Fiche Pédagogique

Biocentrisme

par Jean-Christophe Anna

Biocentrisme ?

 

L’anthropocentrisme est une conception philosophique qui considĂšre l’humain comme l’entitĂ© centrale la plus significative de l’Univers et qui apprĂ©hende la rĂ©alitĂ© Ă  travers la seule perspective humaine.*
Ainsi, l’espĂšce humaine n’appartiendrait pas au rĂšgne animal, elle occuperait une place Ă  part entre les dieux ou Dieu et les autres habitants de notre grande maison. Dieu a bien fait l’homme Ă  son image, n’est-ce pas ? Ou est-ce plutĂŽt le contraire ?
Cette croyance confĂšrerait Ă  notre espĂšce une supĂ©rioritĂ© et le droit d’utiliser, d’exploiter et d’exterminer les autres espĂšces considĂ©rĂ©es comme de simples meubles puisqu’elles sont dĂ©pourvues de conscience, de sensibilitĂ©, d’Ă©motions… Merci les religions et merci Descartes ! Si bien que de trĂšs nombreux humains sont encore persuadĂ©s aujourd’hui que « nous ne sommes pas des animaux ».

 

Le théocentrisme confÚre à Dieu le rÎle central de la vie, ayant « esisté » avant sa création et pouvant demeurer aprÚs son extinction.*

 

« Comme nous l’avons longtemps pensé, les hommes ne sont pas le chef-d’Ɠuvre de la création, nous ne sommes pas le but de l’évolution. Nous devons absolument retrouver une certaine humilité et repenser notre place dans la nature, prendre conscience de la totale interdépendance de tous les êtres vivants avec qui nous devons être en relation, intégrer notre vie à celle du monde animal et arrêter de considérer la Terre comme notre propriété. Il faut croire qu’un avenir est encore possible. » Hubert Reeves

 

Le biocentrisme est un nouveau regard, un prisme qui donne le rĂŽle central au vivant apprĂ©hendĂ© dans son ensemble – une conception assez proche de ce que nos lointains ancĂȘtres et les peuples premiers appellent le « Grand Tout » – et qui remet l’humain Ă  sa juste place, celle d’un simple membre du rĂšgne animal, sans aucune position hiĂ©rarchique par rapport aux autres espĂšces. Dieu, quant Ă  lui, est tout simplement absent.
Si l’écologie est l’étude des relations des systĂšmes vivants avec leur milieu, elle peut parfaitement rester purement philosophique et donc superficielle.
Selon l’écologie profonde («deep ecology») imaginĂ©e par le philosophe norvĂ©gien Arne Naess, l’ensemble des membres de la grande famille du vivant appartient Ă  la grande toile de la Vie. Ainsi, selon lui, tous les ĂȘtres vivants et la nature ont « une valeur intrinsĂšque, indĂ©pendamment de leur utilitĂ© pour les ĂȘtres humains ». Naess montre que « l’affection pour tout ce qui est vivant » ou « Ă©cosophie » est « au cƓur du dĂ©veloppement personnel, de la formation de l’indentitĂ© sociale
 et d’une sociĂ©tĂ© plus juste ».

 

« L’Homme est l’espèce la plus insensée, il vénère un Dieu invisible et massacre une Nature visible. Sans savoir que cette Nature qu’il massacre est ce Dieu invisible qu’il vénère. » Anonyme

 

Sources principales de cette fiche pédagogique :

  • Wikipedia (*)
  • Le Climat n’est pas le bon combat ! (Utopie bornĂ©e, la transition est morte) – Jean-Christophe Anna – L’Archipel du Vivant, 2020
  • Écrivons ensemble un nouveau rĂ©cit pour sauver la vie ! (Utopie Ă©clairĂ©e, la rĂ©volution est vitale) – Jean-Christophe Anna – L’Archipel du Vivant, 2021
  • Carnage (Pour en finir avec l’anthropocentrisme) – Jean-Marc Gancille – Rue de l’Ă©chiquier, 2020


Plan de la Fiche

  • L’anthropocentrisme est une arme de destruction massive du vivant !
  • De l’anthropocentrisme au biocentrisme, changeons de prisme ou disparaissons !
  • Du dĂ©racinement artificiel au recentrage naturel !
  • Les livres incontournables
  • Les vidĂ©os Ă  voir absolument !
  • Pour aller plus loin

Deux ruptures majeures dans notre vision du monde !

Homo sapiens a vécu dans un relatif équilibre avec le reste du vivant pendant environ 250 000 ans. Notre espèce faisait alors partie intégrante du « Grand Tout », dans la conscience de son interdépendance profonde et sacrée avec les autres habitant·e·s, végétaux et animaux non-humains. Lorsque nos ancêtres cueilleurs chasseurs prenaient une vie animale, il convenait alors de remercier la Terre Mère pour cette offrande en invoquant les différents esprits qui étaient présents, à leurs yeux, dans toute chose, dans toute forme de vie. Ainsi, l’animal sacrifié représentait une formidable ressource aux richesses multiples : sa chair pour l’alimentation de la tribu, sa peau pour la confection de vêtements et d’abris, ses os pour l’ossature des habitats ou pour servir d’objets de la vie courante. Alors nomades, les « grands singes » que nous sommes vivaient dans des habitats légers et réversibles qu’ils pouvaient transporter avec eux pour migrer aisément, rapidement et souvent. Respectueux du vivant, l’impact de ce mode de vie sur les sols et les écosystèmes étaient donc très réduit, quasi nul. ViscĂ©ralement sociable, Homo sapiens cultivait naturellement l’entraide et la coopération au sein de sa tribu. Cette forme d’organisation sociale – la vie en communauté – semblait alors éternelle.

