Non, notre espèce n’a pas tous les droits !
Elle ne peut décemment pas librement décider de la vie et de la mort de toutes les autres espèces.
Elle ne peut décemment pas non plus embarquer toutes les autres espèces dans sa folie auto-destructrice.
Il est grand temps d’assumer nos responsabilités. Nous avons des DEVOIRS envers le vivant !
Afin de prendre soin du vivant et de préserver par la même occasion les conditions d’habitabilité de notre planète, il nous appartient de changer radicalement de prisme pour abandonner cette arme de destruction massive qu’est l’anthropocentrisme au profit d’un tout nouveau regard bienveillant sur la vie, le biocentrisme.
Et en parallèle, il est également vital – pour nous comme pour toutes les formes de vie sur Terre – de délaisser notre ego qui nous manipule et nous fait passer à côté de l’essentiel pour l’être, notre vrai moi, le seul qui nous permette de savourer l’instant présent en pleine conscience.
Il est temps de retrouver, en toute humilité, notre juste place au sein de la grande toile de la vie.


Le miracle de la vie !

« Depuis le XIXème siècle, grâce notamment à Alexander von Humboldt et Charles Darwin, nous connaissons les grandes lois de l’écologie : nous savons que la force d’un écosystème repose sur sa diversité, que toutes les espèces sont interconnectées, qu’elles participent au bon fonctionnement du vaste ensemble de cycles biogéochimiques complexes et interdépendants qui garantissent la vie sur Terre. Nous savons qu’il existe des limites à la capacité de charge d’une planète aux ressources finies et que des réactions en chaîne pourraient menacer la biosphère d’effondrement. Nous savons que l’histoire de la vie sur Terre est celle de la multitude d’interactions entre toutes les espèces qui y cohabitent. Mais nous persévérons dans notre obstination à négliger notre interdépendance avec la nature, en exterminant consciemment tous les autres êtres vivants, nuisant ainsi au bon fonctionnement d’écosystèmes indispensables à notre existence. » Jean-Marc Gancille – Carnage. Pour en finir avec l’anthropocentrisme – Rue de l’échiquier – 2020

L’irruption de la vie est le fruit d’un heureux hasard, d’une singulière configuration, d’un incroyable concours de circonstances. Car, pour qu’elle puisse éclore quelque part dans l’univers, la réunion de nombreuses conditions aux interactions complexes est indispensable. Pour que ce miracle absolu – n’y voyez aucune connotation religieuse, je suis athée – ait pu se produire ici sur Terre, la distance entre notre planète et le soleil devait être idoine tout en étant parfaitement corrélée à la taille de notre étoile, sans oublier la présence de notre atmosphère protectrice. La combinaison et la bonne proportion des molécules disponibles devaient atteindre une alchimie idéale. Et bien entendu, la température moyenne globale devait être adaptée pour accueillir la vie et permettre son évolution. Ce n’est là qu’une infime partie des innombrables paramètres qui étaient rassemblés pour que la magie opère. Ce n’est par conséquent pas si surprenant que nous n’ayons toujours pas pu prouver la moindre existence de vie ailleurs, sur une autre planète, dans un autre système solaire, une autre galaxie, quelque part dans l’univers. Cette quête d’une vie extraterrestre – envisageable, sans être certaine, sur certaines exoplanètes se trouvant dans une configuration proche de celle de Gaïa – reflète à merveille la folie qui caractérise notre propre espèce. Ou comment chercher d’autres formes de vie ailleurs tout en anéantissant la (peut-être) seule et unique qui existe réelle- ment, la vie terrestre, et en condamnant par la même occasion notre propre survie… Notre hérésie touche au sublime !

