Aujourd’hui, je réalise avec une profonde tristesse, amertume, que je n’étais pas humble, que je croyais être au dessus de ça.

Ça : la perte de SENS!

Depuis 3 ans avec la crise sanitaire qui est devenue sociale, beaucoup de personnes ont réalisé qu’elles n’étaient pas à leur place là où elles étaient. Elles ont réalisé que le métier qu’elles avaient ne leur convenaient pas, que le lieu où elles vivaient ne leur allait pas, que leur façon de vivre tout simplement allait à l’encontre de leurs valeurs profondes.

Je constatais, le même schéma se répétait, des personnes vivant en ville, avec des métiers très chronophages, des moyens de transports usants…. ou alors des étudiants ingénieurs, en hautes études qui ne trouvaient pas/plus l’intérêt de continuer dans le cérébral, et non dans la matière. Ils arrivaient au Bois du Barde, perdus, en réflexion, ils savaient ce qu’ils ne voulaient plus, ce qu’ils refusaient de continuer. Mais ils cherchaient ce pourquoi ils étaient fait, ce qui les animaient : leur quête de SENS !

Personnellement, je me disais, depuis 3 ans, j’ai de la chance, j’ai toujours su ce que je voulais faire depuis mon adolescence. Ma vie a un SENS car j’ai rêvé, imaginé, conceptualisé, et fondé le Bois du Barde. Je m’y suis même plongé corps et âme, en m’oubliant parfois, souvent… J’ai toujours fait ce que j’aimais de petits boulots en petits boulots, de formations en stages, je peux dire sur les doigts d’une main les expériences que je n’ai pas appréciées.

Je vis dans un environnement aujourd’hui, que beaucoup fantasment, envient, jalousent parfois. Je vis en Kreiz Breizh (Centre Bretagne) dans une nature préservée, forte en énergie. Je vis dans un village incroyable et un territoire exceptionnel où de nombreuses initiatives se retrouvent aujourd’hui et créent une dynamique locale, unique en France. Je vis sur un écolieu où la dynamique économique correspond au rythme des saisons qui me sont chères, et où la vie en habitat participatif et l’accueil de wwoofeurs me permettent d’enrichir ma réflexion philosophique quotidiennement.

J’ai une maison en bois, passive pas finie certes, mais déjà si agréable à vivre. J’ai 3 beaux adolescents à la maison que j’accompagne dans leur cheminement individuel propre à chacun. Je suis mère célibataire mais les adultes qui m’entourent nourrissent chacun à leurs façons les besoins de mes enfants en terme d’activités et de réflexions, comme une tribu.

Je pensais avoir du SENS à tout cela ! Surtout quand les hommes, à qui j’ai pu faire des avances, oui je suis vieille France dans ma terminologie, me disent que je n’ai pas besoin d’eux, que j’ai réalisé tout ce que je voulais. Au delà de leur réaction, un peu vieille France, monde patriarcal, société judéo chrétienne, oui même dans les milieux alternatifs, cela m’a posé question !!

Depuis presque 3 ans, j’ai un mal-être sourd, qui, suivant les périodes s’accentue. Je m’amuse moins qu’avant. La joie a quitté une partie de mon cœur, je me sens aigrie parfois. Gérer, coordonner un lieu comme le Bois du Barde, c’est comme faire naviguer un gros paquebot. C’est lourd, épuisant. J’ai longtemps été seule aux manettes puisque le projet de départ était un projet personnel et familial. Toujours faire avec des bouts de ficelles, peu d’argent, régulièrement en difficultés financières. Et même si depuis 4 ans, le passage en habitat participatif m’a soulagé, je reste la personne Source de ce projet avec toutes les responsabilités que cela implique.

Petit aparté rapide, j’ai aussi un contexte familial particulier, je suis l’aidante du père de mes enfants qui a un handicap cognitif à 80% et j’ai 3 enfants neuro-atypique dont un avec un TSA, tout cela me demande aussi beaucoup d’énergie. Je ne pouvais donc pas donner 100% de mon temps au projet.