Comment avons-nous pu basculer vers cette hérésie absolue en adoptant un mode de vie totalement hors-sol ? Comment avons-nous pu nous déraciner de la terre pour commencer à l’exploiter comme un gisement illimité de ressources ? Comment avons-nous pu nous déconnecter du vivant pour habiter des univers artificiels et mortifères – les villes – qui anéantissent toute forme de vie sur Terre ? Comment avons-nous pu nous extraire du sauvage sacré de notre si belle demeure pour devenir de sacrés sauvages capables de détruire les fondations de leur propre maison ? Comment avons-nous pu nous octroyer un droit de propriété sur les sols, les sous-sols, les forêts, les rivières, les lacs, les mers et la majeure partie des composantes écosystémiques de notre planète ? Comment avons-nous pu délaisser l’entraide pour la compétition et abandonner la vie collective pour l’individualisme le plus forcené ? Que s’est-il passé ? Que nous est-il arrivé ?
Comme le présente admirablement le philosophe et sociologue Frédéric Lenoir dans le merveilleux film La Terre vue du cƓur de Iolande Cadrin-Rossignol, deux ruptures majeures nous ont entrainé·e·s sur le mauvais chemin.

La première est intervenue lors de la révolution agricole, il y a 12 000 ans, avec notre sédentarisation.
Cette premiĂšre rupture nous a littĂ©ralement dĂ©raciné·e·s de notre environnement biologique naturel. C’est précisément à ce moment-là qu’Homo sapiens a construit les premières villes. Nos ancêtres ont alors abandonné, pour la très grande majorité, leur condition de chasseurs-cueilleurs en mobilité permanente dans des environnements naturels. Ils·elles ont délaissé forêts, jungles, toundras, savanes, prairies, montagnes… pour la culture des champs et la construction des premiers « décors urbains », tous deux par essence artificiels car inventés par nous autres humains. C’est précisément à ce moment-là qu’Homo sapiens a arrêté de croire aux esprits du « Grand Tout » pour croire en des dieux. Et c’est précisément à ce moment-là qu’Homo sapiens a arbitrairement décidé de quitter le monde animal pour occuper une place intermédiaire entre les dieux situés « au-dessus », dans le royaume des cieux, et les animaux situés « en dessous » sur Terre. Il n’est plus alors l’égal des autres animaux. Il s’imagine supérieur et peut donc les domestiquer, les élever, les exploiter, les exterminer sans aucun scrupule, ni remord.

La seconde est survenue bien plus tard, au XVIIème siècle. Elle est l’Ɠuvre du mathématicien, physicien et philosophe français, René Descartes.
L’auteur du célèbre « Cogito, ergo sum » – « Je pense, donc je suis » – dans son Discours de la méthode (1637), considéra que seuls les humains ont une âme, cette substance pensante, indépendante du corps, de la matière. Seuls les humains sont donc dotés de la conscience de soi. En revanche, les autres, les animaux, ne pensent pas et n’ont donc ni âme, ni conscience de soi. Autant dire qu’avec un tel principe, érigé par une bonne partie de l’humanité au rang de règle absolue, véhiculée depuis près de quatre siècles et largement entretenue par notre société – si artificielle et matérialiste – notre relation aux animaux non-humains ne pouvait être que déséquilibrée, biaisée, injuste, criminelle !

« Il y a un moment très précis que je veux évoquer : la rupture cartésienne. Au XVIIème siècle, Descartes, ce philosophe qui aura une influence colossale sur la pensée humaine, considère que les animaux ne sont que matière. D’ailleurs, pour lui, toute la nature n’est que de la matière, qu’on peut découper, disséquer, analyser. Un animal n’est donc qu’une chose, un objet, et n’a pas de sensibilité, puisqu’il n’a pas d’âme. Pour lui, seul l’être humain a une âme, on peut faire d’eux ce que l’on veut. Mais c’est une théorie qui aura des répercussions funestes.
[…] La science d’aujourd’hui est en train de rétablir une vérité profonde, que la religion et la philosophie de Descartes avaient annihilée pendant des centaines d’années : les animaux sont des individus qui comme nous ont une sensibilité, une conscience, une intelligence. Cette nouvelle donne saura changer radicale- ment notre attitude et notre morale. » Frédéric Lenoir – La Terre vue du cƓur – un film de Iolande Cadrin-Rossignol et aussi un livre (Éditions Seuil, 2019)

L’anthropocentrisme est une arme de destruction massive du vivant !

Carnage – Jean-Marc Gancille – Rue de l’Échiquier, 2020

« Dieu bĂ©nit NoĂ© et ses fils, et leur dit : Soyez fĂ©conds, multipliez, et remplissez la terre. Vous serez un sujet de crainte et d’effroi pour tout animal de la terre, pour tout oiseau du ciel, pour tout ce qui se meut sur la terre, et pour tous les poissons de la mer : ils sont livrĂ©s entre vos mains. » La Bible – GenĂšse, 9

Ce passage de la Bible est pour le moins Ă©difiant. La crainte et l’effroi sont assurĂ©ment des Ă©motions que pourraient bien ressentir profondĂ©ment les non humains Ă  l’égard de notre espĂšce.
« Ils sont livrĂ©s entre vos mains » : proclamĂ©e dans la GenĂšse du texte sacrĂ© de la religion chrĂ©tienne, cette affirmation lĂ©gitime, Ă  elle seule, l’intĂ©gralitĂ© de nos atrocitĂ©s imposĂ©es au vivant. Comme l’explique brillamment Yuval Noah Harrari dans son livre Sapiens. Une brĂšve histoire de l’humanitĂ©, ce qui fait la singularitĂ© de notre espĂšce par rapport aux autres membres du rĂšgne animal, ce n’est aucunement la taille de notre cerveau, mais plutĂŽt notre capacitĂ© aussi extraordinaire que singuliĂšre Ă  croire en des « rĂ©alitĂ©s imaginaires ». Nos croyances sont ainsi le fruit de constructions intellectuelles. Formidablement puissante pour embarquer les humains dans une mĂȘme direction vertueuse, cette facultĂ© l’est tout autant pour nous faire adopter collectivement les comportements les plus destructeurs, les plus assassins, les plus ignobles. HĂ©las, la seconde option l’a largement emportĂ© sur la premiĂšre.