Pour bien prendre la mesure du carnage en cours, dont l’origine anthropique n’est plus à démontrer, le rappel des grandes étapes de la vie sur Terre est une précieuse clé de compréhension de l’aspect pour le moins mortifère de l’empreinte humaine. Pendant le premier milliard d’années de son existence, la Terre n’abritait pas la moindre vie. Celle-ci est apparue il y a environ 3,5 milliards d’années sous une forme unicellulaire et pendant 3 milliards d’années, elle n’a existé qu’à l’état de micro bactéries et de micro algues. L’explosion de la vie dans toute son infinie diversité s’est produit il y a 500 millions d’années. Depuis, la vie sur Terre a connu de violentes perturbations, les 5 premières extinctions de masse. Déclenchées par l’explosion d’une étoile lointaine, de violentes éruptions volcaniques ou la collision de la Terre avec un ou plusieurs astéroïdes, leur origine était ex- terne et non « maîtrisable ». Cette fois-ci, c’est bien différent puisque le responsable de la 6ème extinction massive en cours – sans doute la plus rapide (180 ans à peine depuis la Révolution industrielle qui a débuté en 1840) et potentiellement la plus délétère – est l’un des membres de la grande famille du vivant, une espèce animale habitant la Terre… Nous ! Si l’histoire de Gaïa était ramenée à une journée, les humains apparaitraient 5 secondes avant minuit et l’anthropocène s’étendrait sur les 2 ultimes millièmes de secondes… 2 millièmes de seconde sur 24h ou plutôt 180 ans sur 4,5 milliards d’années…

180 vs 4 500 000 000 !

Quelle honte ! Comment avons-nous pu, sur une période aussi courte, infime, ridicule, dézinguer à ce point notre maison ?

« Comme nous l’avons longtemps pensé, les hommes ne sont pas le chef-d’œuvre de la création, nous ne sommes pas le but de l’évolution. Nous devons absolument retrouver une certaine humilité et repenser notre place dans la nature, prendre conscience de la totale interdépendance de tous les êtres vivants avec qui nous devons être en relation, intégrer notre vie à celle du monde animal et arrêter de considérer la Terre comme notre propriété. Il faut croire qu’un avenir est encore possible. » Hubert Reeves, astrophysicien – La Terre vue du cœur – un film de Iolande Cadrin- Rossignol et un livre aux éditions Seuil, 2019

Comme le dit si justement Hubert Reeves « les hommes ne sont pas le chef-d’œuvre de la création, nous ne sommes pas le but de l’évolution », Charles Darwin a démontré dans sa célèbre théorie de l’évolution que la sélection naturelle n’avait pas de sens pré- défini, d’objectif prédéterminé, qu’elle est le fruit de nombreux aléas. Elle se contrefout de la destinée de l’espèce humaine. Il eut suffit d’un tout petit changement dans le cours des événements pour que jamais aucun hominidé ne foule le sol de la Terre. Et il est tout à fait possible que d’autres espèces plus « évoluées » encore nous succèdent un jour. N’oublions pas non plus que lors de chaque extinction de masse, c’est généralement les espèces les plus adaptées aux conditions antérieures qui le sont le moins aux nouvelles et qui donc disparaissent comme ce fut le cas lors de l’extinction des dinosaures. D’ailleurs, la question de ce que l’on entend par « évoluée » se pose clairement. Si cette dimension est synonyme de suicide collectif, alors oui, l’espèce humaine n’a pas de concurrent. Si en revanche, cette dimension « évoluée » devait signifier « consciente » et donc respectueuse des délicats équilibres inhérents à la vie sur Terre, alors là, notre espèce est sans aucun doute la moins évoluée de toutes !


Biocentrisme, un nouveau regard sur la vie !

« Gaïa, la Terre est vivante. Depuis plus de 4 milliards d’années, elle a fait évoluer la vie dans toute sa diversité. La Terre crée les conditions pour que la diversité du vivant émerge, évolue et soit maintenue et régénérée à travers des processus écologiques au- to-organisés et complexes. Chaque partie de la terre est vivante – du plus petit microbe au plus gros des mammifères. Le sol, la semence, les plantes sont vivants et créent les conditions nécessaires pour que la vie s’épanouisse.
La Nature a créé du charbon et du pétrole en fossilisant le carbone de plantes et d’autres organismes vivants il y a plus de 600 millions d’années.
La croyance en une « planète morte » a déclenché des processus qui deviennent une menace réelle pour la vie sur Terre. La croyance en une planète morte a aussi conduit à l’illusion que nous sommes déconnectés de la Terre et de ses proces- sus vivants. Nous avons construit une vision du monde anthropocentrique de la suprématie humaine, affirmant que nous sommes supérieurs aux autres formes de vie et que nous pouvons être maîtres et possesseurs du vivant.
Au cours des deux siècles d’industrialisme fondé sur les énergies fossiles, nous avons commencé à présumer à tort que la Terre était morte, un simple stock de matières premières industrielles inertes destiné à être exploité et rejeté sous la forme de déchets et de pollution. Nous avons oublié la Vie et le Vivant.
La vision d’un monde fossilisé est mécaniste. La vision d’un monde mécanique est statique, non dynamique, non interac- tive, séparatrice, elle fragmente et divise. Elle s’isole elle-même d’une réalité vivante et vécue, crée des constructions artificielles et abstraites qui sont déconnectées de la réalité, et nomme de façon arrogante ces constructions abstraites : « connaissance objective » et vérité absolue.
» Vandana Shiva – La Terre vivante, la Semence vivante, le Sol vivant – Livre-journal Vivant édité par La Relève et La Peste – 2019

