Fiche Pédagogique

Écologie(s)

par Jean-Christophe Anna

Écologie ?

 

L’écologie ou écologie scientifique, parfois assimilée à la bioécologie ou à la bionomie, est une science qui étudie les êtres vivants dans leur milieu en tenant compte de leurs interactions. 

Cet ensemble, qui contient les êtres vivants, leur milieu de vie et les relations qu’ils entretiennent, forme un écosystème. L’écologie fait partie intégrante de la discipline plus vaste qu’est la science de l’environnement (ou science environnementale). Le terme écologie est construit sur le grec οἶκος / oikos (« maison, habitat ») et λόγος / lógos (« discours ») : c’est la science de l’habitat. Il fut inventé en 1866 par Ernst Haeckel, biologiste allemand darwiniste. Dans son ouvrage Morphologie générale des organismes, il désignait par ce terme « la science des relations des organismes avec le monde environnant, c’est-à-dire, dans un sens large, la science des conditions d’existence ».

Une définition généralement admise, particulièrement utilisée en écologie humaine, admet l’écologie comme étant « le rapport triangulaire entre les individus d’une espèce, l’activité organisée de cette espèce et l’environnement de cette activité » ; l’environnement est « à la fois le produit et la condition de cette activité, et donc de la survie de l’espèce ».

Un écologue (ecologist en anglais), qu’il soit chercheur, biologiste ou ingénieur écologue, est un spécialiste de l’écologie. Ce terme ne doit pas être confondu avec la dénomination écologiste comme adepte de l’écologisme, ou partisan de l’écologie politique.

 

Écologie politique

L’écologie politique est un ensemble de courants, largement diffusé depuis les années 1970, qui insiste sur la prise en compte des enjeux écologiques dans l’action politique et dans l’organisation sociale. Mouvement culturel nourri d’influences de divers mouvements (tels que le féminisme, le tiers-mondisme, le pacifisme, la non-violence, le libertarisme, l’autogestion, etc.), l’écologie devient politique lorsqu’elle appelle à une profonde transformation du modèle économique et social actuel ainsi qu’à une remise à plat des relations entre l’homme et son environnement1.

Aux États-Unis, les figures tutélaires du courant écologiste sont Henry David Thoreau, Aldo Leopold et Rachel Carson. En Europe, le premier à articuler combat pour la nature et combat politique fut un libertaire, le géographe Élisée Reclus.

Historiquement et culturellement, il allait de soi — en tout cas dans le monde occidental européen — que l’homme était au centre de l’« univers » et il était « normal » de penser, d’enseigner et de croire que les humains pouvaient transformer le milieu sans toujours penser qu’ils n’en étaient pas les créateurs mais une de ses espèces. Il était utopique et normalisé de croire qu’il était possible de maîtriser la vie et de dominer les forces de la nature, qu’elles pourraient se plier à chacun des désirs par des actions concertées. Une position qui dérive notamment du livre de la Genèse judéo-chrétienne (Dieu donne explicitement la terre aux hommes comme un outil qu’ils doivent dominer) mais aussi de l’humanisme de la Renaissance (l’homme mis au centre du monde) et à ses prolongements à travers Descartes puis le mouvement des Lumières dont le programme consiste à la connaissance puis la transformation mécanique du monde par l’Homme.

La naissance de la prise de conscience politique de l’écologie peut probablement être retracée au sein de divers courants de pensée de simplicité volontaire, perceptibles au sein de courants chrétiens dissidents ou non (les Franciscains). C’est cependant avec la révolution industrielle occidentale, provoquant l’accélération de la transformation du monde, l’urbanisation, la dégradation (d’abord ponctuelle) de l’environnement et la conception d’un « environnement humain » que les idées de l’écologie politique ont émergé dans la seconde moitié du XIXe siècle. Ses premières manifestations se retrouvent, non sans ambiguïté, dans des mouvements chrétiens antimodernistes (inspirés du romantisme ou parfois de la contre-révolution) qui apportent leur limitation à la proposition de la Genèse : voyant dans la nature l’œuvre de Dieu, ils dénoncent la course capitaliste à l’enrichissement matérialiste qui détruit cette œuvre (voir par exemple le poète britannique John Ruskin (1819-1900), précurseur du socialisme en Grande-Bretagne et l’écrivain britannique Thomas Carlyle (1795-1881), partisans d’un anticapitalisme autoritaire).

L’expression principale d’un mouvement écologique fondée sur une vision politique et économique sera cependant celle d’une partie du mouvement anarchiste de la fin du xixe siècle, qui mêle retour à la nature, naturisme, végétarisme, non-violence, sous l’influence de Léon Tolstoï (1828-1910) en Europe et de Henry David Thoreau (1817-1862) aux États-Unis. Le géographe Élisée Reclus (1830-1905) incarne bien cette mouvance anarchiste exprimant des conceptions écologiques. Toutefois il ne faut pas oublier Jacquinot de Pampelune sous la Restauration dont le rapport (publié chez Hacquart) a permis la loi du 30 juin 1824 portant sur le développement arboré esthétique et utilitaire des routes qui avait été négligé sous la république puis par l’empire napoléonien.[pas clair]

L’écologie politique s’affirmera, après les deux grandes guerres, sur la scène politique à la fin des années 1960 – début des années 1970, avec la remise en cause de la société de consommation, dans le sillage de la sensibilisation à l’environnement et la prise de conscience écologique émergente. L’écologie politique peut s’appuyer sur les analyses philosophiques de l’émergence de la société de consommation proposées par Günther Anders (L’Obsolescence de l’homme, 1956) et Hannah Arendt (Condition de l’homme moderne, 1958).
Alors que l’écologie a pour objectif d’étudier les rapports entre un organisme et le milieu naturel, l’écologie politique fait en quelque sorte à la suite d’une prise de conscience des limites de l’anthropocentrisme humain. Elle pose aussi des questions essentielles à l’anthropologie pour le rôle écologique de l’espèce.

L’écologie politique cherche à développer l’état de conscience de l’empreinte polluante de l’être humain sur le milieu, y compris dans ses aspects culturels, structurels, politiques, sociaux, et sociétaux : le terme est apparu dans les années 1970, par opposition à certains mouvements « écologistes » qui avaient tendance à ne pas inclure ces aspects dans leur réflexion. Il s’agissait de remettre en question l’interaction entre l’être humain et son environnement, y compris dans les programmes politiques. Une première étude du Club de Rome avait été publiée au début des années 1970, mais son impact avait concerné des individus plus que des mouvements politiques en tant que tels.