Philosophiquement, notre sociĂ©tĂ© extractiviste et productiviste, consumĂ©riste et « dĂ©chetiste » a placĂ© l’humain au centre de tout en apprĂ©hendant le monde qui nous entoure Ă  travers la seule perspective humaine. Nous considĂ©rant comme l’espĂšce la plus avancĂ©e, la plus « Ă©voluĂ©e », la plus intelligente, nous en sommes arrivé·e·s Ă  l’absurditĂ© ultime : imaginer, et mĂȘme nous auto-persuader, que nous ne sommes pas des animaux – les humains d’un cĂŽtĂ©, les animaux de l’autre -, que nous pouvons donc parfaitement nous extraire du vivant et nous dĂ©velopper Ă  son insu, notamment dans l’enfer urbain dĂ©-racinĂ©, dĂ©-naturĂ© pour ne pas dire dĂ©-cervelĂ©, en dehors de la conscience la plus Ă©lĂ©mentaire, celle de la rĂ©alitĂ© de la vie. Nous avons fait de cette « rĂ©alitĂ© imaginaire » une norme sociale puissante, vĂ©ritable prison psychologique. En adoptant une telle approche, il devient alors tout Ă  fait normal – pour ne pas dire lĂ©gitime ou, pire, « naturel » – de concevoir tout ce qui nous entoure comme des ressources qui nous appartiennent et que nous pouvons exploiter, transformer, saccager, anĂ©antir.

Cet anthropocentrisme est Ă  l’origine de l’immense dĂ©sastre en cours. Notre emprise dĂ©vastatrice et mortifĂšre sur le vivant a connu une fulgurante accĂ©lĂ©ration lors de la RĂ©volution industrielle au milieu du XIXĂšme siĂšcle. Nous sommes alors entré·e·s dans une nouvelle Ăšre gĂ©ologique, baptisĂ©e aussi tristement que judicieusement
« AnthropocĂšne». Car, nous avons tout de mĂȘme rĂ©ussi un exploit assez sidĂ©rant, celui de modifier gravement les conditions d’habitabilitĂ© de notre propre planĂšte tout en anĂ©antissant les autres habitant·e·s de notre maison. C’est mĂȘme plutĂŽt en exterminant la vie que nous sapons mĂ©thodiquement ses fondations. Il faut bien reconnaĂźtre que s’il y a bien un domaine oĂč nous excellons particuliĂšrement, c’est dans notre entreprise collective de destruction massive du vivant. « Citius, Altius, Fortius » (« Plus vite, plus haut, plus fort ») ! La devise olympique signĂ©e Pierre de Coubertin illustre admirablement la dĂ©mesure de notre « chef-d’Ɠuvre ». Dans son dernier essai, Carnage. Pour en finir avec l’anthropocentrisme, Jean-Marc Gancille expose clairement les consĂ©quences de notre folie :

« ThĂ©oriquement, si l’on se rĂ©fĂšre au taux historique d’extinction avant l’apparition de l’homme (de l’ordre d’une espĂšce par millĂ©naire), il devrait ĂȘtre quasiment impossible de voir une espĂšce disparaĂźtre. Pourtant, partout, des espĂšces succombent. Depuis 500 ans, 750 espĂšces animales ont disparu, 2 700 sont en voie d’extinction et 12 500 sont menacĂ©es1. Les taux d’extinction actuels sont des centaines, voire des milliers de fois supĂ©rieurs au taux historique. À cette vitesse, la barre des 75% d’espĂšces dis- parues pourrait ĂȘtre atteinte en quelques centaines d’annĂ©es.
[
] L’analyse des causes de l’extinction de prĂšs de 8 700 espĂšces animales et vĂ©gĂ©tales classĂ©es comme menacĂ©es ou quasi menacĂ©es de disparition sur la Liste rouge de l’UICN ne laisse en effet aucune excuse Ă  Homo sapiens.
Par ordre d’importance, les auteurs de cette Ă©tude2 pointent les principaux dangers qui menacent les espĂšces, soit
1) la surexploitation (dĂ©forestation, chasse, pĂȘche, cueillette) ;
2) l’agriculture (agro-industrie, Ă©levage, sylviculture, aquaculture) ;
3) l’étalement urbain (logement, tourisme et loisirs, industrie) ;
4) la contamination biologique (espĂšces invasives, maladies, OGM) ;
5) la pollution (déchets domestiques, effluents industriels, pollution lumineuse
) ;
6) l’altĂ©ration des milieux naturels (feux, barrages
) ;
7) le changement climatique (tempĂȘtes et inondations, sĂ©cheresse, tempĂ©ratures extrĂȘmes
).
Autant de maux exclusivement liĂ©s Ă  la progression de la civilisation : croissance dĂ©mographique, expansion des villes, dĂ©veloppement d’infrastructures, intensification de la production et de la consommation, destruction des habitats et explosion des dĂ©chets, Ă©missions de gaz Ă  effet de serre. »