Oui, notre si belle maison est bel et bien vivante ! Et tous les êtres qui la peuplent – espèces animales, essences végétales, montagnes, rivières, lacs et mers – sont vivant·e·s eux aussi.

Le biocentrisme est un nouveau regard, un prisme qui donne le rôle central au vivant appréhendé dans son ensemble – une conception assez proche de ce que nos lointains ancêtres et les peuples premiers appellent le « Grand Tout » – et qui remet l’humain à sa juste place, celle d’un simple membre du règne animal, sans aucune position hiérarchique par rapport aux autres espèces. Si l’écologie est l’étude des relations des systèmes vivants avec leur milieu, elle peut parfaitement rester purement philosophique et donc superficielle. Ressenti vécu de notre appartenance à la grande toile de la Vie, l’écologie profonde («deep ecology») imaginée par le philosophe norvégien Arne Naess, « restitue à tous les êtres vivants et à la nature une valeur intrinsèque, indépendamment de leur utilité pour les êtres humains1. Naess montre que l’affection pour tout ce qui est vivant » ou « écosophie » est « au cœur du développement personnel, de la formation de l’indentité sociale… et d’une société plus juste* ».

Vous connaissez sans doute le célèbre slogan qui serait né sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes : « Nous ne défendons pas la nature, nous sommes la nature qui se défend ». Pour lui faire écho, je propose un nouveau cri de ralliement en préférant le vivant au concept très anthropocentré de « nature » : « En protégeant le vivant, nous nous protégeons car nous en faisons partie ! ».

Pour ressentir au plus profond de notre chair, de notre cœur, de notre être, de notre âme, ce lien étroit qui nous relie à l’ensemble des membres de la grande famille du vivant, rien de tel que cette expérience formidablement puissante et extraordinairement enrichissante que j’ai eu l’immense privilège de vivre début juillet 2021 à l’Écodomaine Le Bois du Barde situé à Mellionnec en Centre Bretagne. J’ai pu goûter au vibrant Travail qui relie (The Work that Reconnects) conçu par Joanna Macy. Docteur en philosophie, spécialiste du Bouddhisme, de la théorie générale des systèmes, fondatrice de l’Éco-philosophie et de l’Éco-psychologie, cette militante écologiste américaine a développé dans les années 1980 une pédagogie singulière dont l’ambition est de provoquer une transformation personnelle et sociale pour trouver en nous-mêmes notre propre écologie profonde. Pendant 5 jours, Claire Carré, co-fondatrice de l’association Roseaux Dansants et Laure Bressan nous ont proposé un incroyable voyage hors de l’espace-temps au cœur de la grande toile du vivant.
Directement formée par Joanna Macy en 1994 au Schumacher College dans le Devon, Claire Carré a même été son assistante pour les ateliers dirigés par Joanna Macy en Angleterre et en Allemagne. Voici comment Claire présente la philosophie de cette méthodologie sur le site web de Roseaux Dansants : « Son travail aide les personnes à transformer le désespoir et l’apathie, face à l’énormité de la crise écologique et sociale, en action constructive et collaborative. Ce travail nous révèle une nouvelle vision du monde, comme d’un immense corps vivant dont nous faisons partie, nous libérant ainsi des préjugés et des attitudes qui menacent la continuité de la vie sur Terre.
[…] L’expérience de notre écologie profonde nous réveille à notre amour pour la Terre. Malgré nos paradoxes, nous souhaitons mener une vie plus harmonieuse. Le désir de survie de la Terre agit à travers nous : nos souhaits les plus profonds s’alignent sur ce désir. […] Joanna Macy évoque The Great Turning, le Changement de Cap. Nos descendants considéreront certainement cette époque-ci comme une époque charnière. S’ils sont bien là, c’est parce qu’une minorité de leurs ancêtres auront mené une révolution écologique : à partir d’une société de croissance industrielle, ils auront mis le cap sur une société qui soutient la Vie. Une société de justice sociale, qui ne produit pas de déchets que la Terre est incapable de digérer, une société pérenne. Ce changement de cap impose trois conditions : la défense de la Vie, la création de structures alternatives, le changement de conscience. Cette métamorphose se réalise ensemble, pour le Vivant, pour l’émergence d’une conscience écologique et collective.
[…] Le Travail qui Relie est une pédagogie holistique de groupe qui permet à l’être humain de prendre sa juste place sur Terre. En puisant à la source de la vie, il y retrouve ses racines et son ap- partenance, il ouvre le champ des ressources spirituelles et psy- chologiques dont il a besoin pour faire face à la situation plané- taire actuelle. Ces ateliers proposent différentes pratiques pour transformer notre inquiétude justifiée en engagement créatif.
De caractère expérientiel, cette pratique d’émergence de notre éco-conscience fait appel à toutes les dimensions de l’être hu-main : mentale, émotionnelle, physique, spirituelle, ainsi qu’à sa capacité d’action sur le monde. »

