Les 32 Dealeuses et Dealeurs de Résilience

Abeille
L’abeille est le principal insecte pollinisateur. Jouant un rôle fondamental dans la reproduction des plantes, elle illustre à merveille cette interdépendance clé au coeur du Vivant, entre espèces animales et végétales. Quelle formidable démonstration des dimensions locale, collective et systémique de toute forme de résilience ! En pollinisant, l’abeille ne nous rend pas service à nous humains – oublions notre anthropocentrisme ! – elle se met naturellement au service du Vivant. Nous serions bien inspiré·e·s d’en faire de même, c’est aujourd’hui notre plus grande responsabilité. Il en va de notre dignité !
La bonne santé des abeilles est pour nous – à condition de ne pas nous contenter de les exploiter – synonyme d’alimentation bio, locale et de saison. C’est aussi l’une des garantes de la fertilité de la terre chère à Pierre Rabhi (notre Roi d’Abeille). Elle est l’un des symboles de la protection du Vivant au coeur de l’engagement de Valérie Cabanes (notre Dame), d’Aurélien Barrau (notre Cavalier). (Rabhi) et de Lamya Essemlali (notre Valet).

Eau
L’eau, c’est tout simplement la vie ! C’est dans l’eau des océans que la vie est apparue sur Terre il y a 3,5 milliards d’années. Pendant 3 milliards d’années, la vie sur Terre était cantonnée à des organismes unicellulaires et autres micro-algues. Il y a 500 millions d’années, la vie a connu une formidable explosion en matière de biodiversité et a progressivement quitté le milieu marin pour se répandre sur Terre et dans les airs. La vie ne peut se passer d’eau. L’eau est présente au coeur même de chaque être vivant habitant cette planète, au plus profond de chaque cellule. Avec le feu, l’air et la terre, l’eau est également l’un des 4 éléments.
L’océan est justement le terrain des militant·e·s engagé·e·s que sont Claire Nouvian (notre Dame d’Eau) et Jean-Marc Gancille (notre Cavalier). Dans cette couleur, nous souhaitions également mettre en avant l’hydrologue Emma Haziza (notre Cavalier) et le philosophe Dominique Bourg (notre Roi) si soucieux de la préservation des conditions d’habitabilité de notre planète.

Menhir
Terre, pierre, roche, cailloux, sable, minerais, métaux… le monde minéral est omniprésent sur notre planète. Nous avons choisi le menhir pour le représenter.
Ces précieuses ressources, nous les exploitons bien trop rapidement, bien trop intensément dans notre course effrénée à la croissance infinie alors qu’elles sont forcément limitées. L’une des plus convoitée est sans aucun doute l’or noir, cette substance que nous nous injectons en intraveineuse pour assouvir nos fantasmes les plus fous. Pour constituer les réserves pétrolières, notre planète a eu besoin de 320 millions d’années pour dégrader la matière organique. Il ne nous en a fallu moins de 200 pour vider la moitié du stock… Avec l’eau, le feu et l’air, la terre (ou monde minéral) est également l’un des 4 éléments.
Le monde minéral représente notre rapport au temps, le temps d’agir pour anticiper les chocs lié à l’effondrement civilisationnel, aux effondrements, la première préoccupation d’Yves Cochet (notre Roi de Menhir) ou d’Agnès Sinaï (notre Dame). Notre résilience face à ces risques systémiques est la matière première du formidable travail d’Arthur Keller (notre Cavalier), véritable expert de la vulnérabilité des systèmes complexes. C’est aussi le passé et tout ce que nous avons hélas déjà perdu – donc et la solastalgie – tout comme notre crainte lucide par rapport à l’avenir, cette écoanxiété dont la psychothérapeute Charline Schmerber (notre Valet) s’est faite une spécialité.

Vous retrouverez ces 4 premières couleurs dans le Tarot de Base.

Feu
Le feu est à l’image de notre fascination – et de l’addiction associée – pour la puissance démiurgique que nous confère les différentes formes d’énergies, au premier rang desquelles les fossiles (pétrole, charbon et gaz naturel), mais aussi celle que nous procure l’atome, l’énergie nucléaire (uranium). Si le feu a permis aux premiers humains de se réchauffer, de se protéger et de cuire leurs aliments, notre quête de l’énergie ultime, celle du soleil via la fusion nucléaire est à l’image de notre folie des grandeurs, de notre décadance. Avec l’eau, l’air et la terre, le feu est également l’un des 4 éléments.Avec l’eau, l’air et la terre, le feu est également l’un des 4 éléments.
La combustion de ces ressources minérales nous permet de vivre, dans les pays occidentaux, complètement hors sol. Jean-Marc Jancovici (notre Roi de Feu) compare cette énergie à la puissance de travail de 500 esclaves énergétiques au service de chacune et chacun d’entre nous pour l’ensemble de nos usages quotidiens (alimentation, transports, chauffage, industrie). L’extractivisme via la surexploitation de nos ressources minières est le cheval de bataille d’Aurore Stéphant (notre Dame). Notre hyperdépendance énergétique et les impacts climatiques de nos émissions de gaz à effet de serre et le domaine de réflexion de Cyrus Farhangi (notre Cavalier). Et c’est dans lutte contre le dérèglement climatique que Camille Étienne (notre Valet) puise l’énergie de son engagement militant.

