Entre décembre 2018 (attentats à Strasbourg) et août 2020 (après 3 hospitalisations avant et pendant le Covid), j’aurais pu mourir plusieurs fois. Les images qui accompagnent ce bout de texte ont été prises au film 35mmm sur un vieux réflex Nikon, sur cette même période. C’est un témoignage libérateur et indispensable.
Si certains se targuent d’être dans le camp du « bien », c’est qu’il y aurait un camp du « mal ». Vision binaire du monde.
Si certains pensent que nous pouvons, collectivement, « faire mieux », c’est que certains s’y prennent encore « très mal ». Peu de chances qu’ils changent.
Construire un autre futur que celui qu’ils nous promettent. Maintenant.
En chacun de nous dorment de petites « solutions » individuelles, pour faire mieux, sans que le système qui fait monde, qui fait Etat, nation, localité s’améliore, lui. C’est un peu comme écoper dans une embarcation qui prend l’eau. Que ce soit un kayak ou un Titanic, l’image reste la même. Seul on écope son kayak. A plusieurs milliers, à un Archipel, on arrive à écoper quelques heures, journées, dans un Titanic.
Il s’agit de savoir à combien du bord se trouve l’embarcation et s’il y a une cascade au bout, si l’on est pris dans un torrent.
Changer LE système ? Changer DE système ? Nous changer nous-mêmes ?
Commencer par ce qui peut l’être. Avancer et parfois reculer, dans l’amélioration de ces petits comportements individuels. Viser la sobriété, le moins de nuisances, trajets et de déchets possibles. Certains changent tout rapidement, certains changent au fur et à mesure.
Certains ne changeront jamais. Breum ! « L’essence coule dans mes veines »…
Après moi, le déluge.
Ce texte est la preuve d’une volonté de changement qui ne soit pas QUE individuel. La plupart de ces clichés ont été pris « à pieds ». À pied, on traverse les paysages et on a le temps de les immortaliser. Ainsi, le photographe laisse-t-il le décor dessiner, illustrer ce qu’il voit ? Une trace de sa civilisation, de ses monocultures, de ses engins qui roulent et dérèglent le climat.
La difficulté réside dans la découverte d’un groupe, ou la constitution d’un groupe, qui reste fidèle à ses principes fondateurs et qui met en application ses principes, plutôt UN principe, où ce qui est bon pour le groupe, l’est pour l’individu. Ne pas avoir à se retrouver seul, dans les difficultés, les adversités. Pouvoir compter sur son groupe, sur un groupe. Peu importe sa taille. Et accepter les différences au sein du groupe, accepter les critiques, accepter le rejet, accepter les individus brisés, autant que les « vainqueurs ». Accepter que certains, parfois, sans le dire ou le faire remarquer, prennent sur eux, pour ne pas impacter le groupe.
Certains se taisent et attendent qu’une tempête passe, en silence. Le photographe est souvent absent de l’histoire…
Grâce à la famille écologiste, même à ses pires représentants, je ne me suis pas foutu en l’air jusqu’à maintenant. Je n’ai pas laissé le terrorisme me tuer, ni mes démons profonds, ni les galères de la vie m’emporter. Avaler un flacon très vite avec de l’alcool ou sauter d’une falaise pour en finir, chercher les avalanches par risque 4 ou 5 au fond d’un vallon, seul par gros temps neigeux ou bien rouler à fond dans la nuit à moto, sans casque, pour sécher des larmes qui coulent sans s’arrêter.
Mieux vaut rouler des heures pour rejoindre deux copains au fond d’une vallée à Leysin et camper avec de la musique tout un weekend mes khouyas. Être malade, ça se soigne parfois.
La grande famille des humains m’a aidé à tenir. Khouya, khouyas خويا. Malgré le mensonge que cette civilisation refuse de dire khouya : elle se meurt lentement d’un cancer alors qu’elle sait comment l’arrêter. « Docteur, j’ai réduit ma conso de clopes, vous voyez ? J’ai mis des ultra-filtres éco-bio végan décarbonés sur mes roulées au tabac, bio local et raisonné, mes feuilles recyclées en chanvre sont en taille XXS. »
Je dois encore écrire et dire trop de choses pour pouvoir partir l’esprit léger, le cœur tranquille. Je souhaite affronter, décortiquer ce mensonge civilisationnel, car je ne peux pas, moi, le fuir ou nier sa vérité, sa présence. Son impact. Sa violence. Documenter sa présence à travers mes pieds, mes yeux, mes larmes et mes soupirs. Je dois avouer que je n’ai parfois pas eu le courage de fuir, par peur de provoquer une brisure chez l’autre, tout en creusant la mienne.
Glouglouglou, soif de pétrole…
Miam miam miam…
Clic clic clic…
Pan !
(YOLO Szoltan ! Avatar final d’une expérience sociale de 15 ans sur les réseaux débilos)
Si un jour je pars sans prévenir, c’est car je n’ai plus supporté cette douleur qui me poigne au fond, qui est immense, indescriptible et sournoise.
Je n’oublie pas de vous dire à tous, amis, humains, famille. Planète. Vivants.
Que je vous aime les khouyas et que malgré toutes les peines, ce fut un vrai plaisir de vous connaître, de vous entendre, de vous lire, de rire, dormir, chanter ou danser ensemble. Manger, œuvrer, rêver, cultiver un monde meilleur. Au moins en théorie…
Alors qu’on nous incite à faire le contraire, nombre sont encore ceux qui se battent pour amortir le pire, éviter le pire, contourner le pire. Le pire, c’est d’entendre que des jeunes, des agriculteurs se suicident, que des flics, des profs, des forestiers, des médecins, des humains (…) se suicident.
Putain de monde d’avant. Fichu monde d’après. Turfu.
Arriver, presque, à les comprendre, les suicidaires, quand une souffrance est telle, que l’on peut sentir celle des autres à des kilomètres, qu’on refuse de penser le monde en ennemis / amis, qu’on en arrive à pleurer pour autrui même si on ne l’aime pas.
Qu’on en arrive à pleurer pour soi-même.
Dans un élan de larmes infini qui consume un aprème, dans une tristesse infinie d’une saison de peines.
Le pire dans tout cela, et d’encore continuer à se faire la guerre, s’envier, se détruire entre humains, entre vivants.
Autant cultiver un jardin sans intrants.
C’est le lit de ce mensonge civilisationnel. Tuer le vivant, l’exploiter, l’étouffer, c’est se pousser lentement au suicide, il est normal que les plus sensibles étouffent et sentent le vivant mourir.
Sans le vivant, sans la vie : l’humain n’est qu’un virus. Qui va confiner l’humain longtemps afin qu’il cesse de nuire ?
Sans doute que s’en sortir, commence déjà par vouloir vivre, quoi qu’il arrive. Refuser de démissionner de sa propre vie relève parfois du miracle…
Merci à tous pour vos combats, vos idées, vos engagements, vos mots, vos soutiens, votre espoir. C’est de ne pas être complètement seul dans ce mensonge, d’avoir rejoint des camarades de lutte, d’en trouver partout de nouveaux, d’avoir eu des soutiens (moral, financier ou matériel, philosophique…) qui ont aidé. Peu importe ce que l’avenir me réserve, nous réserve.
Visez mieux la prochaine fois, adversaires. Détracteurs. Les organes vitaux sont encore intacts.
Paix et amour les frères (khouyas خويا)
Je déteste ce mensonge civilisationnel.
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