Plusieurs mouvements, tels que l’ONG Les Amis de la Terre qui a participé à la fondation du mouvement écologiste en France, et quelques partis politiques sont apparus dans la foulée dans plusieurs pays développés.

On nomme écologie politique une approche culturelle appliquée de l’écologie pour l’espèce humaine — espèce qui a recours à la politique pour assurer son avenir et celui de sa descendance. Elle constitue également un mouvement social pour transformer la société, dans un sens plus adapté à une vision écologique (globale, intégrant les générations futures) du réel face aux réalités. Plus qu’une politique, on peut la considérer comme une éthique comportementale, aspirant à une plus grande harmonie, autonomie, solidarité et responsabilité.

En tant qu’élément déterminant de la politique sociale, l’écologie politique prend en compte les conséquences des actions humaines dans l’habitat et de nos actes sur notre milieu, non seulement écologique, mais aussi humain, social et sociétal. Avec en particulier l’impact négatif sur la santé physique et mentale, celle des autres, et sur celles des générations futures.
Les courants de pensée inspirant l’environnementalisme moderne proviennent de l’Europe et des États-Unis du xixe siècle.

Cependant, les préoccupations « écologistes », de protection de la nature sur des bases éthiques, philosophiques ou religieuses sont largement antérieures : beaucoup de lois ont été promulguées qui peuvent être qualifiées d’écologistes, et ce depuis l’Antiquité : de la protection des forêts à Ur vers -2700, aux édits de protection des animaux de l’empereur Ashoka en Inde (-256), de la première « réserve naturelle » du monde (un sanctuaire de la vie sauvage) au Sri Lanka quelques décennies plus tard jusqu’à la première loi de protection des oiseaux sur les îles Farne en 6762.

Saint François d’Assise, choisi comme patron de l’écologie, est parfois considéré comme le précurseur de la vision chrétienne alternative de l’homme dans sa relation avec la nature3.

Signalons aux xviie et xviiie siècles des mesures des colons des États-Unis d’Amérique pour éviter l’épuisement des ressources, par la réglementation de l’abattage du bois, la jachère ou l’interdiction de la chasse par période4 ou des mesures législatives du gouverneur de l’île Maurice en 1710 (à l’époque nommée Île-de-France) en protégeant les forêts afin de lutter contre l’érosion des sols, garantir des microclimats favorables.

Une des premières actions collectives contre la déforestation date de 1720, en Inde, avec des centaines de villageois de confession bishnoïe qui ont empêché les soldats du maharaja de Jodhpur de détruire des arbres5.

Tandis qu’Henry David Thoreau (1817-1862) est considéré comme le premier environnementaliste, un des premiers penseurs ayant associé et théorisé la lutte sociale et la préoccupation écologiste est Élisée Reclus (1830-1905), scientifique et militant anarchiste6.

En 1864, George Marsh publie L’homme et la nature (Man and nature)7, la première analyse systématique de l’impact destructif de l’humanité sur l’environnement, qui devient un travail de référence pour le mouvement environnementaliste. Deux ans plus tard, le terme écologie est créé par le zoologiste allemand Ernst Haeckel.

Les premières créations d’organisations que l’on qualifierait de conservationnistes, écologistes remontent à 1815 avec la Commons Open Spaces & Footpaths preservation society au Royaume-Uni, à 1854 en France avec la Société nationale de protection de la nature. Aux États-Unis, la création du premier grand parc naturel Yellowstone remonte à 18728 tandis que la naissance de la première grande ONG de défense de la nature, le Sierra Club remonte à 1892.

Concernant le « contrôle » de l’industrialisation, Benjamin Franklin et des habitants déposent en 1739 une pétition à l’assemblée de Pennsylvanie pour faire stopper les décharges des déchets des tanneries (du district commercial de Philadelphie) : les entreprises parlent de violation de leurs droits tandis que Franklin fait mention de « public rights » (« droit public, des citoyens »). Par la suite, de 1762 à 69, un comité essaie de réguler et contrôler la pollution des eaux et les déchets9.

Pour l’Angleterre moderne, une des premières lois de contrôle de la pollution est le British River Pollution Control Act de 1876 qui rend illégal tout déversement d’égouts dans les rivières ou autres courants, qui fait pendant à une loi de 1388 interdisant de jeter les ordures dans les fossés, rivières…

Les premières dénonciations virulentes du gaspillage des ressources naturelles de notre société industrielle sont dues à un biologiste et urbaniste écossais Patrick Geddes vers 191510.

La première organisation internationale de conservation de la nature est fondée en 1948, l’Union internationale pour la conservation de la nature11 dont le siège se trouve en Suisse.

Dès les années 1960, aux États-Unis les préoccupations écologistes ressurgissent avec les problèmes de pollution, exemple le DDT12, les mouvements antinucléaires13. La plus importante manifestation au monde a lieu le 22 avril 1970, décrété jour de la terre pour demander la protection de l’environnement.

En décembre 1966, l’historien américain Lynn White Jr donne une conférence sur les racines historiques de la crise écologique, avant de publier en 1967 son livre The historical roots of our ecological crisis. Le judéo-christianisme est accusé d’être responsable de la crise écologique, à cause de l’interprétation qui aurait été faite du chapitre 1 du livre de la Genèse, et notamment du fameux verset où Dieu dit « Soyez féconds, multipliez-vous, emplissez la terre et soumettez-la ; dominez sur les poissons de la terre, les oiseaux du ciel et tous les animaux qui rampent sur la terre ». Ce livre a servi de référence à toute une génération d’écologistes, avant d’être critiqué par les chrétiens, notamment Jean Bastaire14.

Dans les années 1970 apparaît un nouveau type de mobilisation : les interventions d’urgence. Par exemple, face au non-respect de l’embargo sur la chasse à la baleine, l’organisation Greenpeace, récemment fondée, protège les baleines en se plaçant devant les baleiniers.

Parmi les mouvements écologistes actuels, apparus dans les années 1960, années 1970, la plupart ont plutôt des préoccupations sociales associées aux préoccupations environnementalistes, et prônent des valeurs de tolérance et d’ouverture.