Une telle approche résonnait déjà profondément en moi avant ce stage, et cette expérience – partagée avec enthousiasme par Pablo Servigne dans ses livres – m’avait été vivement recommandée tant par Anne-Laure Nicolas, co-fondatrice du Bois du Barde, que par Laure Nouhalat. J’étais donc préparé et très excité. Et pourtant j’étais encore loin d’imaginer à quel point ce voyage allait me bouleverser. Ces 5 journées furent un cocktail détonnant de partage, de communion, de confiance et d’écoute entre écolo et collapso-éveillé·e·s transporté·e·s par la dynamique irrésistible d’une spirale en 4 étapes clés : 1. S’enraciner dans la gratitude (pour le vivant dans son ensemble) ; 2. Honorer notre souffrance pour le monde (expression de nos émotions profondes : tristesse, colère, indignation, détresse, vide, angoisse) ; 3. Porter un nouveau regard (changement de perception, de vision) et 4. Aller de l’avant (mise en mouvement, passage à l’action).

« Cette spirale offre un voyage initiatique qui augmente notre aptitude à agir pour l’amour de la vie sur la Terre. » Joanna Macy

Je pourrai aisément consacrer un livre entier à ce voyage tant il fut délicieux et gracieux, puissant et envoûtant, poignant et énergisant. Nous avons exploré le vivant via nos différents sens, chanté et dansé au rythme de musiques sacrées, appris à déambuler comme des éléphants, partagé nos réflexions introspectives, exprimé librement nos émotions très vives, écouté nos ancêtres ou parlé à nos descendant·e·s, rencontré et dialogué avec d’autres êtres – animaux, arbres, ruisseaux… – dans la forêt. Le tout en profitant des riches enseignements de sagesses anciennes (tibétaine, amérindienne, celte, aborigène…). Quelle immense joie ! Gratitude infinie à Claire, Laure, mes ami·e·s Amaya et Benoît et tou·te·s les autres guerrières et guerriers de Shambhala avec lesquel·le·s nous sommes désormais relié·e·s.**

Seul·e·s l’écologie profonde, et le biocentrisme – qui en découle tout naturellement – permettent de bien appréhender la racine de nos problèmes – la destruction du vivant – et donc la nécessité vitale de changer De système pour faire émerger une société nouvelle respectueuse de la vie. Prisme, racine et méthode, voilà bien trois différences essentielles entre les deux écologies de ma fable, « La Rebelle » et « La Naïve ». Cette dernière, uniquement extérieure, purement superficielle et totalement artificielle car souvent exclusivement urbaine/métropolitaine, entretient – en confondant cause et conséquence – l’idée fausse que le réchauffement climatique est l’urgence absolue. Et pour y répondre, elle imagine des solutions anthropocentrées (énergies « propres », croissance « verte », développement « durable ») qui ne remettent pas réellement en question notre petit confort. Enfin, elle croit encore qu’il est possible de changer le Système dominant actuel. Climato-addict, cette écologie militante et/ou politique mainstream est définitivement bien naïve…