Jean-Marc Gancille fait assurĂ©ment partie de la famille des grands amoureux du vivant. Nous nous sentons complĂštement alignĂ© avec sa vision. Nous partageons le mĂȘme constat, la mĂȘme sensibilitĂ©, le mĂȘme Ă©cƓurement et la mĂȘme radicalitĂ© en ayant l’honnĂȘtetĂ© de dire la vĂ©ritĂ© sans prendre de pincettes et le courage de choisir des mots puissants et des expressions impactantes. Avec le titre de son dernier essai – Carnage – il a trouvĂ© l’image la plus juste pour exprimer simplement ce que je qualifie de grande entreprise collective de destruction massive du vivant. Non, le mot carnage n’est pas trop fort pour qualifier l’inqualifiable. Massacre, sacrifice, domestication, esclavage, « bĂ©taillisation » du sauvage, divertissement, chasse, pĂȘche, tortures et traditions, prĂ©dation industrielle, Ă©levage intensif et surpĂȘche
 soit autant de formes d’exploitation animale et d’anĂ©antisse- ment du vivant que Jean-Marc Gancille dĂ©nonce mĂ©thodiquement : « Une extinction ? Non, une extermination dĂ©libĂ©rĂ©e ».

« Nous n’assistons pas Ă  un « dĂ©clin » de la biodiversitĂ©, Ă  un « effondrement » du vivant, Ă  une « extinction » des animaux, autant de termes qui suggĂšrent des causes diffuses et incertaines. Nous ne sommes pas confrontĂ©s Ă  des Ă©lĂ©ments exogĂšnes, imprĂ©visibles et non maĂźtrisables qui emportent des crĂ©atures vivantes par milliers de milliards chaque annĂ©e.
Non. La responsabilitĂ© de cette hĂ©catombe nous incombe totalement, Ă  nous les hommes, qui provoquons dĂ©libĂ©rĂ©ment et mĂ©thodiquement l’extermination des animaux sauvages. Et nous leur substituons des vies domestiques asservies Ă  nos besoins indispensables pour les abattre Ă  la chaĂźne, Ă  une Ă©chelle de cruautĂ© jamais Ă©galĂ©e dans le rĂšgne du vivant. »

Comment pouvons nous donc utiliser des mots aussi trivialement décalés que « divertissement » ou « loisir » pour évoquer le traitement abominable que nous faisons subir aux autres habitants de la Terre ?
Comment pouvons-nous exterminer toutes les formes de vie avec un tel acharnement et sans aucun scrupule ?
Comment pouvons-nous agir avec autant d’insouciance et d’inconscience ?
Comment pouvons-nous ĂȘtre animé·e·s par une relation Ă  la vie aussi nombriliste que suicidaire et Ă©cocidaire ?
Enfin, comment pouvons-nous imaginer ne pas ĂȘtre des animaux ?

Si nous n’appartenons ni au monde vĂ©gĂ©tal, ni – encore moins – au monde minĂ©ral, nous sommes donc bel et bien des animaux, une espĂšce animale parmi tant d’autres. D’ailleurs, si l’homme ne descend pas du singe, nous avons des ancĂȘtres communs. « Sapiens » dĂ©signe notre espĂšce et « Homo » notre genre. Ce genre Homo comprenait d’autres espĂšces comme Homo luzonensis, Homo denisovensis et Homo neanderthalensis, toutes anĂ©anties entre il y a 30 000 et 50 000 ans. Enfin, notre famille est celle des Grands Singes et nos cousins directs sont – par ordre de proximitĂ© – les chimpanzĂ©s, les gorilles et les orang outans. C’est Ă  dire qu’un ancĂȘtre commun a donnĂ© naissance Ă  deux branches, la premiĂšre aboutissant aux orang outans. Quant Ă  la seconde, elle s’est Ă  son tour divisĂ©e en deux pour donner d’un cĂŽtĂ© les gorilles et de l’autre une branche dont les deux sous-branches ont abouti d’une part aux chimpanzĂ©s et d’autre part aux espĂšces du genre Homo, dont la seule reprĂ©sentante encore en vie aujourd’hui est Homo Sapiens. MalgrĂ© Darwin et sa thĂ©orie de l’Ă©volution, certaines de nos rĂ©alitĂ©s imaginaires sont solidement ancrĂ©es dans nos boites crĂąniennes. Nous utiliserons donc ici l’expression non humains ou animaux non-humains pour distinguer les autres animaux des membres de notre propre espĂšce.

De l’anthropocentrisme au biocentrisme, changeons de prisme ou disparaissons !

« GaĂŻa, la Terre est vivante. Depuis plus de 4 milliards d’annĂ©es, elle a fait Ă©voluer la vie dans toute sa diversitĂ©. La Terre crĂ©e les conditions pour que la diversitĂ© du vivant Ă©merge, Ă©volue et soit maintenue et rĂ©gĂ©nĂ©rĂ©e Ă  travers des processus Ă©cologiques auto-organisĂ©s et complexes. Chaque partie de la terre est vivante – du plus petit microbe au plus gros des mammifĂšres. Le sol, la semence, les plantes sont vivants et crĂ©ent les conditions nĂ©cessaires pour que la vie s’épanouisse.
La Nature a créé du charbon et du pĂ©trole en fossilisant le carbone de plantes et d’autres organismes vivants il y a plus de 600 millions d’annĂ©es.
La croyance en une « planĂšte morte » a dĂ©clenchĂ© des processus qui deviennent une menace rĂ©elle pour la vie sur Terre. La croyance en une planĂšte morte a aussi conduit Ă  l’illusion que nous sommes dĂ©connectĂ©s de la Terre et de ses processus vivants. Nous avons construit une vision du monde anthropocentrique de la suprĂ©matie humaine, affirmant que nous sommes supĂ©rieurs aux autres formes de vie et que nous pouvons ĂȘtre maĂźtres et possesseurs du vivant.
Au cours des deux siĂšcles d’industrialisme fondĂ© sur les Ă©nergies fossiles, nous avons commencĂ© Ă  prĂ©sumer Ă  tort que la Terre Ă©tait morte, un simple stock de matiĂšres premiĂšres industrielles inertes destinĂ© Ă  ĂȘtre exploitĂ© et rejetĂ© sous la forme de dĂ©chets et de pollution. Nous avons oubliĂ© la Vie et le Vivant.
La vision d’un monde fossilisĂ© est mĂ©caniste. La vision d’un monde mĂ©canique est statique, non dynamique, non interactive, sĂ©paratrice, elle fragmente et divise. Elle s’isole elle-mĂȘme d’une rĂ©alitĂ© vivante et vĂ©cue, crĂ©e des constructions artificielles et abstraites qui sont dĂ©connectĂ©es de la rĂ©alitĂ©, et nomme de façon arrogante ces constructions abstraites : « connaissance objective » et vĂ©ritĂ© absolue. » Vandana Shiva – La Terre vivante, la Semence vivante, le Sol vivant – Livre-journal Vivant Ă©ditĂ© par La RelĂšve et La Peste – 2019