Voir aussi une chronologie qui reprend des dates clés concernant l’environnement, les catastrophes environnementales, la genèse des courants écologistes, les traités de protection de l’environnement…

Écologisme

L’écologisme, ou environnementalisme, est à la fois un courant de pensée (idéologie ou philosophie), un corpus de valeurs et de propositions incluant notamment celles du mouvement environnemental. L’orientation de l’activité politique ou parapolitique vise au respect, à la protection, la préservation ou la restauration de l’environnement dans une forme très poussée. James Lovelock, père de la théorie Gaïa, est l’un des représentants les plus célèbres de cette doctrine.

Ce mouvement éco-centrique a comme projet la conservation de la nature et le « respect » des équilibres naturels. L’environnementalisme et le mouvement écologiste ont parmi leurs priorités : la conservation des ressources naturelles, la préservation de la « vie sauvage » (wilderness), la lutte contre la dégradation, la fragmentation et la destruction des habitats et des écosystèmes au sens le plus large. Ils définissent de nouveaux rapports territoriaux dans les milieux habités par l’humain, dont les milieux urbains considérés comme les habitats potentiels de substitution et comme cadre de vie d’une part grandissante de l’humanité.

Ces différentes demandes sociales et politiques, ou même protestations s’expriment dès le début du xxe siècle : en 1902, une convention internationale pour la protection des oiseaux utiles était signée entre 11 pays d’Europe, et en 1913, le congrès de Berne réclamait une « Protection mondiale de la nature », principalement du constat de la dégradation de la nature par l’homme, notamment par la chasse et la surexploitation de la nature, puis par la pollution et la destruction à grande échelle de milieux naturels (forêts tropicales) notamment. Les courants de pensée inspirant l’environnementalisme moderne proviennent de l’Europe et des États-Unis du xixe siècle.

Cependant, les préoccupations « écologistes », de protection de la nature sur des bases éthiques, philosophiques ou religieuses sont largement antérieures : beaucoup de lois ont été promulguées qui peuvent être qualifiées d’écologistes, et ce depuis l’Antiquité : de la protection des forêts à Ur vers -2700, aux édits de protection des animaux de l’empereur Ashoka en Inde (-256), de la première « réserve naturelle » du monde (un sanctuaire de la vie sauvage) au Sri Lanka quelques décennies plus tard jusqu’à la première loi de protection des oiseaux sur les îles Farne en 676.

Saint François d’Assise, choisi comme patron de l’écologie, est parfois considéré comme le précurseur de la vision chrétienne alternative de l’homme dans sa relation avec la nature.

Signalons aux XVIIe et XVIIIe siècles des mesures des colons des États-Unis d’Amérique pour éviter l’épuisement des ressources, par la réglementation de l’abattage du bois, la jachère ou l’interdiction de la chasse par période ou des mesures législatives du gouverneur de l’île Maurice en 1710 (à l’époque nommée Île-de-France) en protégeant les forêts afin de lutter contre l’érosion des sols, garantir des microclimats favorables.

Une des premières actions collectives contre la déforestation date de 1720, en Inde, avec des centaines de villageois de confession bishnoïe qui ont empêché les soldats du maharaja de Jodhpur de détruire des arbres.

Tandis qu’Henry David Thoreau (1817-1862) est considéré comme le premier environnementaliste, un des premiers penseurs ayant associé et théorisé la lutte sociale et la préoccupation écologiste est Élisée Reclus (1830-1905), scientifique et militant anarchiste.

En 1864, George Marsh publie L’homme et la nature (Man and nature), la première analyse systématique de l’impact destructif de l’humanité sur l’environnement, qui devient un travail de référence pour le mouvement environnementaliste. Deux ans plus tard, le terme écologie est créé par le zoologiste allemand Ernst Haeckel.

Les premières créations d’organisations que l’on qualifierait de conservationnistes, écologistes remontent à 1815 avec la Commons Open Spaces & Footpaths preservation society au Royaume-Uni, à 1854 en France avec la Société nationale de protection de la nature. Aux États-Unis, la création du premier grand parc naturel Yellowstone remonte à 1872 tandis que la naissance de la première grande ONG de défense de la nature, le Sierra Club remonte à 1892.

Concernant le « contrôle » de l’industrialisation, Benjamin Franklin et des habitants déposent en 1739 une pétition à l’assemblée de Pennsylvanie pour faire stopper les décharges des déchets des tanneries (du district commercial de Philadelphie) : les entreprises parlent de violation de leurs droits tandis que Franklin fait mention de « public rights » (« droit public, des citoyens »). Par la suite, de 1762 à 69, un comité essaie de réguler et contrôler la pollution des eaux et les déchets.

Pour l’Angleterre moderne, une des premières lois de contrôle de la pollution est le British River Pollution Control Act de 1876 qui rend illégal tout déversement d’égouts dans les rivières ou autres courants, qui fait pendant à une loi de 1388 interdisant de jeter les ordures dans les fossés, rivières…

Les premières dénonciations virulentes du gaspillage des ressources naturelles de notre société industrielle sont dues à un biologiste et urbaniste écossais Patrick Geddes vers 1915.

La première organisation internationale de conservation de la nature est fondée en 1948, l’Union internationale pour la conservation de la nature11 dont le siège se trouve en Suisse.

Dès les années 1960, aux États-Unis les préoccupations écologistes ressurgissent avec les problèmes de pollution, exemple le DDT, les mouvements antinucléaires. La plus importante manifestation au monde a lieu le 22 avril 1970, décrété jour de la terre pour demander la protection de l’environnement.

En décembre 1966, l’historien américain Lynn White Jr donne une conférence sur les racines historiques de la crise écologique, avant de publier en 1967 son livre The historical roots of our ecological crisis. Le judéo-christianisme est accusé d’être responsable de la crise écologique, à cause de l’interprétation qui aurait été faite du chapitre 1 du livre de la Genèse, et notamment du fameux verset où Dieu dit « Soyez féconds, multipliez-vous, emplissez la terre et soumettez-la ; dominez sur les poissons de la terre, les oiseaux du ciel et tous les animaux qui rampent sur la terre ». Ce livre a servi de référence à toute une génération d’écologistes, avant d’être critiqué par les chrétiens, notamment Jean Bastaire14.

Dans les années 1970 apparaît un nouveau type de mobilisation : les interventions d’urgence. Par exemple, face au non-respect de l’embargo sur la chasse à la baleine, l’organisation Greenpeace, récemment fondée, protège les baleines en se plaçant devant les baleiniers.