La dimension antispéciste du biocentrisme est aujourd’hui légitimée par la recherche scientifique – notamment neurobiologique – comme le souligne Jean-Marc Gancille :
« Au vu des découvertes sur l’intelligence et les émotions animales, nous n’avons plus aucune excuse pour continuer à les traiter comme nous le faisons. Si, comme les neurobiologistes l’affirment, les animaux sont conscients, éprouvent des sentiments, élaborent des idées, comment l’homme peut-il continuer à les traiter comme des objets, à s’en servir comme des jouets ou des souffre-douleurs, à les exploiter, à les enfermer, les martyriser, les maltraiter, les abattre ? Alors que la science découvre sans cesse de nouvelles informations sur la capacité des bêtes à ressentir, éprouver et penser, il est temps pour l’homme de réfléchir à la façon dont il pourrait être utile aux animaux plutôt qu’à la façon dont ceux-ci peuvent lui servir. »

Selon le militant animaliste, le carnage découlant de notre anthropocentrisme n’a plus une seule justification valable. Il est :
1. « Tragique » : les impacts sont immenses sur la richesse de la biodiversité, la complexité des écosystèmes et l’interdépendance du vivant,
2. « Injuste » : intelligence, capacités mentales de haut niveau, sentiments et émotions des animaux sont aujourd’hui prouvées scientifiquement, notre supériorité présumée a du plomb dans l’aile,
3. « Immoral » : chaque être vivant dispose d’un droit équivalent à la vie,
4. « Inconscient » : invisibilisation de la violence animale, propagande publicitaire, puissance des traditions, formatage des esprits, diabolisation des vegans et greenwashing opportuniste « permettent à la matrice spéciste de notre société de perdurer »,
5. « Absurde » : nos actions menacent des espèces dont l’existence même est indispensable à notre propre survie.

Pour en finir avec l’anthropocentrisme, il annonce clairement la couleur… « L’urgence vitale impose des ruptures radicales » :
• Reconnaître aux animaux un droit de vivre inaliénable
• Ne plus manger ni viande, ni poisson
• Développer l’agriculture végétalienne
• Abolir l’élevage et la pêche
• Réconcilier écologie et animalisme
• Interdire la chasse
• Fermer les zoos et les aquariums
• Limiter les interactions avec les animaux sauvages
• Réensauvager le monde

Comme vous pouvez vous en douter, de telles décisions ne risquent pas d’être prise par le Système dominant actuel… Elles ne peuvent l’être que dans le cadre d’un changement De système, de l’émergence d’une nouvelle société respectueuse du vivant.


De l’ego destructeur à la source de l’Être !

« En tant que dysfonctionnement collectif, la résistance au présent est intrinsèquement reliée à notre perte de conscience de l’Être, et c’est elle qui constitue le fondement de notre civilisation industrielle déshumanisée. À propos, Freud a lui aussi reconnu l’existence de ce malaise sous-jacent et en a parlé dans son livre Malaise dans la civilisation, sans toutefois en reconnaître la racine véritable ni réaliser qu’il était possible de s’en libérer. Ce dysfonctionnement collectif a engendré une civilisation très tourmentée et extraordinairement violente qui est devenue une menace non seulement pour elle-même, mais aussi pour toute vie sur la planète. »

Dans son cultissime livre Le pouvoir du moment présent, Eckhart Tolle stigmatise notre travers le plus pervers, celui de nous identifier à notre mental. Le fruit de la pensée incessante, est notre ego, ce « moi malheureux » ou ce « moi fantôme », « plein de peur profonde ». Pour l’écrivain canadien, la clé est de nous délivrer de cet « esclavage mental » pour atteindre ou retrouver « un état de plénitude » , d’« unité avec le Tout », de paix, de « calme intérieur »… « l’Être », le « véritable moi », notre pleine « conscience dans son état vierge » !