La dimension antispĂ©ciste du biocentrisme est aujourd’hui lĂ©gitimĂ©e par la recherche scientifique – notamment neurobiologique – comme le souligne Jean-Marc Gancille :
« Au vu des dĂ©couvertes sur l’intelligence et les Ă©motions animales, nous n’avons plus aucune excuse pour continuer Ă  les traiter comme nous le faisons. Si, comme les neurobiologistes l’affirment, les animaux sont conscients, Ă©prouvent des sentiments, Ă©laborent des idĂ©es, comment l’homme peut-il continuer Ă  les traiter comme des objets, Ă  s’en servir comme des jouets ou des souffre-douleurs, Ă  les exploiter, Ă  les enfermer, les martyriser, les maltraiter, les abattre ? Alors que la science dĂ©couvre sans cesse de nouvelles informations sur la capacitĂ© des bĂȘtes Ă  ressentir, Ă©prouver et penser, il est temps pour l’homme de rĂ©flĂ©chir Ă  la façon dont il pourrait ĂȘtre utile aux animaux plutĂŽt qu’à la façon dont ceux-ci peuvent lui servir. »

Selon le militant animaliste, le carnage dĂ©coulant de notre anthropocentrisme n’a plus une seule justification valable. Il est :
1. « Tragique » : les impacts sont immenses sur la richesse de la biodiversitĂ©, la complexitĂ© des Ă©cosystĂšmes et l’interdĂ©pendance du vivant,
2. « Injuste » : intelligence, capacitĂ©s mentales de haut niveau, sentiments et Ă©motions des animaux sont aujourd’hui prouvĂ©es scientifiquement, notre supĂ©rioritĂ© prĂ©sumĂ©e a du plomb dans l’aile,
3. « Immoral » : chaque ĂȘtre vivant dispose d’un droit Ă©quivalent Ă  la vie,
4. « Inconscient » : invisibilisation de la violence animale, propagande publicitaire, puissance des traditions, formatage des esprits, diabolisation des vegans et greenwashing opportuniste « permettent à la matrice spéciste de notre société de perdurer »,
5. « Absurde » : nos actions menacent des espĂšces dont l’existence mĂȘme est indispensable Ă  notre propre survie.

Pour en finir avec l’anthropocentrisme, il annonce clairement la couleur
 « L’urgence vitale impose des ruptures radicales » :
‱ ReconnaĂźtre aux animaux un droit de vivre inaliĂ©nable
‱ Ne plus manger ni viande, ni poisson
‱ DĂ©velopper l’agriculture vĂ©gĂ©talienne
‱ Abolir l’élevage et la pĂȘche
‱ RĂ©concilier Ă©cologie et animalisme
‱ Interdire la chasse
‱ Fermer les zoos et les aquariums
‱ Limiter les interactions avec les animaux sauvages
‱ RĂ©ensauvager le monde »

Comme vous pouvez vous en douter, de telles dĂ©cisions ne risquent pas d’ĂȘtre prise par le SystĂšme dominant actuel
 Elles ne peuvent l’ĂȘtre que dans le cadre d’un changement De systĂšme, de l’émergence d’une nouvelle sociĂ©tĂ© respectueuse du vivant.

Seul·e·s l’écologie profonde, et le biocentrisme – qui en dĂ©coule tout naturellement – permettent de bien apprĂ©hender la racine de nos problĂšmes – la destruction du vivant – et donc la nĂ©cessitĂ© vitale de changer De systĂšme pour faire Ă©merger une sociĂ©tĂ© nouvelle respectueuse de la vie. Prisme, racine et mĂ©thode, voilĂ  bien trois diffĂ©rences essentielles entre les deux Ă©cologies, « La Rebelle » – l’Ă©cologie vitale – et « La NaĂŻve » – l’Ă©cologie climato-politique, qui s’opposent aujourd’hui. Cette derniĂšre, uniquement extĂ©rieure, purement superficielle et totalement artificielle car souvent exclusivement urbaine/mĂ©tropolitaine, entretient – en confondant cause et consĂ©quence – l’idĂ©e fausse que le rĂ©chauffement climatique est l’urgence absolue. Et pour y rĂ©pondre, elle imagine des solutions anthropocentrĂ©es (Ă©nergies « propres », croissance « verte », dĂ©veloppement « durable ») qui ne remettent pas rĂ©ellement en question notre petit confort. Enfin, elle croit encore qu’il est possible de changer le SystĂšme dominant actuel. Climato-addict, cette Ă©cologie militante et/ou politique mainstream est dĂ©finitivement bien naĂŻve
 « La Rebelle », quant Ă  elle, est aussi bien intĂ©rieure qu’extĂ©rieure, profonde, connectĂ©e au vivant et donc forcĂ©ment Ă©loignĂ©e du cƓur du monstre, les grandes villes et mĂ©tropoles. Radicale, elle est soucieuse de prĂ©server la vie sous toutes ses formes. Elle sait pertinemment que changer le SystĂšme est totalement impossible. Cette Ă©cologie vitale s’Ă©vertue donc Ă  faire advenir une toute nouvelle sociĂ©tĂ© prenant soin du vivant, libĂ©rĂ©e de tout rapport de domination et enfin rĂ©ellement dĂ©mocratique.