Parmi les mouvements écologistes actuels, apparus dans les années 1960, années 1970, la plupart ont plutôt des préoccupations sociales associées aux préoccupations environnementalistes, et prônent des valeurs de tolérance et d’ouverture.

En France, le mouvement écologiste connaît une impulsion particulière après mai 68, tout d’abord en tant que mouvement contestataire. Il s’est d’abord caractérisé par des actions ponctuelles et des manifestations, aussi bien sur le terrain qu’à Paris. On note ainsi la lutte contre la création d’une station de ski dans le parc national de la Vanoise en 1970, les manifestations de 1971 contre les centrales nucléaires de Fessenheim (quelques centaines de personnes) et de Bugey (15 000 personnes). De même, la manifestation contre l’extension du camp militaire du Larzac regroupe quelques centaines de manifestants le 9 mai 1971, puis près de 20 000 le 14 juillet 1972. Le principal animateur de ces manifestations est Pierre Fournier, journaliste à Charlie Hebdo, militant antinucléaire et antimilitariste.

Cependant, le programme nucléaire ne démarre en France qu’en 1974, à la suite du premier choc pétrolier de 1973. Très rapidement, le nucléaire est alors rejeté par les associations de défense de la nature, par des scientifiques rejetant des avis d’experts de l’époque, par des citoyens inquiets des risques potentiels et par une presse militante : Le Courrier de la Baleine, revue des Amis de la Terre en 1971 et surtout en 1972 La Gueule ouverte15, qui a un public plus large. Le mouvement antinucléaire servira de focalisateur à la cause écologiste.

Une des plus importantes manifestations contre le nucléaire, la Manifestation à Creys-Malville en 1977 est sévèrement réprimée (un mort et des dizaines de blessés) .

C’est à la même période qu’est créée en 1969, par Jean Carlier, l’association des journalistes-écrivains pour la nature et l’écologie (JNE).

Si quelques candidatures écologistes avaient déjà été lancées en Alsace16, c’est la première candidature à l’élection présidentielle d’un candidat se réclamant de l’écologie, en 1974, qui la propulse vraiment sur le terrain politique. L’agronome tiers-mondiste René Dumont, si son score électoral est médiocre, utilise l’exposition médiatique dont il bénéficie pour faire prendre conscience des problèmes environnementaux.

Écologie profonde, Écologie sociale, Écoféminisme et Écologie décoloniale ! 

L’Écologie profonde 

Si l’écologie est l’étude des relations des systèmes vivants avec leur milieu, elle peut parfaitement rester purement philosophique et donc superficielle. Ressenti vécu de notre appartenance à la grande toile de la Vie, l’écologie profonde («deep ecology») imaginée par le philosophe norvégien Arne Naess, « restitue à tous les êtres vivants et à la nature une valeur intrinsèque, indépendamment de leur utilité pour les êtres humains. Naess montre que l’affection pour tout ce qui est vivant » ou
« écosophie » est « au cœur du développement personnel, de la formation de l’identité sociale… et d’une société plus juste ».

Pour en savoir plus sur l'écologie profonde

L’écologie profonde attribue plus de valeur aux espèces et aux différents écosystèmes que ne le font les mouvements écologiques classiques, ce qui entraîne le développement d’une éthique environnementale. Tandis que l’écologie classique, bien que développant de nouvelles alternatives, pose toujours la satisfaction des besoins humains comme finalité (anthropocentrisme) et attribue au reste du vivant le statut de « ressource », l’écologie profonde réinscrit les finalités humaines dans une perspective plus large, celle du vivant (biocentrisme) afin de prendre en compte les besoins de l’ensemble de la biosphère, notamment des espèces avec lesquelles la lignée humaine coévolue depuis des milliers d’années.

Le philosophe norvégien Arne Næss invente l’expression dans un article fondateur publié pour la première fois en 1973 : « Le mouvement écologique superficiel et le mouvement profond » (« The Shallow and the Deep Long Range Ecology Movement  »). Næss rejette l’idée que les êtres vivants puissent être classés en fonction de leurs valeurs respectives. Par exemple, le fait de savoir si un animal a une âme, s’il utilise la raison ou s’il a une conscience est souvent utilisé pour justifier la position dominante des humains sur les autres espèces vivantes. Næss affirme que :

« le droit de toute forme de vie à vivre est un droit universel qui ne peut pas être quantifié. Aucune espèce vivante n’a plus de ce droit particulier de vivre et de s’étendre qu’une autre espèce. »

Cette idée métaphysique est soulignée par la phrase de Warwick Fox disant que nous et tous les autres êtres vivants sommes des « aspects d’une même réalité émergente ».

PRINCIPES FONDAMENTAUX
Les partisans de l’écologie profonde estiment que le monde n’est pas une ressource exploitable à volonté par l’Homme. L’éthique de l’écologie profonde explique qu’un système global (la nature) est supérieur à chacune de ses parties (l’Homme étant une partie de la nature). Cette éthique s’appuie sur les huit postulats suivants:

  1. Le bien-être et l’épanouissement des formes de vie humaines et non-humaines de la Terre ont une valeur en elles-mêmes (synonyme : valeur intrinsèque, valeur inhérente). Cette valeur est indépendante de l’utilité du monde non-humain pour les besoins humains.
  2. La richesse et la diversité des formes de vie contribuent à la réalisation de cette valeur et sont également des valeurs elles-mêmes.
  3. L’Homme n’a pas le droit de réduire la richesse et la diversité biologique, sauf pour satisfaire des besoins humains vitaux.
  4. L’épanouissement de la vie et des cultures humaines est compatible avec une décroissance substantielle de la population humaine. Le développement des formes de vie non-humaines requiert une telle diminution.
  5. L’interférence humaine actuelle avec le monde non-humain est excessive et nuisible, et la situation empire rapidement.
  6. Des politiques doivent donc être changées. Ces politiques affectent les structures économiques, technologiques, et idéologiques fondamentales. Il en résultera une société profondément différente de la nôtre.
  7. Les changements idéologiques passent par l’appréciation d’une bonne qualité de vie plutôt que l’adhésion à des standards de vie toujours plus élevés. Il faut prendre conscience de la différence entre « bonne qualité » et « course à un niveau de vie extrêmement élevé » (qui serait néfaste à la nature).
  8. Ceux qui souscrivent aux points précédents s’engagent à essayer de mettre en application directement ou indirectement les changements nécessaires.