Seule « la conscience pure », le fait d’« être totalement présent » permet d’atteindre le « vide mental », l’absence d’ego, la source. Fondant sa philosophie sur la célèbre formule « Cogito, ergo sum » (« Je pense, donc je suis »), René Descartes assimilait l’Être à la pensée là où justement Eckhart Tolle envisage l’atteinte de la pleine conscience en l’absence de pensée parasitante ! Il appréhende la pensée, à l’origine même de l’ego, comme un « incessant bruit mental » qui éloigne de l’Être.

« Le philosophe français Descartes a cru avoir découvert la vérité la plus fondamentale quand il fit sa célèbre déclaration : « je pense, donc je suis. » Il venait en fait de formuler l’erreur la plus fondamentale, celle d’assimiler la pensée à l’Être et l’identité à la pensée. Le penseur compulsif, c’est-à-dire presque tout un chacun, vit dans un état d’apparente division, dans un monde déraisonnablement complexe où foisonnent perpétuellement problèmes et conflits, un monde qui reflète l’incessante fragmentation du mental. L’illumination est un état de plénitude, d’unité avec le Tout et donc de paix. C’est un état d’unité avec la vie sous sa forme manifeste, soit le monde, et avec la vie sous sa forme non manifeste, c’est à dire votre moi. Un état d’unité avec l’Être. L’illumination est non seulement la fin de la souffrance et du perpétuel conflit en soi ou avec le monde extérieur, mais aussi d’un épouvantable esclavage, celui de l’incessante pensée. C’est une incroyable libération ! »

L’ego nous joue des tours en nous gardant captif·ive, prisonnier·ière de notre passé ou en nous projetant de manière aussi compulsive qu’angoissante dans l’avenir. En nous manipulant, en prenant possession de nous, l’ego nous fait passer à côté de l’es- sentiel – le seul et unique moment qui existe vraiment – le présent.

« Rien ne s’est jamais produit dans le passé : cela s’est produit dans le présent. Rien ne se produira jamais dans le futur : cela se produira dans le présent. » Eckhart Tolle – Le pouvoir du moment présent. Guide d’éveil spirituel – Ariane – 2000

Épicurien, ma devise préférée depuis ma tendre enfance a toujours été « Carpe Diem » (« Cueille le jour présent sans te soucier du lendemain »). Si je suis encore très loin de l’éveil, de l’illumination dépeinte par Eckhart Tolle, j’ai la chance de profiter pleinement de l’instant présent, ici et maintenant, et d’avoir la faculté de me plonger régulièrement dans ce délicieux vide mental si précieux. Pourtant, je n’ai découvert cette brillante leçon de sagesse qu’il y a quelques mois. Lors de mon expérience de la vie collective au sein du premier écovillage du projet 0.6 Planet dans le Périgord Vert, 4 des habitant·e·s étaient en train de lire Le pouvoir du moment présent… Du coup, lorsque j’ai connu mon premier passage à vide fin mai 2021, sa lecture s’est tout naturellement imposée à moi ou plutôt ce puissant message m’a appelé ! Parallèlement au Yoga et à la méditation que j’ai alors recommencé à pratiquer chaque jour, me plonger dans ce livre faisait partie de mes rituels quotidiens pour cultiver mon écologie intérieure. Ainsi, j’ai pu profiter de la traversée de cette épreuve pour gagner encore en sagesse, en humilité et en résilience. Si Le pouvoir du moment présent est considéré, à juste titre, comme un must du fameux « développement personnel », je ne m’attendais pas à y trouver une réflexion qui fasse écho à mes préoccupations sur la gravité de la situation écologique actuelle. Et pourtant ! S’il est logique de voir dans l’ego, une prison psychologique qui nous éloigne de la pleine conscience, de l’instant présent et donc de notre vie, il est tout aussi évident que cette assimilation au mental soit à l’origine de notre grande entreprise collective de destruction massive du vivant. Comment pourrions-nous anéantir les conditions même d’habitabilité de notre grande maison si nous étions pleinement conscient·e·s ? Écologie intérieure et écologie extérieure sont donc intimement liées.