 

L’instinct de survie est le propre de chaque ĂȘtre vivant, animal ou vĂ©gĂ©tal. Satisfaire ses besoins primaires, transmettre la vie dans un souci – plus ou moins conscient – de perpĂ©tuation de l’espĂšce et offrir Ă  sa descendance les meilleures chances de poursuivre ce cycle naturel sont des rituels, des habitudes, des prĂ©occupations inhĂ©rent·e·s Ă  l’ensemble des membres de la grande famille du vivant. Mais, cette survie s’inscrit obligatoirement dans une logique d’interdĂ©pendance – savant cocktail d’entraide et de rivalitĂ© – nĂ©cessitant un Ă©quilibre aussi pur que fragile.

Le rang que nous nous sommes abusivement octroyĂ©, celui d’une espĂšce supĂ©rieure aux autres, nous a totalement aveuglé·e·s au point d’imaginer qu’Homo sapiens n’était pas soumis aux mĂȘmes rĂšgles que le reste du vivant. Nous avons trop longtemps pensĂ© Ă  la place des autres pour notre unique intĂ©rĂȘt, notre folie Ă©goiste. Il est temps de penser d’abord aux autres pour avoir une petite chance de nous sauver. Car, de la mĂȘme maniĂšre que nous recueillons aujourd’hui les fruits toxiques de notre fantasme de croissance infinie au dĂ©triment de la vie, toute tentative de sauvetage de notre propre espĂšce au dĂ©triment des autres habitant·e·s de la Terre est vouĂ©e Ă  l’échec.
Oui, c’est en faisant de la sauvegarde/rĂ©gĂ©nĂ©ration du vivant notre absolue prioritĂ© – en Ă©tant prĂȘt·e·s Ă  renoncer Ă  notre insoutenable niveau de vie, Ă  notre bancale approche du bonheur et Ă  notre lĂ©tale conception du confort – que nous pourrons survivre en tant qu’espĂšce. Nous pourrions ainsi prĂ©server les conditions d’habitabilitĂ© de notre planĂšte en limitant les immenses risques que sont l’atroce asphyxie ou une mortelle pĂ©nurie d’eau douce, sans oublier
 l’inquiĂ©tant dĂ©rĂšglement climatique.
En revanche, si nous devions, comme nous l’avons toujours fait, ne penser qu’à nos petits nombrils, surtout en prenant le pro- blĂšme Ă  l’envers, en traitant la consĂ©quence plutĂŽt que la cause, alors notre triste sort est inĂ©luctable. Nous concentrer sur le seul symptĂŽme – le climat – sans nous soucier trop de la racine – le vivant – signerait Ă  coup sĂ»r la fin prĂ©maturĂ©e de notre destinĂ©e.

Le compte Ă  rebours de la sauvegarde des conditions d’habitabilitĂ© de notre toute petite planĂšte est lancĂ© depuis un bon moment. Or, nous fonçons toujours plus vite vers le prĂ©cipice. Au lieu de freiner pour amortir la chute inĂ©vitable, nous accĂ©lĂ©rons vers un chaos inĂ©luctable.

« C’est l’histoire d’un homme qui tombe d’un immeuble de 50 Ă©tages. Le mec, au fur et Ă  mesure de sa chute, il se rĂ©pĂšte sans cesse pour se rassurer : « Jusqu’ici tout va bien
 Jusqu’ici tout va bien
 Jusqu’ici tout va bien. » Mais l’important, c’est pas la chute. C’est l’atterrissage. » Mathieu Kassovitz via le personnage d’Hubert – La Haine

AprĂšs 50 annĂ©es d’inertie absolue, l’heure est venue de nous retrousser les manches, de prendre notre courage Ă  deux mains et de jouer Ă  fond la carte de l’intelligence collective pour rĂ©ellement nous mobiliser. Cessons de nous lamenter ou d’attendre passivement
 place Ă  l’action ! Sauver la vie sur Terre est un sacrĂ© dĂ©fi. C’est dĂ©sormais notre unique mission, notre derniĂšre opportunitĂ© d’offrir enfin Ă  l’humanitĂ© une rĂ©elle utilitĂ© ! Nous devons l’accomplir avec la plus grande humilitĂ© afin de regagner notre dignitĂ©. Le temps presse, l’effondrement est en cours et certains des immenses dĂ©gĂąts que nous avons occasionnĂ©s sont dĂ©jĂ  irrĂ©versibles. Cessons de penser que nous avons encore le temps, qu’il nous reste 5 ans, 10 ans ou 30 ans. Non, nous n’avons plus le temps, il est bien trop tard et nous en avons tant gĂąchĂ©. Cessons de nous fixer des objectifs pour 2030 ou de viser la neutralitĂ© carbone en 2050. Pourquoi pas 2090 ou 2140 !!!
C’est lĂ , maintenant, tout de suite qu’il convient de tout, absolument tout, radicalement tout, changer ! Cessons enfin de faire semblant de vouloir prĂ©server les gĂ©nĂ©rations futures. Cette apparente belle intention est aussi lĂąche qu’hypocrite. Nos grands discours ne se sont jamais traduits en actes. Soucions-nous plutĂŽt des gĂ©nĂ©rations prĂ©sentes qui pourraient bien ĂȘtre les toutes derniĂšres Ă  fouler le sol de GaĂŻa. RĂ©veillons-nous, secouons-nous, mobilisons-nous ! Sauvons la vie sur Terre pour mettre fin Ă  notre ignominie et libĂ©rer nos otages, assurer notre propre survie et, de notre histoire, Ă©crire une nouvelle page !