 

Source : Wikipedia

L’écologie sociale

L’écologie sociale est une théorie philosophique, sociale et politique sur l’écologie élaborée par l’Américain Murray Bookchin (1921-2006) dans les années 1960.
Elle présente les problèmes écologiques comme découlant principalement de problèmes sociaux, notamment des différentes formes de hiérarchie et de domination, et cherche à les régler à travers le modèle d’une société adaptée au développement humain et à la biosphère. C’est une théorie de l’écologie politique radicale basée sur le communalisme, qui s’oppose au système capitaliste actuel de production et de consommation. Elle vise la mise en place d’une société morale, décentralisée, solidaire, guidée par la raison.

Pour en savoir plus sur l'écologie sociale

L’écologie sociale étudie les relations de l’humain à la nature, et des humains entre eux. Elle a été fondée par Murray Bookchin (1921-2006), un théoricien social, communiste libertaire et écologiste politique américain originaire de New York, co-fondateur de l’Institute for Social Ecology dans le Vermont aux Etats-Unis.

Le diagnostic principal posé par l’écologie sociale est que tous nos problèmes écologiques proviennent en réalité de problèmes sociaux. Ainsi, pour comprendre l’origine des problèmes écologiques, il est d’abord essentiel de comprendre la manière dont les êtres humains structurent leurs relations au travers de leurs diverses institutions.

L’écologie sociale s’attaque ainsi au capitalisme – qui structure nos relations à travers la domination et l’exploitation des travailleurs et travailleuses, la propriété privée des moyens de production, le mécanisme du marché, l’impératif du profit basé sur la logique du « croitre-ou-mourir », ainsi qu’un rapport extractif à la nature, la non-reconnaissance du travail de reproduction sociale, et l’exploitation de celles qui le fournissent – mais également à l’Etat – qui permet à une classe gouvernante, composée d’élu.e.s professionnel.elle.s de la politique, de prendre des décisions qui détermineront la vie des classes gouvernées – et à tous les autres rapports de domination.

L’apport principal de l’écologie sociale, c’est que l’idée-même de domination de l’humain sur la nature provient de l’idée de la domination de l’humain sur l’humain, générée à travers l’histoire par la domination de l’homme sur la femme, des blancs sur les gens d’autres couleurs de peau, des riches sur les pauvres, etc. En identifiant la source des problèmes écologiques dans l’idée-même de hiérarchie, Bookchin considère rompre avec le Marxisme, dans la mesure où, selon lui, une analyse basée principalement sur la critique de l’exploitation économique court le risque de ne pas assurer l’éradication des autres types de hiérarchie. Selon lui, même si l’on abolit les rapports d’exploitation économique et d’exploitation de la nature, ce n’est pas pour autant que les autres rapports de domination disparaîtront et que l’on pourra atteindre une société égalitaire et non-hiérarchique.

 

L’oeuvre de Murray Bookchin, débutant par des écrits anarchistes sur le sujet dans les années 1960, a continuellement évolué. Vers la fin des années 1990 il lui intègre toujours plus le principe de communalisme, avec des aspirations plus portées vers la démocratie municipale institutionnalisée, ce qui le distancie d’une certaine évolution de l’anarchisme. Inspirée de l’anarchisme (de Kropotkine principalement) et du communisme, des écrits de Marx et de Engels. L’écologie sociale se veut éviter les écueils d’une écologie néo-malthusienne qui efface les rapports sociaux en les substituant par les « forces naturelles » mais également d’une écologie technocratique qui considère qu’il faut compter sur la technologie et accorder plus de puissance aux Etats. Selon Bookchin, ces deux courants dépolitisent l’écologie et mythifient le passé ou le futur.

Ainsi, l’écologie sociale s’articule au travers de plusieurs principes clé :

L’interdépendance et le principe d’unité dans la diversité. L’écologie sociale cherche à s’opposer à l’uniformisation des êtres et des pensées et veut promouvoir l’apport de la diversité, de l’union organique des différentes parts de la société. Les différences doivent être promues comme apportant une diversité de talents, de points de vue, de styles permettant de faire évoluer la société tout en la rendant plus stable.

La décentralisation : Une société d’écologie sociale prendrait la forme d’une confédération de communes décentralisées et liées entre elles par des liens commerciaux et sociaux. Des sources d’énergies renouvelables dispersées permettraient d’alimenter ces communautés à taille humaine et d’apporter à chacun selon ses besoins.

La démocratie directe : Structurée autour du principe d’une forme de communalisme dite municipalisme libertaire, l’écologie sociale prône le développement des assemblées communales, version modernisée du type développé par les Athéniens dans l’Antiquité ou mis en place durant la Commune de Paris pour la prise de décisions politiques. Les décisions concernant la vie de la commune sont discutées et votées à la majorité dans ces assemblées. De même, à l’échelon supérieur, des représentants munis de mandats impératifs, et donc révocables, sont désignés pour aller représenter leur commune lors des assemblées régionales, nationales, etc. C’est un système horizontal, une démocratie populaire non hiérarchique, dont les décisions vont de bas en haut et sont prises dans la transparence du face-à-face.

Un renouveau de la citoyenneté : À la base du système d’écologie sociale se trouvent le citoyen et la communauté. Chaque personne doit réapprendre à participer aux choix concernant la vie locale, et pour ce faire il lui faut réapprendre à décider en commun. Le citoyen doit redevenir responsable et connaître le minimum lui permettant de prendre une part active dans la gestion de la société, notamment ce qui a une répercussion directe sur sa vie et celle d’autrui.

Une technologie libératrice : L’écologie sociale ne s’oppose pas aux technologies modernes mais est partisane en revanche d’un développement de celles-ci pour les mettre au service de l’être humain. La science doit retrouver son sens moral et se développer pour l’humain et non l’asservir. Les machines et outils modernes doivent devenir multifonctionnels, durables, écologiques et faciles à utiliser ainsi qu’à entretenir. En devenant maître de la technique qu’il utilise, le citoyen pourra se libérer du travail pénible et se concentrer sur l’aspect créatif et positif des tâches.

Une vision sociale du travail : Développer les machines a, dans l’écologie sociale, pour but de libérer l’être humain d’une grande part du travail manuel (travail en usine) pouvant être fait par des machines, en vue de lui laisser le travail créatif et réduire son temps de travail. Le temps gagné pourrait lui permettre de participer à la vie politique de son quartier et de profiter plus pleinement de la vie sociale. Le modèle s’articule ainsi autour de temps partiels diversifiés, alliant autant que possible travail à l’intérieur et à l’extérieur, intellectuel et concret, etc. Les hiérarchies au travail seront remplacées par des superviseurs ayant pour seul but d’apporter une vision globale sur le travail d’une société.