« Quand le mental se met à régir tous les aspects de votre vie, y compris vos relations avec d’autres êtres humains et avec la nature, il devient un monstrueux parasite qui, si on ne le surveille pas, peut bien finir par éliminer toute vie sur cette planète et lui-même par la même occasion en tuant son hôte.
[…] Une chose est certaine : vous êtes en train de résister à ce qui est et de faire du moment présent un ennemi. Vous êtes en voie de créer votre tourment, un conflit entre l’intérieur et l’extérieur. Vous souillez non seulement votre propre être intérieur et celui de vos proches, mais aussi la psyché humaine collective dont vous êtes indissociable. La pollution de la planète n’est qu’un reflet extérieur d’une pollution psychique intérieure, celle de millions d’individus inconscients qui ne prennent pas la responsabilité de leur vie intérieure.
[…] Êtes-vous en train de polluer le monde ou de ramasser les pots cassés ? Vous êtes le seul et unique responsable de votre vie intérieure et vous êtes aussi responsable de la planète. Il en va de l’extérieur comme de l’intérieur. Si les humains se débarassent de leur pollution intérieure, ils cesseront également de polluer le monde.
[…] Comment est-il possible que les humains aient tué plus de cent millions de leurs semblables au XXème siècle seulement ? Le fait que des humains se soient infligés mutuellement une souffrance d’une telle ampleur dépasse tout ce qu’on peut imaginer. Et c’est sans tenir compte de la violence mentale, émo-tionnelle et physique, de la torture, de la douleur et de la cruauté qu’ils continuent chaque jour de faire subir à leurs pairs et à d’autres êtres vivants.
Agissent-ils ainsi parce qu’ils sont en contact avec leur état naturel de bien-être ou leur joie de vivre. Bien sûr que non. Seuls des gens qui se trouvent dans un profond état négatif, qui se sentent vraiment très mal, peuvent créer une telle réalité et ainsi refléter leur état intérieur. Ils sont maintenant affairés à détruire la nature et la planète qui les sustentent. Incroyable mais vrai. Les humains constituent une espèce dangereusement désaxée et très malade. Ceci n’est pas un jugement mais un fait. Autre fait : l’équilibre mental se trouve vraiment là, derrière la folie. La guérison et la rédemption sont à notre disposition à tout instant.
»

Le diable se cache dans l’obscurité de notre ego en nous aveuglant. Et c’est ainsi que le Système dominant nous endort, nous anesthésie, nous asservit en nous promettant l’impossible : atteindre le bonheur en accumulant petits plaisirs et biens matériels. Or, l’avoir éloigne de l’être ! L’avoir fait briller l’ego qui se nourrit de nos possessions (richesse, statut social, diplôme, carrière, confort matériel…). Soignant nos apparences, nous sommes le plus souvent obnubilé·e·s par le regard que les autres portent sur nous. Seules l’humilité et la frugalité peuvent concourir à nous éveiller, à prendre soin de notre plus précieux cadeau… la vie, la nôtre et celle de tous les habitants de la Terre !

« L’industrie publicitaire entière et la société de consommation s’écrouleraient si tous les gens étaient « éveillés » et ne cherchaient plus leur identité dans les objets. Plus vous cherchez le bonheur de cette manière, plus il vous échappera. Rien dans ce monde-ci ne vous satisfera, si ce n’est de façon temporaire et superficielle. Mais il vous faudra peut-être connaître de nombreuses déceptions avant de prendre conscience de cela. Les objets et les circonstances peuvent certes vous procurer du plaisir, mais sûrement pas de la joie. En fait, il n’y a rien qui puisse vous donner un tel sentiment. La joie n’est provoquée par rien, car elle émane de l’intérieur comme étant la joie de l’Être. Elle fait fondamentalement partie de l’état de paix intérieure que l’on qualifie de paix divine. C’est votre état naturel inné et non pas quelque chose qu’il vous faut atteindre en jouant des coudes ou en vous démenant. »

Cet article est directement issu de mon livre Écrivons ensemble un nouveau récit pour sauver la vie ! que vous pouvez commander ici.

* : Citations issues du texte de présentation du livre Une écosophie pour la vie. Introduction à l’écologie profonde, compilation de 10 textes d’Arne Naess.

** : Pour en savoir plus sur le Travail qui relie, vous pouvez consulter le site web www.roseaux-dansants.org et/ou vous procurer le livre L’espérance en mouvement de Joanna Macy et Chris Johnstone, traduit en français par l’association Roseaux Dansants.

Crédit photo image principale : illustration de la home page du site web https://workthatreconnects.org/

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