J’ai découvert La Bascule à Pontivy en août 2019 à l’occasion de l’événement L’An Off. Cette immersion de 3 jours dans cette euphorisante dynamique fut une expérience rare, riche de formidables rencontres. C’est notamment à cette occasion que j’ai rencontré les frangins Mathieu et Thomas avec lesquels nous avons lancé la folle aventure de L’Archipel du Vivant il y a 9 mois. Un lien précieux s’est également tissé avec Mathieu Granger (complètement à droite sur la photo en tête de l’article). Lors de nos échanges réguliers, il m’a permis de vivre la mue de La Bascule ainsi que la gestation et la naissance de fertîles. Enfin, j’ai eu l’opportunité de partager un week-end avec la joyeuse promotion du tout premier parcours Coopérations fertîles lors de mon passage au Bouchot en octobre dernier.
À mi-chemin entre les parcours 1 et 2, j’ai proposé à Mathieu de faire le point sur cette incroyable initiative.

De La Bascule à fertîles, de Pontivy au Bouchot, peux-tu nous raconter votre formidable aventure ?

Le chemin fut long et en même temps très court, parfois escarpé et tout le temps riche de sens et d’apprentissages. Chaque mois passé à vivre à temps plein et organisé en gouvernance partagée avec 50 autres personnes bénévoles dans une clinique désaffectée à Pontivy, est un mois hors du temps. Ce sont des semaines dont l’intensité de vie engagée peut bien valoir plusieurs autres d’une vie quotidienne métro-boulot-dodo. De mon côté, l’aventure a commencé en mars 2019 (lancement du mouvement), lorsque j’ai démissionné de mon boulot de Chargé d’études environnementaliste, convaincu de la nécessité de m’investir sur les causes plutôt que les conséquences d’une société prédatrice du vivant dont je fais partie. L’occasion de voir jusqu’où mon pouvoir d’agir peut aller (spoiler : j’ai découvert qu’il était bien plus grand que ce que je pensais).  J’ai ainsi passé 9 mois hors du temps de mars à décembre 2019 date du déménagement de Pontivy. 9 mois qui furent un tremplin dans ma vie d’activiste engagée à temps plein. 

https://youtu.be/M6YIzw0epmc

Aujourd’hui La Bascule n’est plus ce mouvement de lobbying citoyen qu’elle rêvait d’être. Elle a évolué jusqu’à devenir un Archipel, permettant ainsi l’émanation de plusieurs îles (collectifs) aux stratégies et périmètres d’action différents. En d’autres termes, La Bascule n’est plus une étiquette qui porte des projets mais un lien fort tissé entre différents collectifs visant à mutualiser et partager des ressources et retours d’expérience. C’est finalement un rêve insoupçonné qui se réalise un peu plus de jour en jour. Celui de voir tous ces collectifs aux projets florissants s’épanouir en concrétisant ce qui leur tient le plus à cœur, dans la temporalité qui leur convient, sans juger les actions de l’autre parce qu’elles sont différentes.

fertîles est née un an après le lancement de La Bascule, en mars 2020, animé par le rêve d’essaimer l’expérience transformatrice vécue par les basculeur·euses de Pontivy pour qu’un maximum de (futur·e·s) acteurices du changement puissent en bénéficier. C’est ainsi qu’une petite équipe s’est constituée pour développer cette école de la coopération et de l’engagement au service d’un monde résilient, heureux et respectueux du Vivant.

Cela s’est traduit par l’organisation et l’animation d’un premier parcours immersif de 8 semaines au Bouchot, magnifique écolieu aux 18 années d’existence. Et nous organisons un second parcours de 6 semaines qui débutera le 24 janvier 2021.

La toute première édition du Parcours « Coopérations fertiles » s’est terminée le 7 décembre dernier. Quelle est la philosophie de fertîles ? Sa vision ? Son ambition ? En quoi consiste ce parcours ?

Le parcours repose sur 3 socles : l’apprentissage de la coopération, le développement de sa voie d’engagement et l’immersion pour vivre et mettre en pratique. 

Sur la partie coopération, le parcours contient des modules de formation à la posture de coopération, à la CNV, à la facilitation. Sur la partie engagement, le parcours est construit pour que chacun·e reparte en se sentant légitime, outillé·e et entouré·e pour mener des projets impactants à une échelle collective. Cela repose sur des espaces d’introspection, d’inspiration, de compréhension des enjeux et d’accompagnement individuel de chacun·e. 