Le naturalisme dialectique : Le naturalisme dialectique est une philosophie dialectique développée pour servir de fondement éthique à une société basée sur les principes de l’écologie sociale. Afin de lutter contre les ravages des représentations binaires occidentales, cette philosophie s’appuie sur la pensée « développementale » pour appréhender la complexité du vivant. Ainsi, le naturalisme dialectique invite à ne pas étudier les espèces en les isolants les unes des autres, ce qui est le « reflet du parti-pris entrepreneurial de notre culture » mais à penser leur interrelations. Son principe est que « ce qui devrait être » doit servir de base éthique à « ce qui est », dans le but d’accompagner la liberté en germe dans la nature.

Rencontres internationales
En mai 2016, sont organisées à Lyon les premières « Rencontres internationales de l’écologie sociale » qui réunissent une centaine d’écologistes radicaux, de décroissants et de libertaires venus pour la plupart de France, de Belgique, d’Espagne et de Suisse, mais aussi des États-Unis, du Guatemala ou encore du Québec. Au centre des débats: le municipalisme libertaire comme alternative à l’État-nation et le besoin de repenser le militantisme.

La deuxième édition des rencontres ont lieu à Bilbao, du 27 au 29 octobre 20178.

Mouvement kurde
En 2006, à la mort de l’anarchiste américain Murray Bookchin, le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) s’engage à fonder la première société basée sur un confédéralisme démocratique inspiré des réflexions du théoricien de l’écologie sociale et du municipalisme libertaire.

Le 6 janvier 2014, les cantons du Rojava, dans le Kurdistan syrien, se fédèrent en communes autonomes. Elles adoptent un contrat social qui établit une démocratie directe et une gestion égalitaire des ressources sur la base d’assemblées populaires. C’est en lisant l’œuvre prolifique de Murray Bookchin et en échangeant avec lui depuis sa prison turque, où il purge une peine d’emprisonnement à vie, que le dirigeant historique du mouvement kurde, Abdullah Öcalan, fait prendre au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) un virage majeur pour dépasser le marxisme-léninisme des premiers temps. Le projet internationaliste adopté par le PKK en 2005, puis par son homologue syrien, le Parti de l’union démocratique (PYD), vise à rassembler les peuples du Proche-Orient dans une confédération de communes démocratique, multiculturelle et écologiste.

 

Source : Wikipedia

À ne pas confondre avec la social-écologie...

La social-écologie est un courant politique cherchant « à lier question sociale et enjeux écologiques ».
Théorisé par Éloi Laurent, il a principalement été employé en France par le Parti socialiste.
Dans son livre éponyme de 2011, Éloi Laurent propose à travers la social-écologie « un modèle d’économie verte pour réduire les inégalités, préserver et conserver les ressources naturelles (p. 209), afin d’adapter le système capitaliste mondialisé au contexte de la crise écologique ».

Source : Wikipedia

... ni avec l'écosocialisme...

L’écosocialisme (parfois appelé « socialisme vert ») est un courant de pensée qui cherche à associer les principes de l’écologisme et du socialisme.
L’écosocialisme part du principe que l’écologie est inconciliable avec le capitalisme, dont les modes de production sont guidés par la recherche du profit et la valeur d’échange, ce qui implique le productivisme et l’incapacité de prendre en compte la destruction de l’environnement (qui n’a pas de valeur d’échange) et les besoins sociaux et humain (destruction des peuples, individualisme, droit de l’homme, etc.). Ce courant de pensée est parfois mis en relation avec la social-écologie.

Source : Wikipedia

L’Écoféminisme

L’écoféminisme est un courant philosophique, éthique et politique né de la conjonction des pensées féministes et écologistes.
Le courant écoféministe considère qu’il existe des similitudes et des causes communes entre les systèmes de domination et d’oppression des femmes par les hommes et les systèmes de surexploitation de la nature par les humains (entraînant le dérèglement climatique et le saccage des écosystèmes). En conséquence, l’écologie nécessiterait de repenser les relations entre les genres en même temps qu’entre les humains et la nature.

Pour en savoir plus sur l'écoféminisme

ORIGINE DU TERME

Le terme « écoféminisme » est la contraction des mots « écologie » et « féminisme ».

On considère généralement qu’il a été utilisé pour la première fois en 1974 par Françoise d’Eaubonne, féministe française, dans son ouvrage Le féminisme ou la mort, quoique Émilie Hache note qu’il est possible que le terme ait été inventé par plusieurs personnes au même moment. Sous la plume de Françoise d’Eaubonne, le féminisme émancipateur est une condition de l’écologie, notamment par le contrôle des naissances, qui fait encore vivement débat à l’époque alors que des écologues comme Paul Ehrlich estiment que la surpopulation mène la planète à sa fin. Ainsi pour elle « Le premier rapport de l’écologie avec la libération des femmes est la reprise en main de la démographie par celles-ci, ce qui définit la réappropriation du corps ». C’est cependant une tendance radicalement opposée qui va se développer dans les pays anglo-saxons sous la même appellation, fondée sur une mystique féminine volontiers essentialiste et bien éloignée du féminisme progressiste qui domine alors en France.

L’écrivaine Janet Biehl affirme quant à elle que ce serait Murray Bookchin qui aurait inventé ce concept pour parler des conférences données par Ynestra King à l’Institut d’Écologie Sociale durant les années 1970.

HISTOIRE

Origines (1960-1980)
Alors que le mot écoféminisme n’existe pas encore, ses principes peuvent être préfigurés dès 1962 par Rachel Carson dans son livre Silent spring (« Printemps silencieux ») qui, par son retentissement, contribua à l’interdiction du pesticide DDT aux États-Unis, essentiellement du fait de l’émergence d’un certain nombre de figures féminines dans le mouvement écologiste (Lois Gibbs, Donella Meadows, Petra Kelly) et de mouvements ouvertement féminins comme Women for Life on Earth. Des féministes comme Frances Power Cobbe et Marie Huot s’engagent pour les droits des animaux.
Dans les années 1970, des villageoises indiennes fondent le mouvement Chipko, qui proteste contre la déforestation, et qui peut être considéré comme « écoféministe rétrospectivement » car Vandana Shiva, activiste écoféministe renommée, devient bientôt la plus active des porte-paroles du mouvement Chipko. Vandana Shiva a également fondé en Inde dans l’Uttarakhand un sanctuaire de la biodiversité sauvage et agrosemencière, où les femmes tiennent une place essentielle.