« Nous n’hĂ©ritons pas de la Terre de nos ancĂȘtres, nous l’empruntons Ă  nos enfants. » Proverbe Ă  l’origine incertaine. Des ex- pressions similaires existent dans diffĂ©rentes tribus, en AmĂ©rique du Nord, en Afrique centrale et en PolynĂ©sie.

Le Travail qui relie... une incroyable expérience pour se relier à la grande toile de la vie !

 

Pour ressentir au plus profond de notre chair, de notre cƓur, de notre ĂȘtre, de notre Ăąme, ce lien Ă©troit qui nous relie Ă  l’ensemble des membres de la grande famille du vivant, rien de tel que cette expĂ©rience formidablement puissante et extraordinairement enrichissante que j’ai eu l’immense privilĂšge de vivre dĂ©but juillet 2021 Ă  l’Écodomaine Le Bois du Barde situĂ© Ă  Mellionnec en Centre Bretagne. J’ai pu goĂ»ter au vibrant Travail qui relie (The Work that Reconnects) conçu par Joanna Macy. Docteur en philosophie, spĂ©cialiste du Bouddhisme, de la thĂ©orie gĂ©nĂ©rale des systĂšmes, fondatrice de l’Éco-philosophie et de l’Éco-psychologie, cette militante Ă©cologiste amĂ©ricaine a dĂ©veloppĂ© dans les annĂ©es 1980 une pĂ©dagogie singuliĂšre dont l’ambition est de provoquer une transformation personnelle et sociale pour trouver en nous-mĂȘmes notre propre Ă©cologie profonde. Pendant 5 jours, Claire CarrĂ©, co-fondatrice de l’association Roseaux Dansants et Laure Bressan nous ont proposĂ© un incroyable voyage hors de l’espace-temps au cƓur de la grande toile du vivant.
Directement formĂ©e par Joanna Macy en 1994 au Schumacher College dans le Devon, Claire CarrĂ© a mĂȘme Ă©tĂ© son assistante pour les ateliers dirigĂ©s par Joanna Macy en Angleterre et en Allemagne. Voici comment Claire prĂ©sente la philosophie de cette mĂ©thodologie sur le site web de Roseaux Dansants : « Son travail aide les personnes Ă  transformer le dĂ©sespoir et l’apathie, face Ă  l’énormitĂ© de la crise Ă©cologique et sociale, en action constructive et collaborative. Ce travail nous rĂ©vĂšle une nouvelle vision du monde, comme d’un immense corps vivant dont nous faisons partie, nous libĂ©rant ainsi des prĂ©jugĂ©s et des attitudes qui menacent la continuitĂ© de la vie sur Terre.
[
] L’expĂ©rience de notre Ă©cologie profonde nous rĂ©veille Ă  notre amour pour la Terre. MalgrĂ© nos paradoxes, nous souhaitons mener une vie plus harmonieuse. Le dĂ©sir de survie de la Terre agit Ă  travers nous : nos souhaits les plus profonds s’alignent sur ce dĂ©sir. [
] Joanna Macy Ă©voque The Great Turning, le Changement de Cap. Nos descendants considĂ©reront certainement cette Ă©poque-ci comme une Ă©poque charniĂšre. S’ils sont bien lĂ , c’est parce qu’une minoritĂ© de leurs ancĂȘtres auront menĂ© une rĂ©volution Ă©cologique : Ă  partir d’une sociĂ©tĂ© de croissance industrielle, ils auront mis le cap sur une sociĂ©tĂ© qui soutient la Vie. Une sociĂ©tĂ© de justice sociale, qui ne produit pas de dĂ©chets que la Terre est incapable de digĂ©rer, une sociĂ©tĂ© pĂ©renne. Ce changement de cap impose trois conditions : la dĂ©fense de la Vie, la crĂ©ation de structures alternatives, le changement de conscience. Cette mĂ©tamorphose se rĂ©alise ensemble, pour le Vivant, pour l’émergence d’une conscience Ă©cologique et collective.
[
] Le Travail qui Relie est une pĂ©dagogie holistique de groupe qui permet Ă  l’ĂȘtre humain de prendre sa juste place sur Terre. En puisant Ă  la source de la vie, il y retrouve ses racines et son appartenance, il ouvre le champ des ressources spirituelles et psychologiques dont il a besoin pour faire face Ă  la situation planĂ©- taire actuelle. Ces ateliers proposent diffĂ©rentes pratiques pour transformer notre inquiĂ©tude justifiĂ©e en engagement crĂ©atif. De caractĂšre expĂ©rientiel, cette pratique d’émergence de notre Ă©co-conscience fait appel Ă  toutes les dimensions de l’ĂȘtre humain : mentale, Ă©motionnelle, physique, spirituelle, ainsi qu’à sa capacitĂ© d’action sur le monde. »
Une telle approche rĂ©sonnait dĂ©jĂ  profondĂ©ment en moi avant ce stage, et cette expĂ©rience – partagĂ©e avec enthousiasme par Pablo Servigne dans ses livres – m’avait Ă©tĂ© vivement recommandĂ©e tant par Anne-Laure Nicolas, co-fondatrice du Bois du Barde, que par Laure Nouhalat. J’étais donc prĂ©parĂ© et trĂšs excitĂ©. Et pourtant j’étais encore loin d’imaginer Ă  quel point ce voyage allait me bouleverser. Ces 5 journĂ©es furent un cocktail dĂ©tonnant de partage, de communion, de confiance et d’écoute entre Ă©colo et collapso-Ă©veillé·e·s transporté·e·s par la dynamique irrĂ©sistible d’une spirale en 4 Ă©tapes clĂ©s : 1. S’enraciner dans la gratitude (pour le vivant dans son ensemble) ; 2. Honorer notre souffrance pour le monde (expression de nos Ă©motions profondes : tristesse, colĂšre, indignation, dĂ©tresse, vide, angoisse) ; 3. Porter un nouveau regard (changement de perception, de vision) et 4. Aller de l’avant (mise en mouvement, passage Ă  l’action).