Nuage
Le nuage matérialise ici aussi bien l’air que le vent. Exploitation animale, libéralisme, patriarcat et racisme sont le fruit de très nombreux rapports de domination. La sensibilisation du grand public via les livres, les documentaires, les podcasts, les vidéos choc ou l’engagement militant apporte une bouffée d’oxygène vitale dans l’air pollué, saturé et vicié que nous respirons. Les lanceuses et lanceurs d’alerte soufflent le vent de la prise de conscience indispensable, de la révolte nécessaire et de l’action salutaire. Avec l’eau, le feu et la terre, l’air est l’un des 4 éléments. mais aussi la dimension lanceur·euse d’alerte !
La lutte contre toutes les formes de discriminations entre humains, notamment celles en prise directe avec le sexe/genre ou l’origine et la couleur de peau est portée avec courage par Fatima Ouassak (notre Roi… ou plutôt notre Reine de Nuage), Rokhaya Diallo et Grace Ly (nos Cavalières). Quant au massacre lié à l’élevage dans les abattoirs, nous ne pouvons que saluer le travail inlassable d’éveil des consciences réalisé par Brigitte Gothière (notre « Valette »). Sans oublier le minitieux travail d’investigation de Flore Vasseur (notre Dame) sur Edward Snowden, les collusions entre finance et politique ou encore l’engagement des jeunes pour un monde plus écologique, plus juste et plus démocratique.

Graine
La graine est symbole de vie, de permaculture, d’agroécologie, d’agroforesterie… bref d’une agriculture paysanne biologique, sans intrants chimiques. Après des décennies de semances produites par l’agrochimie – Bayer, Monsanto & co – les semances paysannes qui s’échangent entre maraîchères et maraichers représentent le seul moyen d’assurer une véritable résilience alimentaire, dans le respect du Vivant, humain et non humain. Les plus grandes richesses de l’humanité au XXIème siècle ne seront ni l’or, ni le pétrole et encore moins les données numériques… ce seront l’eau et les graines !
La graine, c’est aussi notre lien avec la terre, l’expérimentation concrète sur le terrain et dans nos territoires. L’éveil des consciences sur la résilience alimentaire – ou plutôt la non résilience alimentaire des communes françaises – doit beaucoup au locavore Stéphane Linou (notre Roi de Graine). L’autosuffisance alimentaire, hydrique et énergétique est le laboratoire d’expérimentation de Pierre Delorme – alias Pierre 1911 – (notre Valet). L’ancrage local, la permaculture humaine et la transmission sont les moteurs d’Anne-Laure Nicolas (notre Dame) et de son Écodomaine Le Bois du Barde. Enfin, la désurbanisation des imaginaires, le réempaysannement de nos campagnes et la dynamique biorégionale sont au coeur de la vision du territorialiste Guillaume Faburel (notre Cavalier).

Plume
La plume ? Oui, ce nom évoque les oiseaux et donc le Vivant. C’est aussi et surtout d’une autre plume – quoique… au début de l’écriture… – dont il s’agit ici. Celle de l’écriture, celle des récits, des livres et du journalisme textuel, audio et vidéo. Celle des artistes qui nous embarquent dans leurs rêves les plus doux et leurs utopies les plus éclairées ou bien dans leurs cauchemars les plus vils et leurs dystopies les plus sombres pour mieux nous interpeller, pour mieux nous bousculer.  Celle aussi des journalistes engagé·e·s réellement animé·e·s par le souci d’informer vraiment avec lucidité.
Avec cette couleur Plume, nous avons voulu rendre hommage aux personnes qui ont éveillé bon nombre d’écolos et de collapsos, Laure Noualhat (notre Dame de Plume) via les pastilles vidéos à l’humour grinçant de Bridget Kyoto et Clément Monfort via ses vidéos NEXT. Aujourd’hui, Paloma Moritz (notre Valet) sur le média Blast est l’une de celles et ceux qui ont repris le flambeau. Quant à Alain Damasio (notre Roi), il met depuis longtemps son agilité linguistique et sa dextérité syntaxique au service du Vivant tout en dénonçant la part d’ombre machiavélique de notre addiction technologique.

Vous retrouverez ces 4 couleurs supplementaires dans le Tarot de Luxe.

 La résilience est la capacité d’un système à maintenir une certain équilibre malgré les chocs, à retrouver une forme d’équilibre après un choc. Pour y parvenir, il convient d’avoir l’aptitude d’encaisser les chocs et le meilleur moyen de parvenir à les encaisser est de les anticiper en s’y préparant.

« La résilience est cette capacité qu’a un système de maintenir ses principales fonctions malgré les chocs, y compris au prix d’une réorganisation interne. Que le système soit la société, la ville, la maison ou nous-mêmes, les principes sont sensiblement les mêmes. La résilience peut être collective (territoriale) ou individuelle (psychologique). Il est certes trop tard pour bâtir un « développement durable », mais il n’est jamais trop tard pour construire des « petits systèmes résilients » à l’échelle locale qui permettront de mieux endurer les chocs économiques, sociaux et écologiques à venir. » Agnès Sinaï, Raphaël Stevens, Hugo Carton, Pablo Servigne – Petit traité de résilience locale – Éditions Charles Leopold Mayer, 2015

Bien entendu, lorsque nous évoquons cette nécessaire résilience en parlant de système, il va sans dire que nous ne souhaitons en aucun cas la résilience du Système dominant actuel – qui est hélas sans doute bien plus grande que ce que certain·e·s d’entre nous imaginaient… pour l’instant – mais des communautés humaines vivant ici où là.
Et cette résilience est nécessairement locale, collective et systémique afin d’anticiper les différents chocs à venir : rupture d’approvisionnement alimentaire, stress hydrique, pénurie énergétique, blackout électrique, crise sanitaire grave, krach financier, crise économique aigüe, migrations massives…

Dans le Tarot D2R, les 21 atouts sont autant de déclinaisons de la Résilience : hydrique, alimentaire, énergétique, sanitaire, sociale, économique, financière, politique…