Développement (1980-2000)
Une autre date importante est celle d’une conférence intitulée « l’écoféminisme et la vie sur terre » aux États-Unis en mars 1980 après l’accident nucléaire de Three Mile Island en 1979. Les personnes présentes avaient adopté un manifeste sur les rapports entre les mouvements écologiques et les mouvements de femmes, entre la destruction de la nature, le militarisme, les discriminations et dominations subies par la femme.
En 1980 et 1981 aux États-Unis ont lieu les Women’s Pentagon Actions, actions spectaculaires où deux mille femmes se réunissent autour du Pentagone pour réclamer à la fois l’égalité des droits (sociaux, économiques, reproductifs), la fin des actions militaires menées par le gouvernement, ainsi que la fin de l’exploitation des personnes et de l’environnement. Ce mouvement s’inscrit dans la lutte antinucléaire et sera le berceau de l’écoféminisme américain.
En 1990, dans un article intitulé « Le pouvoir et la promesse du féminisme écologique », Karen J. Warren met en exergue les apports et enrichissements croisés de l’écoféminisme, avec à la fois une importance du féminisme pour l’éthique environnementale, et tout autant inversement, une importance de l’environnementalisme pour le féminisme. Les courants politiques et écoféministes dialoguent et fusionnent parfois, tout en restant nombreux et polymorphes, mais plaidant principalement à la fois pour la justice sociale et contre les inégalités écologiques (Les effets de la dégradation environnementales, comme ceux de la pauvreté sont inégalement répartis dans le monde et les territoires) et affirmant que la cause de la nature fait partie de la cause des femmes. Les recherches, ateliers et articles sur le sujet se multiplient, témoignant de la vitalité de ce mouvement.

XXIème siècle
En 2019 l’écoféminisme est de plus en plus présent dans la société. Lors des différentes marches pour le climat impulsées par Greta Thunberg de nombreuses jeunes filles ont pris l’initiative de mettre une touche féministe dans leur pancarte : « Léchez des clitos, pas le cul de Monsanto », « Enculez-nous, pas le climat » ou encore
« Ma planète, ma chatte, sauvons les zones humides », ce slogan évoquant les tampons dont les composants pollueraient autant la planète que le corps des femmes. Lorsqu’elle donne une partie de son prix Liberté à Care, Greta Thunberg identifie l’association comme un soutien « aux femmes et filles des pays du Sud face aux effets de la hausse des températures et du changement climatique ».

COURANTS

Il existe plusieurs courants au sein de l’écoféminisme :

  • un écoféminisme spiritualiste (Starhawk) ;
  • un écoféminisme éthique (nouvelle éthique environnementale et visant à soigner les blessures faites par l’homme à la planète (« care ») dans un monde perçu comme de plus en plus vulnérable (effondrement de la biodiversité, crise climatique…). L’un des thèmes de cette mouvance peut être la promotion d’un droit de la nature et d’un droit des animaux ;
  • un écoféminisme de résistance (le Staying Alive de Vandana Shiva) et de création ;
  • un écoféminisme faisant référence à une écologie dite profonde, et aux mythes fondateurs de la terre mère, à une planète symbiotique ou à l’hypothèse Gaïa, ou encore à un paradis perdu à réinventer, comme dans la perspective critique de Carolyn Merchant ou de Rosemary Radford Ruether ;
  • un écoféminisme matérialiste (Maria Mies, des économistes allemandes comme Claudia von Werlhof, Veronika Bennholdt-Thomsen…).

La variété de tendances (des dominantes féministes aux approches à dominante écologique ou écologiste) donne lieu à une large gamme de possibilités. Ces tendances ont cependant en commun une analyse critique radicale et commune sur le patriarcat, le capitalisme et le contexte matérialiste supposé rationaliste31 et technico-scientifique32,33 de la marchandisation du vivant, de la révolution verte de l’agriculture industrielle et de l’évolution du domaine des agrosemences qui ont mis les paysans en situation de perte d’autonomie.

Une critique commune de l’écoféminisme consiste à souligner que la connexion qu’il promeut entre les femmes et la nature relève d’une forme d’essentialisme (homme et femme par essence, et rentrant « instinctivement » dans des stéréotypes bien différents, les femmes étant naturellement plus proches de la terre et du soin ; ainsi,
« selon les thèses du mouvement Chipko, les femmes accorderaient instinctivement une plus grande priorité à la protection de l’environnement naturel »). Le féminisme traditionnel s’inquiète par exemple que l’écoféminisme puisse rétablir le confinement des femmes au dictat de soin et de choix de l’alimentation; augmentant par la même, la charge mentale de ces dernières dans leurs rôles de la mères au foyer. Ainsi, si l’écoféminisme initial de Françoise d’Eaubonne était radicalement progressiste et émancipateur, un large pan de l’écoféminisme américain est situé plutôt à droite, porteur d’un essentialisme féminin, voire d’une mystique du foyer diamétralement opposée au féminisme émancipateur, mystique défendue par des auteures comme Shannon Hayes, promotrice des « radical homemakers » (« mères au foyer radicales ») et pouvant « horrifier » les féministes progressistes par ce recyclage de stéréotypes patriarcaux7. Par exemple, concernant le mouvement Chipko qui servit longtemps de pierre de touche à l’écoféminisme, l’écrivaine Janet Biehl questionne une certaine « idéalisation de l’agriculture vivrière. Que dire des femmes qui aspiraient à l’éducation, à une vie professionnelle et à une pleine citoyenneté politique ? Les écoféministes semblaient préférer qu’elles demeurent dans leurs anciens rôles, pieds nus et jardinant ».

Source : Wikipedia

L’écologie décoloniale

L’écologie décoloniale relie les enjeux écologiques à la quête d’un monde au sortir de l’esclavage et de la colonisation. 