« Cette spirale offre un voyage initiatique qui augmente notre aptitude Ă  agir pour l’amour de la vie sur la Terre. » Joanna Macy

Je pourrai aisĂ©ment consacrer un livre entier Ă  ce voyage tant il fut dĂ©licieux et gracieux, puissant et envoĂ»tant, poignant et Ă©nergisant. Nous avons explorĂ© le vivant via nos diffĂ©rents sens, chantĂ© et dansĂ© au rythme de musiques sacrĂ©es, appris Ă  dĂ©ambuler comme des Ă©lĂ©phants, partagĂ© nos rĂ©flexions introspectives, exprimĂ© librement nos Ă©motions trĂšs vives, Ă©coutĂ© nos ancĂȘtres ou parlĂ© Ă  nos descendant·e·s, rencontrĂ© et dialoguĂ© avec d’autres ĂȘtres – animaux, arbres, ruisseaux
 – dans la forĂȘt. Le tout en profitant des riches enseignements de sagesses anciennes (tibĂ©taine, amĂ©rindienne, celte, aborigĂšne
). Quelle immense joie ! Gratitude infinie Ă  Claire, Laure, mes ami·e·s Amaya et BenoĂźt et tou·te·s les autres guerriĂšres et guerriers de Shambhala avec lesquel·le·s nous sommes dĂ©sormais relié·e·s.

Écopsychologie

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Écologie profonde, Travail qui relie, connexion au vivant, immersion, ancrage, lĂącher prise, antifragilitĂ©, permaculture humaine

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 au Vivant !
Observer, écouter, co-habiter avec les non-humains,
s’immerger dans le sauvage !

Puissamment endoctriné·e·s par nos croyances divines – en des dieux ou en un seul Dieu – et fortement influencé·e·s par la philosophie de Descartes, nous nous sommes donc totalement fourvoyé·e·s dans notre rapport aux autres membres de la grande famille du vivant. Si bien que nous avons construit et façonné des lieux de vie artificiels – les villes et métropoles – complètement coupés de nos racines et dont le développement sans fin est directement à l’origine de l’anéantissement du vivant. Parallèlement, l’État-nation repose sur des frontières externes et internes à visée essentiellement politique et économique et non géographique et biologique.

Il est temps de retrouver notre juste place au sein de la grande famille du vivant, celle d’une espèce parmi tant d’autres, en aucun cas supérieure. Il est temps d’abandonner l’urbain mortifère et de nous affranchir de l’État-nation, l’incarnation politique du Système dominant actuel. Il est temps de nous mettre au service de l’ensemble du vivant en réparant les déséquilibres que nous avons, par insouciance, mépris ou folie, nous-mêmes créés. Parce que LA VIE le mérite !

Après avoir massivement artificialisé les sols et irrémédiablement détruit les habitats des non humains, il nous appartient de nous désurbaniser, démétropoliser, débitumer, débétoner, de décoloniser les esprits, de déconditioner nos modes de pensée, de déconstruire nos univers toxiques, bref de nous débrancher de la grande machine d’annihilation de la vie. À nous de nous ré-ancrer dans le sol, de nous ré-enraciner au milieu du vivant, de nous ré-aligner, de nous ré-équilibrer, de nous resourcer, de « réhabiter » la Terre comme nous invitent à le faire le biorégionalisme.

Biorégonalisme

(Fiche pédagogique)

Les livres incontournables

Vivant

Collectif

La RelĂšve et La Peste – 2020

Carnage

Jean-Marc Gancille

Rue de l’Ă©chiquier – 2020

Écrivons ensemble un nouveau…

Jean-Christophe Anna

L’Archipel du Vivant – 2021

La fin de l’exception humaine

Jean-Marie Schaeffer

Gallimard – 2007

Les vidéos à voir absolument !

Une espÚce à part (intégrale)

Arte – 29 juin 2019

Animaux : ont-ils des émotions complexes ? Pauline Delahaye

Green Letter Club – 22 juin 2021

Intelligence animale : en finir avec la hiĂ©rarchie – Emmanuelle Pouydebat

CitĂ© des Sciences et de l’Industrie – 13 aoĂ»t 2019

Pour aller plus loin…

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Antispécisme & Véganisme

Vivant

Penser le vivant

Biorégionalisme

D’autres ressources utiles pour poursuivre la rĂ©flexion et passer Ă  l’action.

Annuaires

Écovillages, villages engagĂ©s vers l’autonomie, ZAD, fermes bio, ressourceries, monnaies alternatives…

MédiathÚque

Livres, guides pratiques, magazines, mĂ©dias online, documentaires, films, chaines YouTube, podcasts, sĂ©ries…

Kits Pratiques

RĂ©silience alimentaire, sobriĂ©tĂ© Ă©nergĂ©tique, purification de l’eau, low-tech, stocks, plantes mĂ©dicinales, secourisme…

Formations

Permaculture, botanique, art de vie sauvage, orientation, construction naturelle, communication bienveillante…

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