La pédagogie que nous appliquons repose sur l’immersion, l’observation et le passage par le corps. Nous travaillons beaucoup avec l’apprentissage pair-à-pair et l’émergence.

En terme de vision, nous voyons fertîles comme un ensemble de parcours qui pourront à l’avenir prendre différentes formes mais dont le socle immersion-coopération-engagement est commun. L’idée est de faire de ces parcours un moyen également de renforcer le développement des écolieux existants en venant y faire un parcours qui puisse leur apporter visibilité et richesses humaines et monétaires.

L’ambition est grande car l’enjeu est grand. S’outiller pour transformer le Putain de Facteur Humain en Précieux Facteur Humain dans les projets de « transition », embarquer toujours plus de monde dans ce changement de paradigme, et trouver des clés pour mieux s’engager, sont autant d’ingrédients essentiels.

Quels étaient les profils des personnes ayant participé à la première promotion ?

Les artisan·e·s fertiles avaient essentiellement 4 profils types : des étudiant.e.s en année de césure, des jeune diplômé.e.s, des jeunes actifs (2-3 ans d’expérience professionnelle) et des personnes en reconversion (8-10 ans d’expérience professionnelle ayant ou sur le point de quitter leur job).  Dans leur très grande majorité, ils·elles ont fait des études supérieures de niveau Bac +5 : école de commerce, école d’ingénieur, Sciences Po, fac de droit, etc.

Nous avons observé une grande variété de niveau d’expérience sur la coopération, sur le niveau de compréhension des enjeux écologiques, et aussi une grande diversité des modes de fonctionnement : certain·e·s étant très créatifs·ives, ou dans le sensible, d’autres dans la rationalité, etc. 

J’ai eu la chance de faire partie des mentors des apprenant·e·s. Peux-tu nous indiquer quel était leur rôle ? Et comment s’est faite leur sélection par vous et par les apprenant·e·s ?

Nous avons choisi les mentors selon leur expérience et leurs talents ainsi que la diversité des engagements qu’ils incarnent. Le rôle des mentors consiste à se rendre disponible pour des discussions individuelles et ainsi d’offrir une écoute depuis le monde extérieur et des apports de réseau et/ou techniques sur leurs sujets de prédilection. Les artisan·e·s fertiles choisissent leurs mentors selon les profils les plus aidants pour elle·eux dans leur quête. 

Quels sont les 3 pépites de ce premier parcours ?

Les pépites sont les interviews de fin de parcours de chaque artisan·e fertile. Le fait de voir à quel point le bilan est positif pour chacun·e. 

De nombreuses interventions ont été pépites (il y a eu une vingtaine d’intervenant·e·s). Je pense par exemple au témoignage d’Adèle de Ticket for Change sur l’entrepreneuriat ou bien de Quitterie de Villepin sur la politique. Je pense aussi à la table ronde sur la facilitation avec François-Xavier Pasquier et Ninon Lagarde. 

Et surtout nous avons une marraine (Marion Cremona de l’Université du Nous) et un parrain (Cédric Rigenbach de la Fresque du Climat) qui sont des pépites !

Bref, les pépites sont nombreuses ! Nous travaillons à les documenter et les rendre visible sur nos réseaux sociaux ou sur le site dans les prochaines semaines. 

À peine le premier parcours terminé, vous enchainez déjà sur le deuxième. Pouvez-vous nous en dire plus ? Sera-t-il différent du premier ?

Le second parcours durera 6 semaines, toujours à l’écolieu du Bouchot. Il aura les mêmes intentions pédagogiques que la première édition. La principale différence avec le premier parcours sera l’allocation d’un temps hebdomadaire plus conséquent « les mains dans la terre ». Une nouveauté est l’introduction de la participation consciente pour rémunérer l’équipe pédagogique du parcours. 

https://youtu.be/dLNwBwckp9Y

Les inscriptions à ce 2ème Parcours Coopérations fertîles sont ouvertes jusqu’au… 20 décembre !

Merci Mathieu ! 🙂

Nous vous donnons RDV jeudi prochain pour une nouvelle interview.