 rapaces sont aperçus dans la région. C’est une bonne nouvelle, ils réalisent un travail de carnassier efficace et rentable pour les éleveurs du coin. C’est une mauvaise nouvelle, ils dévorent aussi, et pour la première fois, des bovins vivants. C’est du jamais vu, histoire de creusois ! 7 veaux en ont déjà fait les frais dans la région. Je vais devoir faire gaffe à mes oreilles.
J’ai pris conscience, en écoutant mon corps vidé de sa transpiration, que pédaler en pleine canicule au mois de septembre est dangereux. A 15h, il fait plus de 33° degrés, mes pauses sont sur-régulières, mon bidon se vide à une vitesse folle, trouver une fontaine devient mon unique motivation. Les robinets des cimetières me redonnent de la vie, triste ironie.
Aujourd’hui, j’ai marché sur des rivières sèches, des vautours ont dévoré des bovins, l’eau de mon corps s’est évaporée.
Je ne peux plus le nier, j’ai pris conscience. Conscience que le monde est déjà invivable à certains endroits, à certains moments, à cause du climat. Conscience que je dois tout faire pour éviter que cela empire.
Le tracé du parcours en vidéo
La suite au prochaine épisode !
Crédit photos : Louis
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