Et puis il y a 3 ans, des personnes de l’extérieur ont commencé à venir me chercher pour témoigner. J’étais étonnée, je n’ai pas de diplôme d’études supérieures, je n’ai pas écrit de livres. Ils trouvaient que c’était important, que le lieu que j’avais conceptualisé, était unique en France. Ils pensaient que mixer une coopération économique avec un habitat participatif, étaient une des solutions du «Monde d’Après ». Après avoir travaillé sur mon syndrome de l’imposteur et ma légitimité, mon enfant intérieur était en joie, m’exprimer en public est facile pour moi, je suis très à l’aise.

Puis avec la crise sanitaire, j’ai refusé de me faire vacciner, trop de concession dans mes valeurs, je ne voulais pas me faire vacciner juste pour intervenir sur des tables rondes ou des conférences pour parler d’un autre monde.

Puis avec la crise sanitaire, certains ont accéléré leur transition, issus d’un monde que je ne connais pas/plus, de classes sociales éloignées de moi, ils ont les réseaux, parfois l’argent. Je ne suis pas ou moins invitée, mon enfant intérieur est triste.

Depuis de nombreux mois, je formule souvent que je ne trouve plus ma place dans tout cela, dans cet écosystème du changement, de cette évolution sociétale. Je souhaite trouver un repreneur pour la ferme mais je ne trouve pas, je souhaite me reconvertir en faisant des formations mais il y a toujours des soucis soit de temporalité, soit d’argent. J’aimerais faire plus d’interventions sur des formations ou des conférences mais aucune réponse à mes sollicitations. Je me pose donc de plus en plus de questions sur ce que je dois faire aujourd’hui pour moi, ce n’est peut être pas la bonne voie ?!

Les personnes qui transitionnent ou qui basculent ne parlent pas des mêmes choses que moi, leurs peurs sont ailleurs. J’ai toujours su viscéralement qu’un jour le système ira au bout du bout, que l’Humanité va à sa perte. Oui il y a une crise climatique mais elle a commencé il y a plusieurs dizaines d’année. Je ne les juge pas, mais je n’arrive pas ou peu à me connecter à eux. Je ne m’y retrouve plus, je ne sais plus…

Ce qui rajoute à mon sentiment de ne pas être à ma place, d’être perdue.

Crédit photos: FHP (collection personnelle). Lecteur solitaire au Lac Vert (68),

Puis, dernièrement, j’ai découvert Gwénaëlle Persiaux grâce aux podcasts de Métamorphose d’Anne Ghesquière, je les écoute souvent, depuis longtemps. Ces interviews me rassurent, me confortent, me font du bien dans tous les cas. Mais là, ça m’a bousculée ! Depuis je pense avoir franchi une étape sur mon chemin.

Autre facteur et pas des moindres : l’âge ! La crise de la quarantaine est une étape de mue intermédiaire de chaque être humain. De plus j’ai déjà eu la sensation de mourir 2 fois, et après la dernière je me suis même dit : « tu peux mourir demain, tu as réalisé tes rêves, tu peux partir en paix ». J’ai 45 ans, je vis une vie rêvée, une vie idéale depuis plus de 10 ans, et pourtant je suis en quête de SENS ! 

Je l’ai dit, enfin ! Je l’avoue encore un peu du bout des lèvres, mais je ne trouve plus de SENS à ce que je fais aujourd’hui. C’est trop lourd ! J’ai perdu ma joie intérieure, je ne m’aime plus.

J’ai enfin déconstruit chez moi, le fait de relier la perte de SENS à son activité et son environnement. Elle est intérieure. Le jour où j’ai relevé la tête du guidon de vélo, qui était à fond en descente pour aller plus vite, j’ai perdu le SENS de ce que je faisais. J’ai découvert la sensation corporelle quand le doute envahit l’esprit. Je ne sais pas, je ne sais plus !

Je me rends compte à quel point je n’étais pas humble d’imaginer une seule seconde que j’étais au dessus de ça. Quelle leçon de vie ! Dans la douleur et la souffrance certes, mais quelle leçon quand même !!

JE SUIS EN QUÊTE DE SENS !!

 

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