Pour en savoir plus sur l'écologie décoloniale

Une colère rouge recouvre le ciel. Les vagues s’agitent, l’eau monte, les forêts tombent et les corps s’enfoncent dans ce sanguinaire gouffre marin. Les cieux tonnent encore devant ce spectacle : le monde est en pleine tempête.
Derrière sa prétention d’universalité, la pensée environnementale s’est construite sur l’occultation des fondations coloniales, patriarcales et esclavagistes de la modernité. Face à la tempête, l’environnementalisme propose une arche de Noé qui cache dans son antre les inégalités sociales, les discriminations de genre, les racismes et les situations (post)coloniales, et abandonne à quai les demandes de justice.
Penser l’écologie depuis le monde caribéen confronte cette absence à partir d’une région où impérialismes, esclavagismes et destructions de paysages nouèrent violemment les destins des Européens, Amérindiens et Africains. Le navire négrier rappelle que certains sont enchaînés à la cale et parfois jetés par-dessus bord à la seule idée de la tempête. Tel est l’impensé de la double fracture moderne qui sépare les questions coloniales des destructions environnementales. Or, panser cette fracture demeure la clé d’un « habiter ensemble » qui préserve les écosystèmes tout autant que les dignités. Telle est l’ambition d’une « écologie décoloniale » qui relie les enjeux écologiques à la quête d’un monde au sortir de l’esclavage et de la colonisation.
Face à la tempête, ce livre est une invitation à construire un navire-monde où les rencontres des autres humains et non-humains sur le pont de la justice dessinent l’horizon d’un monde commun.

Source : Une écologie décoloniale. Penser l’écologie depuis le onde caribéen – Malcolm Ferdinand – Sueil, 2019

De l’écologie « bancale » à l’écologie « vitale » !

Nous observons depuis quelques années un clivage de plus en plus fort entre deux courants opposés au sein de l’écologie, tant au niveau politique que philosophique.

D’un côté, l’écologie politique consensuelle ou « classique » qui vise la conquête du pouvoir (exécutif et législatif au niveau national, parlementaire au niveau européen et municipal au niveau local). Cette écologie est essentiellement concentrée sur l’urgence climatique et les leviers que sont la réduction de nos émissions de gaz à effet de serre et le remplacement des énergies fossiles par des énergies renouvelables pour viser la fameuse neutralité carbone en 2050. Si elle évoque de temps à autre l’effondrement de la biodiversité, son principal objectif est clairement la limitation du réchauffement climatique sous les +1,5°C (au pire +2°C) d’ici 2100. Sa bible, son référentiel absolu, ce sont les rapports du GIEC. Sa religion ? Il est possible de poursuivre la croissance, en la verdissant, pour créer des millions d’emplois (notamment dans le développement des énergies renouvelables), tout en réduisant notre empreinte écologique. Nous qualifions cette écologie de « naïve » dans sa stratégie (changer le Système dominant) et son rapport au temps (« il est encore temps ») et de « bancale » – pour ne pas dire « létale » – dans son appréhension de la gravité de la situation, réduite à la seule urgence climatique sans remettre en question la dimension profondément destructrice de notre civilisation thermo-industrielle, extractiviste et productiviste, consumériste et déchetiste.

De l’autre côté, une écologie « rebelle« , « révolutionnaire« , « radicale » renait de ses cendres. Face à l’urgence écologique et systémique absolue de notre époque, elle s’organise afin non pas d’éviter des processus déjà bien entamés (anéantissement du vivant, épuisement des ressources, dégradation massive des écosystèmes, dérèglement climatique, effondrement de notre civilisation…), mais d’en réduire l’ampleur et d’amortir les immenses chocs à venir : limiter au maximum « la casse » !!! Son combat principal n’est pas le climat, c’est la préservation des conditions d’habitabilité de notre planète pour sauver la vie sur Terre ! Cette écologie « vitale » considère que l’ensemble des dimensions de notre civilisation – extractiviste-productiviste-consumériste-déchetiste, mondialisée et bétonnée, chimique et artificielle, pétrolo-addict et techno-dépendante – sont profondément destructrices du vivant. Ainsi, elle est convaincue que seul un changement De système peut nous permettre faire émerger une nouvelle société respectueuse du vivant, libérée de tout rapport de domination et enfin réellement démocratique. La solution passe donc par nous, citoyennes et citoyens, habitant·e·s et membres de la grande famille du vivant. Cette écologie sait que nous n’avons ni 30 ans (2050), ni même 10 ans (2030) devant nous. Chaque minute compte car il est déjà trop tard !

Entre les deux se trouvent deux courants qui partagent la même lecture de la gravité de la situation avec l’écologie « vitale », mais s’en distinguent dans la méthode pour changer réellement la donne : l’écologie « radicale » officielle qui est en France plus dans la dénonciation idéologique que dans l’action et l’écologie « intégrale », qui   ne s’autorise pas à imaginer un autre moyen de changer la donne que la conquête classique du pouvoir.

Les vidéos à voir absolument

Arne Næss and the Deep Ecology Moovement

Arne Næss / Deep Ecology – 22 août 2015

Écologie profonde et espérance en mouvement

Joanna Macy & Chris Johnstone – Roseaux Dansants – 29 mai 2018

Qu’est-ce que l’écologie sociale ? (1ère partie)

Guillaume Deloison – 13 novembre 2017

L’écoféminisme ou comment se reconnecter au monde

Emilie Hache – Médiapart – 23 décembre 2016

Une écologie décoloniale

Malcolm Ferdinand – FIFDH Genève – 1er avril 2021

Face aux effondrements, l’écologie intégrale

 Delphine Batho – Présags – 8 avril 2019

La Terre vue du cœur

Iolande Cadrin-Rossignol – Maison4tiers – 2018

TERRA

Yann Arthus-Bertrand – DarkMind INC – 2015

Les livres incontournables

L’écologie sociale 

Murray Bookchin

Wildproject – 2020

L’Écologie profonde

Arne Næss

PUF  – 2021

Le féminsime ou la mort

Françoise d’Eaubonne

Le Passager Clandestin – 2020

Une écologie décoloniale

M. Ferdinand

Editions Seuil – 2019

Écologie intégrale 

D. Batho

Éditions du Rocher  – 2019

La Terre vue du coeur 

H. Reeves, F. Lenoir, et al. 

Editions Seuil – 2019

Deep Green Resistance 

D. Jensen, L. Keith, A. Mcbay

Editions Libre – 2018

Écrivons ensemble un nouveau récit pour sauver la vie !

Jean-Christophe Anna

L’Archipel du Vivant – 2021

Écologie en resistance (vol. 1)

V. Shiva, D. Jensen, et al.

Éditions Libre  – 2014

Les sources de cette fiche

  • Wikipédia

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